Pierre et Jean montaient ensemble à l’heure de la prière (Act. 3:1)
Philippe Laügt
29.11.2003
Table des matières :
4 - Débuts de Pierre et Jean ensemble avec le Seigneur
5 - Manifestations de la chair
5.1 - Fils de tonnerre, esprit sectaire
5.2 - Ceux qui ne recevaient pas le Seigneur
6 - Jean 6 : manger sa chair et boire son sang
7 - Fils du Dieu vivant — le royaume et l’assemblée
8 - Ne pas éviter le chemin de la croix
9 - Pierre Jacques et Jean ensemble dans les évangiles
9.2 - La fille de Jaïrus et la transfiguration
10 - Pierre et Jean à la dernière Pâque
11 - Pierre et Jean quand Jésus est pris
12 - Pierre et Jean à la résurrection
18 - Fonctionnement du corps de Christ
Il est très utile d’apprendre à comprendre un peu la manière dont Dieu agit envers les siens pour les rendre capables de faire Sa volonté. Tous les hommes ont la même nature adamique et la chair, ce mauvais arbre, ne peut produire que de mauvais fruits. Mais après la conversion, le racheté, formé à l’école de Dieu, « comme l’argile dans la main du potier », va devenir « un vase à honneur, sanctifié, utile au Maître, préparé pour toute bonne œuvre » (Jér. 18:3-6 ; 2 Tim. 2:21). Dans sa sagesse et son amour, Dieu adapte parfaitement son enseignement aux besoins de chacun de ses enfants (Job 36:22). Ils sont ainsi peu à peu préparés pour le service qu’Il s’est proposé de leur confier.
La période d’apprentissage
est souvent douloureuse, mais
toujours mesurée par Sa main d’amour. L’apôtre écrit : « Étant
affligés maintenant par diverses tentations, si
cela est nécessaire
» (1 Pier. 1:6). La grâce de Dieu est toujours à l’œuvre, mais
l’homme s’y oppose souvent. Par sa propre volonté, il entrave l’action divine. Chacun doit apprendre que seule
la Croix de Christ libère
le racheté de l’esclavage de la chair et de la
puissance du monde.
Pierre et Jean sont formés à la même
école, en relation avec leurs
besoins particuliers. Ils ont des traits de caractère différents, ils se montrent plus ou moins prompts à apprendre leurs
leçons, mais ils sont façonnés par la main
de Dieu. Ils seront unis au Seigneur et entre eux, préparés pour combattre « ensemble d’une même âme, avec la foi de l’évangile et n’étant en
rien épouvantés par les adversaires » (Phil. 1:27). Ils auront désormais
une même
pensée, un même
amour. Ils seront d’un même
sentiment et penseront à une seule et même chose. Leur désir sera de plaire à Celui qui les a enrôlés pour la guerre (Phil. 2:2 ;
2 Tim. 2:4). En retraçant le chemin qu’ils ont suivi, l’on est encouragé de
voir que, malgré leurs erreurs
, ils ont continué à jouir de la confiance
du Seigneur,
qui connaissait leur attachement personnel de cœur à sa
Personne !
Le parcours
des disciples est souvent le même. Ils sont confrontés aux mêmes circonstances.
Mais, elles produisent des effets différents, suivant qu’ils sont prêts ou non à les accepter de la main
du Seigneur. Ainsi la même épreuve, dans le désert de ce monde, produit des murmures
ou des actions
de grâces
! Reçue de Sa main, notre légère tribulation
d’un moment
sera l’occasion de précieux moments d’intimité
avec le Seigneur (Luc 24:34).
Pierre fera
partie des apôtres. Il s’appelait d’abord Simon, et c’est, semble-t-il lors de
sa première rencontre avec le
Seigneur qu’il reçoit le nom de Céphas : un mot qui signifie pierre
,
en araméen comme en grec (Jean 1:43 ; Act. 10:5).
L’évangile de
Luc est le seul à relater la pêche miraculeuse qui a tant impressionné Simon
Pierre. Il venait de travailler toute la nuit, avec ses associés, sans aucun succès. Pourtant,
sur
la parole de Jésus
, il mène à nouveau sa barque en pleine eau, et lâche
le filet. Ils prennent alors une si grande quantité de poissons que le filet se rompait. Saisi de frayeur devant un tel miracle, Simon prend
conscience de ses péchés. Il se jette aux genoux de
Jésus, en disant : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un
homme pécheur ». Mais le Seigneur lui répond : « Ne crains pas,
dorénavant tu prendras des hommes ». Il est désormais prêt pour répondre à
l’appel du Maître. Dans cet évangile, il est simplement dit qu’ils quittèrent
tout
et Le suivirent (Luc 5:5-11 ; lire aussi Matt. 4:18 ; Marc 1:16).
L’apôtre Jean, dont nous aimerions parler aussi, ne se nomme jamais
dans son évangile. Il parle de « l’autre
disciple » et vers la
fin de son récit, à cinq reprises, de ce « disciple que Jésus
aimait » (Jean 13:23 ; 19:26 ; 20:2 ; 21:7 ; 21:20).
On suppose
qu’il était l’un des deux disciples qui ont entendu Jean le baptiseur dire, en
regardant Jésus
qui marchait
: « Voilà l’Agneau de Dieu » (Jean 1:36).
Le Précurseur avait déjà proclamé quelle serait Son œuvre : Jésus était
venu ôter
le péché du monde
. Il souligne
maintenant qui Il est, le cœur rempli de conviction et de joie en contemplant
Jésus. Aussitôt les deux disciples le quittent pour suivre
Jésus
,
qui leur pose une question importante : « Que
cherchez-vous
? » (Jean 1:39).
Oui, quels sont les désirs
de nos cœurs, le but
réel de notre activité
?
Ils
répondent : « Où demeures-tu ? » et le Seigneur répond
simplement : « Venez
et voyez
». Ils Le suivent et demeurent avec Lui ce jour-là. Il les comble de ce
qu’Il a toujours en réserve
pour bénir spirituellement les siens. L’un d’entre eux, André, est le frère de Simon. Il s’empresse d’aller lui
dire : « Nous avons trouvé
le Messie (ce qui interprété est Christ) » et il le mène à Jésus. Son service fidèle, dans sa famille d’abord, aura des conséquences
incalculables : son frère va devenir l’apôtre Pierre !
Quand Jésus
trouve Jean, il raccommodait des filets au bord de la
mer, un travail qui demande beaucoup de patience, avec Jacques son frère et Zébédée,
son père (Matt. 4:21). C’est un travail indispensable, sinon l’on perd par
négligence une partie de la pêche. Le don qu’Il confiera, plus tard, à son
apôtre sera, en particulier, celui de rapprocher
les frères
, de réparer
ce qui
a été déchiré
ou qui
s’est usé
à force de servir (Néh. 4:10), d’insister sur
l’importance de mettre en pratique l’amour entre les enfants de Dieu.
