Christian Briem
Traduit de l’allemand « Antworten auf Fragen zu biblischen Themen » = Réponses à des questions sur des thèmes bibliques, édité par Christliche Schriftenverbreitung, Hückeswagen, 2005. ISBN 3-89287-088-8
Table des matières :
1 - Fraction du pain en vacances
2 - Communion du sang et du corps du Christ — 1 Cor. 10:16
4 - La Nouvelle Alliance — 1 Corinthiens 11:25
Questions et réponses, p. 80
Si plusieurs frères et sœurs sont en vacances dans une région où il n’y a pas de rassemblement au nom du Seigneur, ne serait-il pas possible de se réunir en un endroit convenu, pour y rompre le pain ensemble ?
La réunion pour la fraction du pain est la réunion centrale d’une assemblée locale. On ne peut pas, sans autre, la détacher du lieu où l’assemblée se trouve, ni de la localité où l’assemblée se réunit régulièrement, et la transplanter ailleurs — pas même partiellement ou temporairement. Nous ne trouvons cela nulle part dans le Nouveau Testament. Naturellement des circonstances particulières peuvent rendre nécessaire de déplacer les réunions en un autre lieu. Mais c’est autre chose, qui n’a rien à voir avec la question posée.
D’une manière générale, la Parole de Dieu ne connaît pas
d’assemblées « itinérantes ». La représentation de l’Assemblée de Dieu sur la terre est liée à un lieu
.
C’est ainsi que le Seigneur Jésus dit : « là où
deux ou trois
sont assemblés en mon nom… » (Matt. 18:20). Il détermine par là non
seulement un principe, mais aussi et certainement un lieu. Quand l’apôtre Paul
écrivait par exemple sa première épître aux Corinthiens, il l’adresse « à
l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe
» (1 Cor. 1:1-2). Il est
parlé aussi à plusieurs reprises de « l’assemblée qui se réunit dans leur
(sa, ta) maison » (Rom. 16:5 ; 1 Cor. 16:19 ; Col. 4:15 ;
Philémon 2). Gaïus était « l’hôte de toute
l’assemblée » (Rom. 16:23). De tels frères et sœurs ont hébergé
l’assemblée chez eux et lui ont permis de tenir ses réunions dans leurs
maisons.
L’assemblée locale se compose
de tous les enfants de Dieu
en ce lieu. Ainsi les croyants de Corinthe étaient le « corps de
Christ » à Corinthe, et ses membres chacun en particulier (1 Cor. 12:27).
Toutefois c’est par les réunions en ce lieu que l’assemblée devient visible
:
« Si donc l’assemblée tout entière se réunit ensemble en un même
lieu » (1 Cor. 14:23 ; voir note de la version JND).
Notons bien les expressions « l’Assemblée tout
entière
» et « en un
même lieu ». Dieu voit toujours
l’assemblée toute entière
en un
lieu unique ; Il n’envisage
pas des parties d’assemblée en plusieurs endroits, même pas quand il existe
côte à côte plusieurs rassemblements en un lieu, par exemple à cause de la
distance. Nous devrions absolument faire nôtre cette manière de voir. Dans nos
jours caractérisés par une grande mobilité et par l’inconstance, nous serions
gardés par là de chercher des solutions de remplacement.
Quand l’apôtre Paul arriva à Tyr au cours de son voyage vers Jérusalem, il rendit visite aux disciples du lieu ; car il est dit : « et ayant trouvé les disciples… » (Actes 21:4). Précédemment il avait rompu le pain avec les croyants en Troade (Actes 20:7). En aucun cas, l’apôtre et ses compagnons n’ont rompu le pain où que ce soit, indépendamment des assemblées locales existantes.
Si aujourd’hui des croyants d’une assemblée ou de plusieurs assemblées se rencontrent en un lieu de vacances, ils ont naturellement la liberté de lire ensemble la Parole de Dieu et de ployer les genoux. Ce sera certainement béni par le Seigneur. Mais ce n’est pas une réunion « en assemblée » (ou : « comme assemblée »), c’est-à-dire « ayant le caractère d’assemblée » (1 Cor. 11:18) ; ce n’est pas se réunir au nom du Seigneur Jésus (Matt. 18:20). Il s’agit plutôt d’une réunion purement privée. Cela ressort déjà du seul fait que les frères et sœurs ainsi rassemblés ne pourraient exercer aucune discipline ecclésiastique, ni en « liant » ni en « déliant » (Matt. 18:18). L’exigence d’« ôter le méchant du milieu de vous-mêmes » (1 Cor. 5:13) ne s’adresse qu’à des assemblées locales en tant que telles, car le fait d’« ôter » implique la privation de la communion pratique à la table du Seigneur, mesure qui ne peut être prise que par une assemblée.
Nous voyons donc que ce qui est souvent prôné comme une expression de la liberté chrétienne, n’est rien d’autre que de l’indépendance.
