Il me craignit et trembla devant mon Nom (Malachie 2:5).
Philippe Laügt
Table des matières :
1 - Nombres 25 — Une séparation pour Dieu
2 - Nombres 31 — Jeter loin les occasions de chute
3 - Josué 22 — Unité du peuple de Dieu ou morcellement amical
4 - Josué 24 v. 33 — Charge sacerdotale
5 - Juges 19 à 21 — Bas état moral du peuple
Le pèlerinage d’Israël touche
à sa fin. Peut-on s’étonner de voir l’Ennemi redoubler d’efforts contre
le peuple de Dieu ? Dans ce but, il se sert de divers instruments. L’un
d’entre eux, Balac, roi de Madian, est saisi de peur à la vue de ce peuple
nombreux qui campe dans les plaines de Moab. Il voudrait frapper et chasser ce
peuple plus fort que lui (Nomb. 22:6), Mais les promesses divines faites à
Abraham rendent ses desseins impossibles (Gen. 15:18).
Aujourd’hui encore, Satan
cherche à faire tomber les enfants de Dieu. Il veut ruiner
l’Église, qui
approche du terme de son voyage. Ce serait un jugement amplement mérité, mais ce
n’est pas la volonté de Dieu
: Il nous a appelés par la gloire et la
vertu et nous a donnés les très-grandes et précieuses promesses (2 Pier. 1:4).
Balac décide d’appeler à
l’aide Balaam, un devin réputé, qui habite fort loin, au bord de l’Euphrate
(Jos. 13:22). Les anciens de Moab et ceux de Madian ont soin de prendre dans
leurs mains le salaire de la divination (Nomb. 22:7). Mais Dieu contraint
Balaam à prononcer, contre son gré, de très belles prophéties à l’égard
d’Israël : « Comment maudirai-je ce que Dieu n’a pas maudit ? » (Nomb.
23:8).
Déçu de ne pas avoir reçu le
« salaire d’iniquité » (2 Pier. 2:15). Balaam enseigne alors à Balac à jeter une
pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, qui habitent
en Sittim au
lieu d’y camper (Nomb. 25:1). Souvent, quand Satan n’a pas réussi à atteindre
son but par une attaque frontale, il cherche à y parvenir d’une manière
détournée.
Une terrible scène se déroule
dans les plaines de Moab. Pris au piège, ce peuple, que Dieu veut garder séparé
pour Lui
, (Nomb. 23:9) va tomber dans ces convoitises charnelles, qui font
la guerre à l’âme (1 Pier. 2:11). L’amitié du monde est plus à craindre que son
opposition ouverte (1 Pier. 4:4). Les fils d’Israël commettent le péché de
fornication avec les filles de Moab. Elles les invitent à manger des choses
sacrifiées aux idoles. Mais l’impureté fait aussi partie de ces cultes
idolâtres (Apoc. 2:14). Israël est maintenant étroitement lié au monde.
Souvent le mal moral va de
pair avec le mal doctrinal. L’Église a suivi le même chemin descendant. Ayant
perdu son premier amour
, sa vigilance s’est relâchée et elle n’a pas
tardé à former une alliance adultère avec le monde.
En se servant de Balaam,
Satan sait que le Dieu saint
ne peut pas tolérer le mal. Il se doit à
lui-même de juger son
peuple, quand il tombe dans le péché. Les desseins
de l’Ennemi n’ont pas changé, d’où l’exhortation de l’apôtre : « N’aimez
pas le monde
, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le
monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1 Jean 2:15). Ce monde paraît parfois
aimable
, et ses propositions plaisent à la chair
. Contrairement à
Moïse, on est souvent tout disposé à jouir « pour un temps des délices du péché »
(Héb. 11:25). Se laisser séduire par les agents de l’Ennemi entraîne la rupture
de la communion avec Dieu.
Sa discipline devient
nécessaire. Pour le présent, elle ne semble pas être un sujet de joie, mais de
tristesse. Nous devons pourtant être reconnaissants, car celui que le Seigneur aime
,
il le discipline. Il agit envers nous comme envers des fils. Sa discipline rend
plus tard le fruit paisible de la justice « à ceux qui sont exercés par elle »
(Héb. 12:6-11 ; Job 23:10).