Il ne sera
plus question de Zébédée, mais de Salomé, la mère de Jean
et de Jacques. Elle se manifeste, au moment même où Jésus parlait à ses
disciples de ses
souffrances
et de sa
mort
,
et lui fait une demande intéressée : elle voudrait pour
ses
fils
une place d’honneur, à
la droite et à la gauche de Jésus (Matt. 20:20-21). Mais elle se tiendra aussi
au pied de la Croix. Jacques et Jean, eux aussi, demandent cette faveur (Marc
10:35-37). Il faudra l’opération de la grâce de Dieu pour leur enseigner à
montrer plus
d’humilité
. Si les dix autres
disciples se montrent tellement indignés,
ne convoitaient-ils pas secrètement
d’occuper la même place.
Désormais, Pierre et Jean vont
accompagner Jésus durant tout son parfait ministère sur la terre (Jean 20:30-31 ;
21:24-25). Ils seront les témoins
émerveillés de tous les faits et gestes du Serviteur parfait.
Il laissera un modèle
aux siens, pour qu’ils suivent Ses traces (1 Jean 1:1 ; 1 Pier. 2:21). Ces
disciples verront Jésus saisir par la main la belle-mère de Simon pour la
guérir. La même étreinte retiendra Simon, au moment où il s’enfonce dans les
flots (Marc 1:30-31 ; Matt. 14:30-31).
Ils
contempleront souvent Jésus, quand il sortira seul
, de grand matin, pour
prier
dans un lieu désert (Marc 1:35-37). Ils assisteront enfin, « à un jet de
pierre », à ses supplications
au Père, à Gethsémané (Luc 22:41). C’est d’ailleurs après toute
une
nuit
de prière, seul avec
Dieu sur la montagne, que Jésus choisit ses disciples (Luc 6:12). Le jour venu,
« il appelle
ceux qu’Il voulait ; et ils vinrent à Lui ;
et Il en établit douze pour être avec
Lui
».
Pierre et Jean feront partie autour du Seigneur du cercle le plus restreint.
Plus tard, il les enverra prêcher
et guérir
(Luc 9:2). Mais
d’abord ils ont le privilège d’apprendre
en Sa compagnie (Marc 3:14). Ces
premiers contacts de Jean et de Pierre avec le Seigneur sont pleins
de
ferveur
. Ils ont tout quitté
pour Le suivre, ils marchent après Lui dans une terre aride, ils n’ont qu’un
désir, Le suivre et de Lui obéir !
Mais la Parole
de Dieu ne cache pas les effets de la chair en eux, comme chez tous les autres
croyants ! Cette chair
, si elle est laissée libre d’agir,
ne peut
produire
, même après la
conversion, que des mauvaises
œuvres
(Gal. 5:19-20). Le racheté doit désirer tendre
avec effort
vers ce moment où il dira, avec Paul : « Je ne vis plus moi, mais Christ
vit
en moi
» (Gal. 2:20). Dès lors le fruit de l’Esprit, avec ses neuf grains exquis, peut se manifester, à la gloire de Dieu (Gal. 5:22).
Notre état intérieur, ces pensées du cœur, se
traduisent par nos paroles et
par nos actes (Matt. 12:34). Il
est nécessaire d’apprendre, comme ces deux disciples, à
se
connaître
à la lumière de
la Parole. C’est un travail douloureux, qui nous amène à nous écrier :
« Qui me délivrera de ce corps de mort » ? (Rom. 7:24), mais
ensuite nous rendons grâces à Dieu, par Jésus Christ, notre Seigneur, et le
Saint Esprit, qui habite dans
le racheté, est désormais libre d’agir.
Jean, un de
ces fils du tonnerre — Boanergès — d’après le surnom reçu du Seigneur lors
de leur appel (Marc 3:17) montre son intransigeance,
au moment même où Jésus vient d’inciter ses disciples à l’humilité. Ils se sont justement disputés pour savoir qui
serait le
plus grand
(Marc 9:35-37) et pour leur donner un exemple, Jésus a placé un petit enfant au
milieu d’eux ! Or nous sommes, hélas, souvent très
longs
à apprendre
nos leçons. Au moment même où le Seigneur
instituera la Cène, avec les symboles si précieux de son corps donné
et
de son sang versé
pour nous, le même genre de contestation ressurgit au milieu des
disciples ! (Luc 22:24-25).
La réponse de Jean au Seigneur en Marc 9 est très surprenante :
« Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, qui ne
nous
suit pas
; et nous le lui avons défendu (ou : nous l’en avons empêché), parce qu’il ne nous suit pas » (Marc 9:38). Dans le récit
parallèle de l’évangile de Luc, il est ajouté : « Il ne
te
suit pas avec nous
» (Marc 9:38-40 ;
Luc 9:49-50). Veillons à bannir nos tendances sectaires. De nombreux chrétiens, tout en ne marchant pas avec
nous
,
suivent de
très près le Seigneur
, avec son esprit de renoncement, en
portant leur croix chaque jour
(Matt. 16:24). Ils sont un exemple par
leur conduite (Marc 8:34).
C’est la seule
parole
de Jean
dans cet évangile de Marc ! Autrefois aussi, Josué
s’était montré jaloux pour Moïse. Il était venu lui demander d’empêcher Eldad
et Médad de prophétiser dans le camp, parce qu’ils n’étaient pas sortis vers la tente d’assignation
(Nom. 11:26-29). Mais il est positivement déclaré que, malgré cette désobéissance, « l’Esprit reposa
sur eux… et ils prophétisèrent ». Méditons la réponse de Moïse à
Josué : « Ah ! Que plutôt tout le peuple de Dieu fût prophète,
que l’Éternel mît son Esprit sur eux ». C’était pour lui une
bonne nouvelle, dans ce temps de confusion !
Jean se montre animé par le même esprit. Quelle est la réponse du Seigneur ? Il ne leur dit pas : « Allez avec lui », mais : « Ne le lui défendez pas, car il n’y a personne qui fasse un miracle en mon nom, et qui puisse aussitôt mal parler de moi » (Marc 9:39).
Paul, emprisonné, apprendra, lui aussi, que « quelques-uns prêchaient le Christ par envie et par esprit de parti ». Quelle est sa réaction ? « Quoi donc ? — Toutefois, de toute manière, soit comme prétexte, soit en vérité, Christ est annoncé ; et en cela je me réjouis et aussi je me réjouirai » (Phil. 1:15-18).
Le Dieu
souverain, choisit
et forme
ses instruments.