Questions et réponses, p. 177
Ma question concerne 1 Corinthiens 10:16. Tandis que certains
commentateurs parlent de la communion avec
le sang et le corps du
Christ, un autre pense que l’expression « communion du sang du
Christ » ne signifie pas, sans autre, que nous ayons communion avec
le sang du Christ, même si c’est ainsi qu’on peut traduire. L’accent est mis
sur le fait qu’il s’agit de la communion avec Christ
sur la base
du sang.
Cette explication me parait tout à fait claire ; mais j’ai
quand même des difficultés à trouver une explication correspondante pour la
partie analogue du verset 16b : que peut bien signifier une communion sur
la base du corps physique du Christ, dont il est bien pourtant question dans le
verset 16 ? Que signifie d’autre part avoir la communion avec
le
sang physique et le corps physique du Christ ? Je trouve cela bien
abstrait.
Les deux expressions « la communion du sang du Christ » et « la communion du corps du Christ » sont une traduction littérale du texte grec. Elles peuvent effectivement être interprétées dans les deux sens indiqués ci-dessus. C’est la cohérence du texte et de la pensée qui est absolument déterminante pour savoir le sens à attribuer à ces expressions selon l’intention du Saint Esprit. Il est évident qu’elles ne peuvent pas avoir à la fois les deux significations envisagées.
Ce qui aide à la compréhension correcte de ce passage, c’est le
fait que les deux expressions vont
évidemment ensemble
. On peut
difficilement interpréter l’une dans un sens, et l’autre dans un sens tout
autre. Il ressort clairement du contexte que les deux
notions aussi bien
celle du « sang » que celle du « corps » se rapportent à la mort
du Seigneur ; cela n’est
pas seulement vrai pour le « sang ».
Car au ch. 11:24, à propos de Son
corps, le Seigneur dit aussi : « qui est pour vous »,
c’est-à-dire qu’Il explique qu’Il
donnerait Son corps pour eux dans la mort. En Luc 22, il est dit aussi :
« Ceci est mon corps, qui est donné
pour vous » (Luc 22:19).
Il s’exprime de manière correspondante à propos de Son sang : « …qui
est versé pour vous » (Luc 22:20).
Ainsi, par le fait de boire à la coupe et de manger du pain,
nous exprimons une communion avec un Christ mort
— une communion qui,
pour nous, signifie la vie. De cette manière, nous « annonçons »
« la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Cor. 11:26). Par
la participation extérieure, nous nous faisons un intérieurement avec la mort
de Christ — nous reconnaissons qu’Il est mort pour
nous
.
Que ce soit la signification du passage de 1 Corinthiens 10, une
autre parole du Seigneur Jésus le souligne encore. Même si en Jean 6 il n’est
pas
question de la Cène, mais de l’identification [litt. :
se faire un] en principe du croyant, lors de sa conversion, avec la mort du
Seigneur, le Seigneur dit quand même aussi dans ce passage : « Celui
qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle » (Jean 6:54).
C’est un mode d’expression parallèle, semblable à celui de1 Corinthiens
10 : manger et boire sont regroupés pour exprimer une seule et même chose.
Remarquons enfin que la pensée de la communion dans le seul corps, de l’Assemblée, n’est présente qu’à partir du verset 17 dans 1 Corinthiens 10. On ne devrait pas l’introduire déjà à partir du verset 16.
Questions et réponses, p. 103
Les paroles du Seigneur en Luc 22:19 « faites ceci en mémoire de moi » sont-elles un commandement ou un désir du Seigneur ? S’il s’agissait d’un ordre, cela ne rendrait-il pas l’admission à la table du Seigneur grande ouverte ?
Lorsque le Seigneur prononça cette parole, Il était tout près de
Sa mort expiatoire : cela se passait « la nuit qu’Il
fut livré » (1 Cor. 11:23). Cela donne un caractère particulier à cette
parole, et il me semblerait difficile d’en parler comme d’un ordre. D’un autre
côté, je ne la décrirais pas non plus comme un simple désir du Seigneur. N’est-ce
pas plutôt Son testament
à Ses
disciples ? Il allait les quitter, Il allait à la mort pour eux, et ils
devaient se souvenir de Son amour. Un chrétien croyant pourrait-il se fermer à
ce désir de Son amour ?
Mais même si l’on prenait cette parole du Seigneur comme un ordre, on ne doit pas en tirer la conclusion que des enfants de Dieu vivant publiquement dans le péché ou associés à de fausses doctrines pourraient librement prendre leur place à la table du Seigneur. Ce qui est déterminant pour cette question, ce n’est pas de savoir si la Parole du Seigneur en Luc 22 est un ordre ou un désir : la lumière sur le sujet provient d’autres passages.
Le Seigneur parle à Ses disciples en supposant chez eux un état de cœur normal et sain. En général dans L’Écriture sainte, le point de départ est un état sain, et non pas d’emblée un état malade ou mauvais. Et la normale pour un enfant de Dieu croyant est de respecter et suivre le testament de son Sauveur, par amour pour Lui, et de faire ce qu’Il a dit. Cela ne peut pas se faire sans s’éprouver soi-même et sans se juger soi-même au préalable, selon ce que montre 1 Corinthiens 11. En principe cependant, tout enfant de Dieu a sa place à la table du Seigneur, et a le privilège d’y venir.