L’Éternel n’abandonne jamais son peuple malgré son infidélité. Au livre des Juges, Son âme est « en peine de leur misère » (Jug. 10:16). Et pourtant les chutes se sont répétées, aggravées ! Israël est toujours prêt à servir de nouvelles idoles ! l’Église a agi de la même manière, d’où cet ultime avertissement de l’apôtre Jean : « Enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5:21).
Les fils d’Israël se
prosternent devant les dieux de Madian, et s’attachent à
Baal-Péor. La
colère de l’Éternel s’embrase contre eux. Il ordonne de pendre tous les chefs
du peuple coupables devant Lui, à la face du soleil, pour détourner l’ardeur de
sa colère (Nomb. 25:4). C’était un châtiment exemplaire, mais les juges ne se
hâtent pas d’obéir à l’injonction de Moïse : « Que chacun de vous tue ses
hommes, qui se sont attachés à Baal-Péor ». Le mal a déjà gagné en profondeur et
ils ne sont plus disposés
à se soumettre à ce commandement divin. Une
fois de plus, on constate qu’un peu
de levain fait lever la pâte tout
entière (1 Cor. 5:6).
D’ailleurs, loin de se
repentir, Israël fait un nouveau pas
sur le chemin de la désobéissance.
Jusqu’ici, pour se livrer à l’idolâtrie et à la débauche, les Israélites se
sont probablement rendus au sanctuaire de Baal-Péor. Quelle honte de voir
maintenant Zimri, fils de Salu, prince
d’une des maisons de Siméon,
amener, avec une rare impudence, une madianite, sous les yeux
de Moïse
et de toute l’assemblée, à l’entrée de la tente d’Assignation ! Cozbi (=
mon mensonge) était la fille de Tsur, chef d’une maison de père en Madian. Aux
yeux du monde, ce n’est donc même pas une « mésalliance », tout peut
« s’arranger ». Mais pour Dieu, c’est se mettre ouvertement sous un joug mal
assorti avec une incrédule.
La Parole nous avertit
solennellement : « Quelle participation y a-t-il entre la justice et
l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ?
et quel accord de Christ avec Béliar ? ou quelle part a le croyant avec
l’incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les
idoles ? » (2 Cor. 6:14-16). Tous les rachetés sont concernés : « Vous
êtes le temple du Dieu vivant ». Rester séparé de la souillure, est un aspect capital
de la marche du croyant dans ce monde, et pourtant que de brèches, en relation
en particulier avec le mariage
! Nos désobéissances multipliées ont
de terribles conséquences au milieu de l’Assemblée.
Ceux qui assistent à cette
scène, pleurent
. Sans avoir semble-t-il la force de se lever, pour
s’opposer fermement au mal. Mais, dans sa grâce, l’Éternel a préparé un
serviteur fidèle
: Phinées, fils d’Éléazar, fils d’Aaron. La Parole
de Dieu fait ressortir que ses motifs sont purs. Phinées est jaloux de la
jalousie de Dieu au milieu d’eux
(Nomb. 25:11 ; Ps. 106:29-30). Il
ressent profondément l’outrage fait à Sa gloire, se lève, entre dans la tente
et exécute le jugement mérité par cet israëlite et cette madianite, dont les
noms, et même la généalogie, sont conservés dans le Livre de Dieu (Nomb.
25:14-15).
La fidélité de Phinées détourne le courroux de l’Éternel. La plaie, qui a déjà commencé, s’arrête, mais il y a déjà vingt-quatre mille morts ! Ils sont nombreux ceux qui tombent dans le désert, alors que le but est si près d’être atteint !
C’est le cas, par exemple, du
père des filles de Tselophkad. Elles reconnaissent devant Moïse et devant
Éléazar : « Notre père est mort dans le désert. Et Il n’était pas dans
l’assemblée de ceux qui s’ameutèrent contre l’Éternel, dans l’assemblée de
Coré, mais il est mort dans son
péché et il n’a pas eu de fils (Nomb.
27:3). Quel était son péché ? Nous l’ignorons, mais le salaire du péché,
c’est la mort. Prenons donc garde de tomber, en imitant une semblable
désobéissance (1 Cor. 10:12).