Quelle que soit leur infirmité, Sa grâce est puissante pour opérer en eux et par eux, à Sa gloire. C’est certes un grand sujet de
reconnaissance de connaître le rassemblement au Nom du Seigneur ! Mais si
l’on est l’objet d’une si grande grâce, il ne faut pas oublier l’ampleur des
besoins aux alentours. Ne regardons pas avec une certaine condescendance
d’autres instruments qui n’ont
pas encore compris le chemin de la séparation, hors du Camp religieux, mais
dont Dieu se sert pour amener des âmes à Christ et au salut par la foi.
Peu après, Jésus qui avait dressé sa face résolument pour aller à Jérusalem, envoie des messagers pour lui préparer un logis dans un village de Samaritains. Or ceux-ci ne Le reçoivent pas justement « parce que sa face était tournée vers Jérusalem » (Luc 9:51-53). Quelle occasion unique perdue de recevoir le Sauveur ! L’inimitié était violente et constante entre les Juifs et les Samaritains. D’où l’étonnement de la femme de Sichar, en entendant Jésus lui dire : « Donne-moi à boire » ! (Jean 4:8-9).
Jean et Jacques s’indignent et proposent : « Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel et les consume, comme aussi fit Élie ? ». Quel zèle charnel pour le Maître, fondé, pensent-ils, sur une référence tirée de l’Écriture, donc imparable !
Que d’égoïsme, de jalousie, d’étroitesse d’esprit, de rancune et de projets de vengeance. Il faut reconnaître, dans ces diverses circonstances, le triste esprit qui anime si facilement nos cœurs naturels ! Pourtant les disciples avaient vu le Seigneur user de grâce envers cette femme samaritaine, ouvertement méprisée par tous, connue comme une pécheresse. Jésus répond, en censurant fortement Jean et Jacques : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés » ! (Luc 9:52-56).
Plus loin on
verra encore Jean, s’endormir
,
comme les autres, à l’heure terrible pour son Maître, de Gethsémané et,
l’instant d’après, profitant de la protection du Seigneur, s’enfuir
avec
les autres (Jean 18:6 ; Matt. 26:43, 56). Pourtant ce fils du tonnerre,
formé peu à peu par les soins de Jésus, deviendra l’apôtre de l’amour !
Le Seigneur,
enseignant ensuite dans la synagogue à Capernaüm, appelée sa ville, présente ce
qui va paraître pour plusieurs une
étrange nourriture. En contraste avec la manne, donnée autrefois au
peuple d’Israël, Jésus se présente lui-même comme le
pain vivant
qui donne la
vie
éternelle
. Il précise aussitôt que le pain
qu’il donnera, c’est sa chair, qu’il donnera pour la vie du monde (Jean 6:51). Le Corps
du Sauveur a été donné pour
nous. Il a porté nos péchés en son corps sur le bois.
Par la foi en
cette œuvre de Christ sur la Croix, nous recevons une vie nouvelle, impérissable.
Manger
sa chair et boire son sang,
c’est se nourrir d’un Christ mort pour nous, ce qui se réalise au
moment de la conversion (Jean 6:53-54).
Le racheté
reçoit alors une vie
nouvelle
, impérissable. Elle doit être entretenue
par cette même nourriture, la seule qui soit appropriée (Jean 6:56) : Le
croyant jouit d’une communion intime avec son Sauveur. Il est identifié
avec
Lui
dans sa mort, et appelé
à réaliser pratiquement qu’il est
mort avec lui
au
monde et au péché (Jean 6:53-56). Il ne s’agit pas, dans ces versets, de la
Cène instituée par le Seigneur seulement la nuit qu’il fut livré. La Cène est
un mémorial et un acte de
communion. Tandis qu’ici Jésus parle de la nécessité de croire en Lui et de s’approprier la valeur de sa Personne et de son œuvre, Lui qui a
donné Sa vie pour nous.
L’homme naturel ne peut pas comprendre ces
choses : « Cette parole est dure
, qui peut
l’ouïr ? » (Jean 6:60). Il peut à la rigueur estimer que la conduite de Jésus est exemplaire, digne d’être imitée. Mais il
refuse de reconnaître que son état de péché a rendu
la mort de Christ indispensable,
sinon l’homme ne pouvait pas être sauvé. Plusieurs donc qui avaient professé
être des disciples du Seigneur, s’en vont, choqués par Ses paroles. Il ne cherche pas à les retenir en adoucissant la vérité
. Il sonde le cœur de ceux qui restent » :
Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (Jean 6:66-70). Quelle
joie d’entendre cette réponse de Simon
Pierre, parlant au nom de tous :
« Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les
paroles de la vie éternelle ; et nous, nous croyons et
nous savons que tu es le Saint de Dieu » (Jean 6:68-70).
Jésus monte alors aux quartiers de Césarée de Philippe et là, il interroge à nouveau ses disciples : « Qui disent les hommes que je suis, moi le Fils de l’homme ? ». Il leur demande aussi : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Matt. 16:13-15). Pierre est prompt à répondre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Alors Jésus lui répond : « Tu es bienheureux Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Il ajoute : « Tu es Pierre : et sur ce roc (c’est à dire la déclaration de Pierre) je bâtirai mon assemblée, et les portes du Hadès ne prévaudront pas contre elle ». Quelle merveilleuse certitude dans nos temps si troublés !
Il promet également à son apôtre de lui donner les clefs du royaume des cieux : « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » ! De fait, après l’élévation du Seigneur dans la gloire, Pierre, envoyé par l’Esprit (Act. 10:19-20) ira sans hésiter dans la maison de Corneille, un centurion romain de la cohorte appelée Italique, « pieux, et craignant Dieu avec toute sa maison » (Act. 10:1). Et là, instruit par le Seigneur, il a le privilège de se servir encore de ces clefs : « Je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation, celui qui le craint lui est agréable » (Matt. 16:16-19 ; Act. 10:34-48). Il annonce Jésus-Christ (Lui est Seigneur de tous) tandis que le Saint Esprit tombe sur tous ceux qui entendaient la Parole. Pierre dira plus tard aux frères à Jérusalem : « Qui étais-je, moi, pour pouvoir l’interdire à Dieu ? ». Alors tous, en glorifiant Dieu, devront reconnaître que « Dieu a donc en effet donné aux nations la repentance pour la vie » ! (Act. 11:15-18).
Mais pour
l’instant, Jésus commence à enseigner ses disciples, en leur disant :
« Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup et qu’il soit rejeté des
anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’il soit mis à
mort, et qu’il ressuscite après trois jours » ! (Marc 8:31). Il
rencontre du côté des disciples une incompréhension
totale. Le seul qui intervient,
c’est justement Pierre.
Il prend Jésus à part, et cherche à Le
détourner
de ce chemin qui conduisait à la Croix. Un chemin où le Seigneur était déterminé à marcher, à la gloire du
Père
! (Marc
8:32).