Mais il peut y avoir des choses — du péché non jugé ou de la
persistance dans l’erreur, par exemple — qui empêchent de participer à ce
privilège des croyants. Quelqu’un qui est nommé frère, peut être un fornicateur
ou un avare ou un ivrogne, etc. Que faut-il alors faire ?
« Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes » (1 Cor. 5:9-13). L’apôtre
Paul écrit cela aux mêmes croyants à Corinthe auxquels, ailleurs dans sa lettre,
il communique le testament du Seigneur et donne l’encouragement
individuel : « qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe »
(1 Cor. 11:28). Le privilège fondamental est une
chose, l’état pratique en est une autre
. Il est bon de bien distinguer ces deux choses, car cela
nous aidera à mieux comprendre les pensées de Dieu.
Questions et réponses p. 125
1 Corinthiens 11 répète les paroles que le Seigneur avait prononcées lors de l’institution de la Cène : « cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci, toutes les fois que vous la boirez, en mémoire de moi » (11:25). J’ai de la peine en rapport avec l’idée que la coupe de la Cène soit mise en relation avec la nouvelle alliance. Ceci ne porte-t-il pas atteinte à notre position comme chrétiens, et n’est-elle pas ainsi remise en question ?
Nous ne pouvons bien sûr pas dire que la position qui nous a été conférée par Dieu soit atteinte ou mise en question par ce que le Seigneur Jésus nous a demandé expréssément de faire. Le Seigneur ne nous fera jamais faire quelque chose de contraire à la volonté de Dieu, — cette volonté pour laquelle Il a Lui-même passé par la mort. Il faut donc chercher la réponse dans une autre direction.
Mais avant de chercher à donner cette réponse, je voudrais en profiter pour signaler un principe général. Il est toujours utile d’y faire attention quand des questions se soulèvent au cours de la lecture de la sainte Écriture. Je ne dis pas cela pour mettre le moins du monde sous un mauvais jour le lecteur qui a posé la question, mais pour aider en rapport avec nos propres questions.
Sans aucun doute il est bon qu’au cours de la lecture de la Parole de Dieu, des questions s’élèvent en nous. Cela montre que notre intérieur est vraiment occupé du sujet placé devant nous. Si au cours de la lecture absolument aucune question ne nous vient à l’esprit, nous devrions sûrement arriver à nous examiner pour savoir à quoi nous pensons réellement quand nous lisons la Parole. Se poser des questions est bon en principe. Mais si ces questions tendent à nourrir un doute quelconque sur Dieu et sur ce qu’Il fait, alors la réponse ne pourra jamais être trouvée dans la direction où vont nos pensées. Car Dieu ne se contredit jamais, et ne met jamais en doute ce que Lui-même opère. Sachant ceci, nous n’avons certes pas encore la réponse directe à nos questions, mais nous avons quand même une réponse partielle : Nous devons chercher dans une autre direction, et en outre notre cœur reste en paix et ne s’inquiète pas. C’est sans doute un grand gain, et la foi tirera toujours cette conclusion. Et si effectivement deux passages devaient paraître se contredire, la difficulté ne provient jamais de la Parole de Dieu, mais toujours de notre intelligence déficiente, ou de ce que certains détails ne nous sont pas connus.
Revenons maintenant à la question sur 1 Cor. 11. Le verset 25 ne
signifie pas que nous, chrétiens, sommes sous la nouvelle alliance au même sens
que le seront les deux maisons d’Israël et de Juda au temps de leur
restauration (Jér. 31:31 ; Héb.
8:8-10). Malgré tout, nous avons part aux bénédictions que contiendra
l’alliance fondée sur le sang de Christ. La bénédiction extraordinaire de la
nouvelle alliance sera le pardon [ou : rémission] des péchés
. Et en
accord avec cela, le Seigneur Jésus a dit : « Ceci est mon sang, le
sang de la nouvelle alliance qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés »
(Matt. 26:28). Nous possédons donc la rémission [ou : pardon] des péchés
sur la base du sang
de l’alliance, en sorte qu’il peut nous être
dit : « cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang
».
La mise en place et l’instauration de la nouvelle alliance avec le peuple
terrestre de Dieu est depuis toujours à venir, et elle est pour ainsi dire en
suspens. Car ce peuple n’a pas encore reçu son Messie, et il L’a rejeté après
comme avant. Mais entre temps, le sang de Christ forme déjà le fondement pour toutes
les bénédictions présentes et à venir du peuple céleste de Dieu, comme l’épître
aux Hébreux nous le montre avec beaucoup de détails. Nous chrétiens, nous avons
donc aussi part à la nouvelle alliance, non pas cependant selon la lettre, mais
selon l’Esprit (2 Cor. 3:6). C’est ce qu’exprime la
coupe de la Cène.