Phinées reçoit une alliance
de paix, une alliance de sacrificature perpétuelle « parce qu’il a été jaloux
pour son Dieu » (Nomb. 25:13). Le sommes-nous aussi ? Ses droits sur nos
vies sont-ils reconnus ? La soumission à Ses commandements, qui seule
montre la réalité
de notre amour, n’est-elle pas souvent battue en
brèche ? (Jean 14:21).
L’Éternel ordonne à Moïse de serrer
de près
les Madianites qui vivaient alors au milieu de Moab :
« Frappez-les ; car eux vous ont serrés de près par leurs ruses, par
lesquelles ils vous ont séduits dans l’affaire de Péor » (Nomb. 25:16-18). Au
chapitre 31, l’heure d’un châtiment impitoyable contre ces Madianites sonne. Ce
sera le dernier acte de la vie officielle
de Moïse (tandis que
Deutéronome 34 décrit la fin de sa vie personnelle
).
Cette guerre a un caractère
particulier : c’est leur propre
infidélité qui l’a rendue nécessaire. Il
faut effacer la souillure produite par cette association impure.
Comme chrétiens, Dieu nous
appelle à traverser le monde comme des pèlerins et des étrangers. Il désire que
nous reluisions comme des luminaires au milieu des ténèbres morales environnantes
(Phil. 2:15). Si la séparation
n’est pas maintenue, l’alliance avec le
monde aura pour un chrétien les mêmes conséquences que pour un israélite.
Ce mal doit être entièrement
jugé. La scène décrite dans Nombres 31 est une figure de l’empressement avec
lequel nous devons « couper » et « jeter loin de nous » toutes les occasions de
chute (Matt. 5:29-30).
Mille hommes par tribu
sont envoyés à la guerre, tout
le peuple est concerné
. Ils n’ont
pas un général à leur tête, mais un sacrificateur
. Phinées s’est montré
fidèle dans l’affaire de Baal-Péor : « Il a dans sa main les ustensiles du
lieu saint », plus précisément ici ce sont les trompettes au son éclatant (Nomb.
31:6). Ces trompettes ont pour rôle de rappeler le peuple en mémoire devant
l’Éternel quand, à la guerre, l’ennemi les presse (Nomb. 10:9). Balaam, fils de
Béor, est là aussi, et il est tué avec les rois (Nomb. 31:8).
À la fin du combat, les
guerriers présentent spontanément une magnifique offrande à l’Éternel : Il
ne manque pas un seul homme parmi
eux ! Dans cette application
particulière du ministère sacerdotal, Phinées a bien rempli son office (Nomb.
31:49-50). La vengeance paraît complète, la victoire totale, mais instruit par
son intimité habituelle avec Dieu,
Moïse se met en colère contre les
commandants de l’armée, les chefs de milliers et les chefs de centaines (Nomb.
31:14). Ils sont tous solidairement responsables d’avoir laissé en vie toutes
les femmes
de Madian. Or c’est justement elles
qui, « à la parole
de Balaam, ont donné occasion aux fils d’Israël de commettre une infidélité
contre l’Éternel » (Nomb. 31:16). Elles sont donc à l’origine de cette terrible plaie
qui a frappé Israël. Les combattants se sont-ils laissé aller à une pitié qui
n’est pas de saison ? La justice de Dieu et sa sainteté doivent prévaloir.
Phinées et son armée
apprendront, dans la douleur, les conséquences de leurs fautes. Ils resteront hors
du camp — de ce camp où Dieu habite
— (Nomb. 5:3) jusqu’à qu’ils se
soient purifiés
, eux et leurs captifs, avec l’eau de séparation (Nomb.
19:18-19) appliquée le troisième et le septième jour. Ce n’est qu’après avoir
lavé leurs vêtements, qu’ils pourront entrer dans le camp. Même les objets
ayant appartenus à Madian, devront être purifiés, soit par le feu
, soit
par l’eau
(Nomb. 31:20-23).
Dans nos vies, un manque de
séparation du monde, même provisoire, a des conséquences douloureuses. Dieu
intervient dans sa grâce pour nous en délivrer et nous ramener à Lui. Il veut
que le lien
formé, mais aussi la racine du mal soient détruits. Une fois
comprise l’origine
de la chute, il faut la confesser
et abandonner
,
avec une sainte énergie, ce qui est à l’origine de cette association coupable.