Alors Jésus,
se retourne, regarde ses disciples et dit à Pierre : « Va, arrière
de moi, Satan, car
tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des
hommes » ! (Marc 8:33 ; Matt. 16:21-23). Pierre, qui l’instant
d’avant, avait parlé « comme
oracle de Dieu
», devient soudain, par manque
de vigilance
et de discernement, un instrument dans la main du
Diable
! Ce dernier
cherchait constamment à
détourner Christ de son chemin d’obéissance, mais il est aussitôt reconnu par le Seigneur, même quant il agit dans sa ruse par le
moyen de Pierre, et il est repoussé.
Combien les
rachetés doivent veiller
et prier
pour que toutes leurs pensées
soient amenées captives
à
l’obéissance de Christ
! Il leur faut rechercher une communion constante
avec Lui. « Prenons l’habitude salutaire de juger
la
chair
dans les
petites
choses
, celles qui pourraient paraître
anodines. C’est le secret pour être gardé de chute » (JND).
Quand le
Seigneur désigne ses apôtres (Marc 3:17-19), Pierre, Jacques et Jean sont nommés les
premiers. Déjà, au début de son
ministère, le Seigneur avait appelé « ceux qu’Il voulait ». Avant de les quitter,
il le rappelle : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisis ; mais c’est moi qui
vous ai choisis
et qui vous ai établis
» (Jean 15:16).
Le caractère
de Pierre était énergique
.
Il était enthousiaste et impulsif
. De ce fait, il entraînait facilement
les autres à le suivre et à calquer leur conduite sur la sienne. Il avait une
sorte de prééminence
parmi les disciples. Il dira à Jésus :
« Seigneur, si
c’est toi
, commande-moi d’aller à toi sur les eaux ». De
fait, il n’hésite pas à descendre de la nacelle et il marche sur les eaux, pour
aller à Jésus. Mais il réalise bientôt que le vent est fort et s’écrie :
« Seigneur, sauve-moi » ! (Matt. 14:28-30). Toutefois, quand le
temps de l’apprentissage sera terminé, après l’avoir fait passer par une grande épreuve personnelle nécessaire,
le Seigneur pourra lui confier un service : fortifier
ses frères et
annoncer
avec zèle l’Évangile.
Jean paraît plus sensible, plus disposé peut-être à se laisser enseigner. Le secret de ses progrès plus rapides : rester le plus près possible de son Maître. Il sera le dernier à rester au milieu de ce monde corrompu et son service sera en particulier de défendre avec fermeté la vérité touchant la Personne de Christ.
Quant à son frère Jacques, il sera fidèle jusqu’à la mort, il recevra la couronne de vie (Act. 12:1-2 ; Apoc. 2:10).
Le Seigneur a voulu
faire passer ces trois disciples par un chemin tout à fait particulier. Ils ont
appris
ensemble
à mieux Le
connaître, et à mieux s’estimer l’un l’autre, même si le Seigneur était d’abord l’unique Objet de leur foi.
Nous les
trouvons ensemble dans la
maison de Jaïrus, ce chef de synagogue, dont la fille unique était en train de
mourir (Marc 5:37 ; Luc 8:40-41, 51). Ces trois disciples sont seuls à
assister à une scène extraordinaire : À l’appel du Prince
de
la vie
(Act. 3:15) la jeune fille se lève immédiatement. Les
parents sont « hors d’eux », et l’on est fondé à penser que ces
disciples ont partagé leur joie et leur reconnaissance ! Le Seigneur se
fait connaître ici, de même qu’au tombeau de Lazare, comme la Résurrection
et la Vie
(Jean 11:25).
Jésus montre
aussi Sa gloire à ses trois
disciples, sur la montagne de
la transfiguration (Matt. 17:1-8 ; Marc 9:2-8 ; Luc 9:28-36). Il les
mène seuls à l’écart, et soudain une grande lumière émane de Son visage et de
Ses vêtements, et resplendit autour d’eux. Moïse et Élie apparaissent, parlant
avec le Seigneur de la mort qu’il allait accomplir à Jérusalem. Les disciples sont accablés
de
sommeil
; mais
« quand ils furent réveillés
, ils virent Sa gloire ». Les deux
interlocuteurs du Seigneur disparaissent, l’effroi s’empare des disciples. Mais
la Nuée envahit la montagne et
une Voix, qui s’adresse aussi à
nos cœurs, se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
écoutez-Le » (Matt. 17:52).
Jésus est maintenant seul avec eux : Ils contemplent « la gloire magnifique », royale, celle du Messie (2 Pier. 1:16-18). Ils découvrent le Fils bien-aimé du Père, et Pierre et Jean en transmettront plus tard la révélation. Quand ils descendent de la montagne, ils ont désormais un secret dans le cœur. Cette lumière resplendissante brille désormais en eux. Il en sera pour ces disciples comme d’Ésaïe, dont il est écrit : « Il vit sa gloire et il parla de Lui » (Jean 12:41). Avons-nous contemplé cette gloire ?
Mais le Fils de Dieu revêt à nouveau l’humble forme d’esclave (Zach. 13:5) et, descendant de la montagne dans la plaine où règne l’incrédulité, il reprend son chemin vers la Croix.
La dernière
scène où l’on trouve seulement ces trois disciples se déroule à Gethsémané, qui signifie : pressoir
à
huile
. Jésus s’y rend avec
seulement onze disciples. Judas est déjà sorti dans
la
nuit
pour aller Le livrer
(Jean 13:30). À huit d’entre eux, Jésus enjoint : « Asseyez-vous ici
jusqu’à ce que, m’en étant allé, j’aie prié là » (Matt. 26:36).
Trois autres,
Pierre, Jacques et Jean, sont admis à l’accompagner un
peu
plus loin
. Jésus commence alors à être attristé
et fort
angoissé
. Il en fait part
aux siens : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort, demeurez
ici et veillez
avec moi
». Lui-même s’en va un peu plus avant et tombant
sur sa face, prie en disant par trois fois : « Mon Père, s’il est
possible, que cette coupe passe loin de moi ». Toutefois, dans sa parfaite
soumission
,
il ajoute : « Non pas comme moi je veux, mais comme Toi
tu
veux
». Puis il
ajoute : « Que ta volonté soit faite » ! (Matt. 26:37-45).
L’Écriture
évoque Ses grands cris, Ses larmes, Ses prières et Ses supplications (Héb. 5:7).
Jésus mesurait toute
l’horreur
de cette coupe remplie
de la colère de Dieu contre le péché. « Dans l’angoisse
du combat,
il priait
plus instamment
;
et sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant sur la terre »
(Luc 22:44). Il connaissait parfaitement
tout ce que représentait la
Croix, et Satan cherchait encore
à l’en détourner.
« Et s’étant levé de sa prière, Il vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse ; et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation » (Luc 22:45-46). Il le leur demande en vain à deux reprises et leur dit, finalement : « Dormez dorénavant et reposez-vous ; voici l’heure s’est approchée, et le fils de l’homme est livré dans la main des pécheurs » (Matt. 26:45).
C’était
désormais trop
tard pour veiller
avec lui. À Pierre, il fait ce reproche :
« Simon, tu dors ? Tu n’as pu veiller une
heure » ? (Marc 14:37).
Pierre avait pourtant fait de si grandes protestations de loyauté. Quel avertissement le Seigneur lui donne,
une mise en garde qui nous concerne tous ! Que Dieu nous garde d’avoir des
cœurs
assoupis
, comme celui de
ceux qui formaient pourtant — quelle part excellente ! — le cercle le
plus
intime
autour de Lui. Ne
sommes-nous pas parfois plus ou moins indifférents
devant Sa gloire ou devant Ses souffrances,
liées au fardeau qu’Il portait, celui de nos
péchés ? Il devait en
recevoir le salaire à notre place sur le bois : la mort (Rom. 6:23).
Quand le traître s’approche, avec ceux qui sont venus prendre le Seigneur, ses
disciples l’abandonnent.
Mais avant la
crucifixion, à l’approche de la fête de Pâque, Jésus sachant que son temps
était proche, avait fort
désiré
célébrer cette Pâque avec
ses disciples. Il avait envoyé Pierre
et Jean pour l’apprêter (Matt. 26:19). Ils Lui posent une importante
question : « Où
veux-tu
que nous l’apprêtions ? ». Quel est le
lieu
où il convient, aujourd’hui encore, de se réunir autour
de
Lui
? (Matt. 18:20). Le
Seigneur leur répond :
Voici, quand vous entrerez dans la ville, un homme portant une cruche d’eau
(une figure du Saint Esprit) viendra à votre rencontre et vous indiquera une
grande chambre garnie, où le Maître peut manger la Pâque avec ses disciples
(Marc 14:12-16 ; Luc 22:7-13).
Jésus allait laisser ceux qu’Il aimait dans un monde corrompu et violent. Ils avaient tout le corps lavé par le sang de la croix (Jean 13:10). Mais leurs pieds de voyageurs seraient souvent couverts de poussière. Ils seraient, par leurs contacts incessants avec le mal, exposés à la souillure. Alors Jésus lave leurs pieds ; il nous purifie en nous amenant à nous juger à la lumière de la Parole, appliquée à notre conscience (Éph. 5:26 ; Héb. 10:22). Pierre voudrait s’opposer à ce service de Jésus, qu’il estime humiliant pour Lui. Le Seigneur répond par une parole que chacun doit méditer : « Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi » (Jean 13:6-8). Pierre ne tardera pas à en reconnaître la nécessité, il sera le premier à en faire l’expérience. Sinon que serait-il devenu après l’avoir renié ?
Quand
« l’heure fut venue » (Luc 22:14), Jésus se met à table avec les
disciples pour manger cette Pâque qu’il
fallait
(un verbe qui revient quinze fois dans Luc) sacrifier. Jean, à cette occasion, est « à
table, dans
le sein de Jésus
».
Il est pénétré de l’amour du Seigneur pour lui. Jésus est troublé dans son esprit et rend ce
témoignage : « En vérité, en vérité, je vous dis que l’un de vous me
livrera » (Jean 13:21). Les disciples se regardent les uns les autres,
perplexes, ne sachant pas de qui Il parlait. Ils commencent à
s’attrister et à dire l’un après l’autre : « Est-ce moi ? » (Marc 14:19). Alors
Simon Pierre fait signe à Jean de demander au Seigneur de qui Il parlait. Dans cette place d’intimité qu’il a su occuper
et dont il jouit, penché sur la poitrine de
Jésus, « le disciple que Jésus aimait » était tout désigné
pour poser à Jésus cette terrible question : « Seigneur, lequel
est-ce » ? (Jean 13:25).
C’est au cours
de ce même repas que Jésus avait annoncé : « Vous serez tous
scandalisés en moi, cette nuit ; car il est écrit : « Je
frapperai le Berger, et les brebis du troupeau seront dispersées » (Marc 14:27).
Les Écritures devaient s’accomplir ; le Seigneur y était toujours attentif ! (Matt. 5:18). Pourtant
Pierre, plein de confiance en
lui-même
, affirme son indéfectible
dévouement, sans prêter attention à l’avertissement du Seigneur. « Si tous
sont scandalisés en toi, moi
je ne serai jamais scandalisé
en toi ! ». Avec ses ressources
charnelles, malgré ses bonnes intentions, la chute est proche. Jésus répond à
Pierre personnellement : « En vérité, je te dis, que cette
nuit-ci
, avant que le coq ait chanté,
tu me renieras trois fois » (Matt. 26:34). Au lieu de se soumettre, Pierre
s’obstine : « Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai
point. Et tous les disciples
dirent la même chose » (Matt. 26:35). Heureusement que le Seigneur, tout
en leur révélant que Satan a demandé à les avoir pour les cribler comme on crible le blé,
ajoute : « Mais moi, j’ai
prié pour toi
,
afin que ta foi ne défaille pas ; et toi, quand une fois tu
seras
revenu
, fortifie tes
frères » (Luc 22:31-32). Jésus révèle de quelle manière il
sert
et continuera à servir
les siens. Son intercession devance
leurs épreuves et il les soutient, quand ils les traversent
(Jean 17:9, 11, 15).
Simon Pierre et « l’autre
disciple » (Jean) vont
suivre de
loin
Jésus, jusqu’au palais de Caïphe. Jean, qui est connu
du souverain
sacrificateur, entre sans problème, avec Jésus dans la cour. Tandis que Pierre
se tient dehors
, devant une porte fermée
. Jésus l’a averti
qu’avec ses propres ressources, il ne peut que Le renier !
Or, dans sa grâce, Dieu place encore un frein sur le chemin de Pierre.
Fallait-il forcer
cette porte ? On a parfois de bons désirs, mais si
Dieu
permet
qu’une porte reste
fermée
,
il faut l’accepter de sa main. Attendons avec patience que Son chemin s’ouvre (Act. 16:6-10),
plutôt que de chercher à poursuivre un chemin qui sera celui de la propre
volonté
(2 Sam. 18:23 ;
Jér. 23:21). Hélas, Jean se sert de ses relations et se montre serviable
à l’égard de son cher compagnon Pierre.
Il parle à la
portière et elle ouvre la porte à Pierre ! (Jean 18:16). En fait, il rend
un mauvais service à son ami, en l’exposant à une occasion de chute. Quel
avertissement pour chacun d’entre nous : cherchons la pensée du Seigneur
avant d’agir (Ps. 119:59) !
C’est
justement cette servante, qui la première, dit à Pierre : « Et toi,
n’es-tu pas des disciples de cet homme ? ». Et lui de lui
répondre : « Je n’en suis point » (Jean 18:17). « Or les
esclaves et les huissiers ayant allumé un feu de charbon, se tenaient là, car
il faisait froid et ils se chauffaient ; et Pierre était avec
eux
,
se tenant là et se chauffant » (Jean 18:18, 25).
En se tenant
là et en se chauffant (ce détail est répété deux fois) avec ceux qui avaient
saisi et lié son Maître, Pierre l’avait déjà pratiquement
renié (Ps. 69:12 ;
1:1). Choisir volontairement
nos compagnies dans un monde qui a crucifié
Jésus, partager ses délassements, c’est s’exposer à déshonorer le Seigneur. Satan
est derrière la scène et cherche à faire tomber Pierre encore plus bas.
« Ils lui dirent donc : Et toi, n’es-tu pas de ses disciples ?
Et il nia et dit : Je n’en suis point ».
Mais l’un d’entre les esclaves du souverain sacrificateur, parent de celui auquel Pierre avait coupé l’oreille, dit : « Ne
t’ai-je point vu, moi, dans le jardin avec Lui » ? Pierre, se voyant découvert, nia encore (Jean 18:25-27). Et « Il se met même
à faire des imprécations et à jurer ». Il prend un langage grossier pour
donner le change à son entourage. « Et aussitôt le coq chanta » (Matt. 26:74).
Jésus était
alors interrogé par le souverain sacrificateur, « et se tournant, il
regarda Pierre ». Et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur »
(Luc 22:61). Son cœur est brisé
, il sort dehors et pleure
amèrement
(Luc 22 :62). Le travail de restauration
a déjà commencé. Par son
infidélité, Pierre a échappé un
court
moment
à l’opprobre et à la persécution. Il n’est pourtant
pas plus
grand que son Maître
, qui
lui, accepte de rencontrer la haine et le mépris des hommes dans toute leur
rigueur (Jean 15:20 ; És. 50:6). L’esprit est prompt, mais la chair est
faible (Marc 14:38). N’accablons pas Pierre : pensons plutôt de combien de manières nous
pouvons renier le Seigneur, même par nos
silences. Si comme Pierre, nous
ne sommes pas prêts à reconnaître notre faiblesse, il faudra l’apprendre en faisant d’amères expériences.
Jean est, semble t-il, resté dans la cour. Dans ce cas, il a assisté au reniement de son compagnon de service. En tout cas son évangile décrit la scène en termes aussi brefs et simples que possible.
À la Croix, seul des disciples, Jean se joint au petit groupe de femmes. La mère de Jésus est là.
Siméon lui avait annoncé qu’une épée transpercerait sa propre âme (Luc 2:35).
Salomé, la mère de Jean, et Marie de Magdala sont là aussi (Marc 15:40-41). Mais
le Seigneur, crucifié, s’adresse à elle avec amour, en lui montrant Jean :
« Femme
, voilà ton fils
»
puis il dit aussi au disciple : « Voilà ta mère ». Dans sa
tendresse, il la confie à ce disciple qu’il aimait, et qui, « dès cette
heure-là, la prit chez lui » (Jean 19:25-27).
On retrouve Pierre et Jean ensemble
au jour de la résurrection. Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala,
cette femme dont Jésus avait chassé sept démons, vient de grand matin au
sépulcre, avec Marie, la mère de Jacques et Salomé. Elles se proposent
d’embaumer le corps de Jésus.
Les hommes ont accompli le plus grand forfait de tous les temps. Ils ont crucifié le Fils de Dieu, sans lui épargner aucune forme de souffrance et d’humiliation. Mais l’amour l’a enseveli dans un sépulcre neuf. Joseph d’Arimathée et Nicodème ont été préparés pour ce précieux service.
Les femmes qui
viennent au sépulcre, s’aperçoivent que la
grande pierre, tant redoutée (Marc 16:3) a été roulée. Elles entrent et voient un jeune homme, assis du côté droit, vêtu
d’une robe blanche. Il leur dit : « Ne vous épouvantez point ;
vous cherchez Jésus le nazarénien, le Crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici ;
voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez, dites à ses disciples et
à
Pierre
; il s’en va
devant vous en Galilée » (Marc 16:1-7). Alors elles s’enfuient du sépulcre
et Marie de Magdala, le cœur rempli de crainte et de joie, vient vers Simon Pierre et « l’autre
disciple » que Jésus aimait. Elle leur parle, devant les onze et tous ceux
qui pleuraient. Que dit-elle ? « On a enlevé du sépulcre le Seigneur,
et nous ne savons où on l’a mis » (Jean 20:2). Puis elle leur fait part de
cette vision d’ange qu’elles
ont eue (Luc 24:22-23).
Ses paroles semblent à leurs yeux comme des contes et ils ne les croient pas. Mais Pierre, s’étant levé, sort, avec « l’autre disciple » et ils s’en vont au sépulcre. Jean ne se désolidarise pas de son frère coupable : ils couraient les deux ensemble.
Toutefois l’autre disciple court plus vite et arrive le premier au sépulcre. Les
pas de Pierre étaient-ils ralentis
par une conscience encore chargée ? En tout cas Jean s’étant baissé, voit
(regarde simplement
) les linges à terre. Pierre arrive à son tour et
considère de
près
les linges et le suaire.
Jean entre alors dans le sépulcre et regarde plus
attentivement
. Pendant
des années, ils ont suivi et contemplé l’Agneau de Dieu. Jean l’a considéré sur
la croix. Maintenant il voit le tombeau vide,
et il croit à Sa résurrection (Jean 20:8-9). Les linges sont intacts, le suaire
soigneusement plié dans un lieu à part. Aucun signe d’un départ précipité. Rien non plus que l’on
puisse comparer à ces bandes dont il avait fallu délier
Lazare (Jean 11:44). Jésus est sorti
du tombeau avant
que la pierre soit roulée. L’ange est venu la déplacer pour montrer que le
sépulcre était vide (Matt. 28:2).
Les disciples
retournent chez
eux
! (Jean 20:10). Seule Marie de Magdala reste au sépulcre.
Tout est tellement changé pour ce cœur endeuillé, elle a perdu
sa
raison de vivre
.
Mais une Voix se fait
entendre : Marie ! La
joie aussitôt l’inonde : elle voit, elle écoute le Seigneur, qui lui
confie d’ailleurs un précieux message pour les disciples (Jean 20:17-18) !
Les deux
disciples d’Emmaüs après leur rencontre avec le Seigneur, qui a fait brûler leur cœur, sont revenus en
hâte à Jérusalem (Luc 24:32-33). Les disciples les accueillent en disant :
« Le Seigneur est réellement
ressuscité et il est apparu à Simon » (Luc 24:34). La restauration
privée
, toujours
indispensable, a déjà eu lieu, et « comme ils disaient ces choses, Jésus
se trouve là au milieu d’eux et leur dit : « Paix vous
soit » ! (Luc 24:36)
Des disciples
se rendent ensuite, comme le
Seigneur le leur avait ordonné, en Galilée (Matt. 28:10). Ils sont sept, cinq d’entre
eux sont nommés, deux autres les accompagnent. En tout cas Pierre et Jean en
font partie. Mais au lieu d’attendre patiemment
la venue annoncée du Seigneur, Pierre,
prend une initiative surprenante : « Je m’en vais pêcher ». Les autres lui répondent
aussitôt : « Nous
allons avec toi » (Jean 21:3). Ils semblent
disposés à reprendre leur ancien métier. Veulent-ils se procurer par ce moyen des moyens de
subsistance, eux qui pourtant, au service du Seigneur, n’ont jamais manqué de
rien
(Luc 22:35) ? Comment s’étonner si, cette nuit-là, ces pêcheurs pourtant
expérimentés ne prennent rien
!
À l’aube, Jésus se tient sur le rivage, sans être reconnu. Il les interroge : « Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? ». On sent toute l’affection du Seigneur dans sa question : il leur faut bien confesser que non. Ils étaient partis à la pêche sans Lui, en oubliant Sa venue et ils n’ont rien pris ! À sa parole, comme autrefois (Luc 5), ils jettent le filet du côté droit de la nacelle, celui qu’Il a désigné, et le filet se remplit d’une multitude de poissons (Jean 21:5-6). Le disciple que Jésus aimait, c’est à dire Jean, reconnaît alors Celui qui a parlé à son cœur. Avec joie, il s’écrie : « C’est le Seigneur » !
Simon Pierre, l’ayant entendu, ceint sa robe de dessus et se jette dans la mer, pour rejoindre Jésus. Il a tout préparé d’avance pour ses serviteurs fatigués et déçus : nourriture et chaleur les attendent. Il vaut mieux se chauffer à ce feu. Le Maître n’a pas besoin de leur poisson (Jean 21:9) mais il ne méprise pas le fruit de leur travail, et en ajoute quelques-unes de leurs prises sur les braises.
Un travail
d’amour reste à faire à l’égard de Pierre.
À trois reprises, il a renié le Seigneur. Il sera sondé trois fois par cette
question douloureuse
pour son cœur : « Simon, fils de Jonas,
m’aimes-tu plus
que ne font ceux-ci » (Jean 21:15, 16, 17) ? Il
a prétendu avoir plus d’attachement pour le Seigneur que les autres disciples,
mais eux, après tout, ne
l’ont pas renié
(Marc 14:29). « Où donc est cet
amour ardent
dont tu parlais volontiers ? Je n’en ai pas vu
trace ». « Seigneur, tu
connais toutes choses, tu sais
que je t’aime » (Jean 21:17). Qu’il nous est
précieux de pouvoir nous en remettre exclusivement à Lui. Jésus va-t-il le
mettre de côté ? Au contraire, maintenant que Pierre a perdu
confiance
en lui-même
, il
est propre pour le service : « Pais mes
agneaux, sois berger
de mes
brebis, pais mes
brebis ».
Aussi, au
début du livre des Actes, Pierre,
un Pierre entièrement
restauré
, prend la parole au
milieu des disciples. C’est son premier discours, il y en aura sept
au
total
. Il rappelle la fin
misérable de Judas et montre la nécessité
de le remplacer pour compléter les témoins de la résurrection de Christ. C’est
un fait fondamental du christianisme (1 Cor. 15:5).
Pierre cite deux passages qui montrent une réelle connaissance des Écritures, et il en fait une application spirituelle (Ps. 69:25 ; Ps. 109:8). Il avait déjà reçu, comme les autres apôtres, l’Esprit comme puissance de vie (Jean 20:22). Ne négligeons pas la lecture et la méditation de l’Écriture, elle sera très utile pour résoudre les cas difficiles.
Au terme de
leurs exercices, deux frères semblent remplir les conditions voulues. Ils
prient
:
« Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous, montre lequel tu as
choisi ». Ils jettent le sort, s’appuyant sur Prov. 16:33, et Matthias est adjoint aux onze
apôtres.
Au chapitre
suivant, un événement capital a lieu. Le Saint Esprit, Personne divine, descend
sur la terre et demeure
sur les disciples, sous forme de « langues
divisées, comme de feu ». C’est la réalisation de la promesse du Seigneur
qui est aussi celle du Père (Act. 1:4 ; 2:1-4).
Sa puissance se manifeste aussitôt en eux. À la surprise générale, ils deviennent capables de s’exprimer dans des langues qu’ils ne connaissaient pas. Or c’était la fête de la Pentecôte, qui amenait chaque année à Jérusalem une foule considérable. Chacun peut entendre, dans sa propre langue, les choses magnifiques de Dieu. Pourtant ceux qui parlent sont des galiléens sans instruction (Act. 4:13 ; Jean 7:15).
S’étant levé avec les onze, Pierre prend à nouveau la parole (Act.
2:14). Il le fera plusieurs fois jusqu’au
chapitre 15. Il rappelle le chemin merveilleux
du Seigneur ici-bas, sa mort et sa résurrection. Ce Jésus, que le peuple a crucifié,
Dieu l’a fait asseoir à sa droite et le désigne à tous comme Seigneur
et
Christ
. Atteints dans leur
conscience, saisis de componction
, c’est à dire de crainte et de
confusion, les auditeurs demandent à Pierre et aux autres apôtres comment
apaiser Dieu, après s’être rendus coupables
d’un tel outrage (Act. 2:37) !
D’abord par la repentance
, leur répond Pierre. C’est le jugement que
l’on porte avec
Dieu
sur ses actes passés. Il
s’accompagne de l’abandon
de notre mauvaise conduite. C’est la première
manifestation de la
foi
.
Trois mille
personnes sont converties et baptisées à la suite de la prédication de celui
que Jésus avait appelé à devenir « pêcheur d’hommes ». Le chapitre
s’achève par un admirable tableau de l’Assemblée, à ses débuts. Il y avait, au
milieu des rachetés du Seigneur, comme aujourd’hui, des réunions pour le Culte,
l’édification et la prière (Act. 2:42). Toute âme avait de
la
crainte
(Act. 2:43). Cette gravité et ce sérieux peuvent tout à fait s’accorder avec la joie dont parle le verset 46.
Puis, dans le
chapitre suivant, la puissance du Saint Esprit va se manifester par des œuvres.
Quel beau tableau offert à nos yeux que Pierre
et Jean montant
ensemble
au temple pour prier
!
Avant de guérir ce boiteux qui n’espérait recevoir qu’une aumône, « Pierre
ayant avec
Jean
, arrêté ses yeux sur lui, dit : regarde-nous
»
(Act. 3:4). Il s’associe entièrement à
Jean
, dans cet acte de miséricorde, au
nom de Jésus Christ. L’homme guéri, louant Dieu, entre avec eux au Temple. Il
tient par la main Pierre
et Jean
. Ces deux disciples sont ensemble
étroitement
engagés
dans le service du
Seigneur.
Le lendemain,
tous ceux qui étaient de la race souveraine sacerdotale les font comparaître et
demandent : « Par quelle puissance et par quel nom avez-vous fait
ceci ? » (Act. 4:7). Pierre, avec
hardiesse
, rempli
du Saint Esprit, reconnaît qu’ils ont agi au nom de Jésus Christ, celui que vous, vous avez crucifié (Act. 4:10). Ces hommes
religieux sont remplis de haine, mais la hardiesse de
Pierre et de Jean les étonne. Ils sont obligés de reconnaître qu’ils
ont
été avec Jésus
(Act. 4:13). Craignant la foule, témoin de ce miracle, ils leur défendent, avec menaces, de parler davantage de ce Nom à qui que ce soit ! Mais
Pierre et Jean, d’un seul cœur, leur répondent : « Jugez s’il est
juste devant Dieu de vous écouter plutôt
que Dieu
» (Act. 4:19).
Relâchés, ces
deux disciples reviennent vers
les leurs
et leur rapportent tout ce qui vient de se passer. La
louange s’élève alors d’un commun accord et ils demandent :
« Maintenant, Seigneur, regarde à leurs menaces et donne à tes
esclaves
d’annoncer ta parole avec toute
hardiesse
» (Act. 4:23-31).
Il y aura donc
sept discours de l’apôtre Pierre, ils forment un tout dans ces chapitres 1, 2,
3, 5, 5, 10 et 15 des Actes. Notons qu’une fois encore, Pierre et Jean partiront ensemble
, à la demande des
apôtres, pour visiter la Samarie, où l’évangile est parvenu.
Ils sont appelés à rendre le témoignage que ces Samaritains, si méprisés par les Juifs, ont vraiment reçu la Parole de Dieu. Ils reconnaissent qu’ils font désormais partie du Corps de Christ et prient pour eux. Puis ils sont baptisés. Pierre et Jean leur imposent les mains et ils reçoivent le Saint Esprit (Act. 8:14-17).
Simon le magicien qui assistait à cette scène, leur offre de l’argent pour recevoir lui aussi le Saint Esprit. Il n’y avait chez lui ni droiture, ni crainte de Dieu ni jugement de lui-même. Seule l’attitude ferme de Pierre et de Jean empêche dans cette affaire l’intrusion du mal dans l’Assemblée (Act. 8:19-23).
Une ultime
fois Pierre et Jean seront
mentionnés ensemble dans l’Écriture, avec Jacques. Ils sont « considérés
comme des
colonnes
» et donnent à Barnabas et à Paul la main
d’association
pour aller vers les nations tandis qu’eux prendront soin de la circoncision
(Gal. 2:8-10).
À chacun de
nous la grâce a été donnée selon
la mesure du don de Christ
.
« Étant monté en haut, il a emmené captive la captivité et a donné des
dons aux hommes » (Éph. 4:7-8). Ce que Dieu a en vue, c’est le perfectionnement
des saints pour l’œuvre du service, l’édification
du Corps de Christ
(Éph. 4:12). L’apôtre Paul déclare qu’à chacun
est donnée la manifestation de l’Esprit, précisant : en vue de l’utilité. Il énumère des
dons, très divers,
avant d’affirmer : « Mais le seul
et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme
il lui plaît »
(1 Cor. 12:4-11).
D’ailleurs
pour illustrer l’unité de l’Église et la diversité des services, il se sert de
l’exemple du corps humain. Il est composé
de beaucoup de membres et d’organes, dont aucun ne peut fonctionner harmonieusement sans les autres. C’est un organisme unique, conduit par la seule
volonté de la tête. Ainsi aussi le Corps de Christ
est composé de beaucoup de membres, en fait chaque vrai croyant est un de ces
membres. C’est un organisme vivant
, un ensemble complexe dont le plus infime a sa raison d’être. Les membres qui paraissent les plus faibles sont
nécessaires.
Nous n’avons
pas à choisir notre activité (v. 11) ni la place où elle
doit s’exercer (v. 18) mais il faut s’appliquer à garder cette merveilleuse unité
dans
la diversité
(Éph. 4:3). Que chacun se garde de mépriser
sa propre fonction
ou d’envier
celle des autres (1 Cor. 12:15-16, 21). Par exemple, l’œil
et le petit doigt ne peuvent pas se remplacer l’un l’autre. Mais le second
permet d’ôter la poussière venue irriter le premier !
Voyant Jean qui suivait, lui aussi le
Seigneur, Pierre
s’enquiert : « Et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? ». Nous
ressemblons souvent sur ce point à Pierre. Mais Jésus lui répond :
« Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que
t’importe
?
Toi, suis-moi » (Jean 21:21-22). « Dieu
a placé
les
membres — chacun d’eux — dans le Corps comme il l’a voulu » (1 Cor. 12:18,
28). Il l’a composé
(1 Cor. 12:24) en donnant un plus grand honneur à ce
qui en manquait. Que chacun s’applique désormais à employer pour les autres
membres
de ce Corps ce qu’il a reçu
, comme un bon
dispensateur
de la
grâce variée de Dieu (1 Pier. 4:10).
Si nous désirons
avec
ardeur
des dons spirituels
plus grands, comme la Parole nous y encourage, demandons en même temps d’être
maintenus
dans l’humilité
, ce qui nous empêchera de nous glorifier d’un don
pourtant simplement reçu
(1 Cor. 4:7). Il n’est pas pour
nous
,
mais pour
l’assemblée
(1 Cor. 14:1, 12). En outre, n’oublions jamais
que sans
l’amour versé
dans notre cœur par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rom. 5:5) nous
ne
sommes rien
. Il est le mobile
indispensable pour l’exercice
de tous les dons. Christ a suivi en perfection à cet égard aussi, son chemin de
Serviteur ici-bas. La liste de tout
ce que l’amour fait
et
surtout ne
fait pas
devrait
suffire à parler très fort à notre conscience (1 Cor. 13).
Ainsi, en
parcourant le récit de la vie de ces deux disciples, Pierre et Jean, cherchons à comprendre un peu mieux le travail
patient
de Dieu à l’égard de chacun des siens. Il veut les rendre « conformes à
l’image de son propre Fils »
et les amener à ce support mutuel, qui se
réalise dans cet amour de Christ qui
nous unit
.
Membres du seul Corps de Christ, comprenons mieux quelle est notre responsabilité de nous « appliquer à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éph. 4:2-3, 15-16).
Enfants de Dieu, vivons sans cesse
Dans cet amour
qui
nous unit
,
Il est l’éternelle richesse
De ceux que le Sauveur bénit.
Abreuvés à la même
source,
N’ayons ensemble
qu’un seul cœur,
Poursuivons notre heureuse course,
Les yeux fixés sur le Sauveur.