Huit ans après, les
combattants des deux tribus et demi, Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé,
qui ont lutté avec leurs frères dans le pays et remporté tant de victoires,
retournent vers leurs familles. Ils ont manifesté un réel esprit de sacrifice
en acceptant une si longue séparation ! Mais ils sont attachés à leurs
biens terrestres au-delà
du Jourdain, dans un pays que l’Éternel ne leur
a point destiné.
Ils sont mal à l’aise, et
soudain inquiets en pensant à l’avenir : Leurs fils ne vont-ils pas oublier
leur appartenance au peuple de Dieu, qui habite dans
le pays de la
promesse, de l’autre côté
du Jourdain ? Ils cherchent un moyen de
se prémunir contre ce danger. Se fiant à leur propre sagesse, ils décident
d’édifier un autel de grande apparence
. Il est imposant, il attire les
regards, on peut l’admirer (Marc 13:1). Il est bâti au bord de ce Jourdain,
traversé dans l’autre sens
, sous la conduite de l’Éternel, pour prendre
possession de Canaan. Mais maintenant, revenus en arrière, leur position douteuse
les amène à cette bruyante profession de foi.
Les autres tribus, implantées
dans le pays
, entendent vite parler de cet autel bâti en face
de
Canaan, devant les autres tribus d’Israël ! Elles craignent que ce
monument ne se transforme rapidement en autel. Alors, si des sacrifices y sont
offerts, l’indépendance des tribus de Ruben, Gad et Manassé deviendra évident.
Toute l’assemblée se réunit
alors à Silo, où se trouve l’arche de Dieu, et s’apprête à monter en bataille
contre leurs frères ! (Jos. 22:11-12). N’ont-ils pas choisi de vivre
en dehors des limites naturelles du pays ? Seront-ils longtemps disposées
à traverser le Jourdain, pour venir adorer au
lieu
que l’Éternel
a choisi pour y faire habiter son Nom ? (Deut. 12:11).
Jéroboam fera le même calcul
plus tard. Pour détourner
les dix tribus de continuer d’aller à
Jérusalem, il leur proposera un culte plus commode
, à proximité de leur
habitation. Il placera deux veaux d’or, l’un à Dan et l’autre à Béthel !
(1 Rois 12:26-33).
Les chrétiens ont agi de
façon comparable. Ils ont écouté des enseignements d’homme et se sont
rapidement divisés. Cet état misérable a été appelé « le morcellement
amical » ! Au lieu de chercher à garder l’unité
du peuple de Dieu,
les croyants se réunissent ici ou là, en se réclamant de « confessions de foi »
plus ou moins correctes.
Heureusement, avant de partir
en guerre contre leurs frères en Transjordanie, les autres tribus décident
d’envoyer une délégation juger de la gravité réelle de la situation. À sa tête,
se trouve tout naturellement Phinées, accompagné de dix princes. Le fils
d’Éléazar a été le seul
qui se soit montré pur dans l’affaire de
Baal-Péor.
En s’adressant aux supposés
coupables, il commence par rappeler
, en termes touchants, d’autres
fautes graves commises par l’ensemble du peuple. Son discernement spirituel
s’allie à un esprit de grâce
, et il n’a pas de prétention personnelle.
Comme Daniel le fera plus tard (Dan. 9:20), il s’associe
au peuple pour
reconnaître humblement : « Nous
ne nous sommes toujours pas
purifiés
de l’iniquité de Péor » (Jos. 22:7).
Leur péché n’a donc pas
vraiment été confessé et abandonné
? (Prov. 28:13 ; 1 Jean
1:9). Rester dans un tel état, rend encore plus vulnérable aux ruses variées de
l’Ennemi, qui a toujours un allié naturel avec notre chair
. Dans un
monde souillé et corrompu, seule une dépendance constante du Seigneur peut me
garder de chute (Matt. 26:41 ; Ps. 16:1). Et si l’Ennemi réussit à me
surprendre, il faut confesser aussitôt avec humiliation ses fautes. Nous avons
un Avocat auprès du Père, et il est la propitiation pour nos péchés (1 Jean
2:1-2).
Y a-t-il une assemblée de vrais croyants qui pourrait affirmer qu’il n’y a au milieu d’elle aucune souillure, aucun péché, rien qui attriste le coeur du Seigneur ? Le mal est souvent la conséquence, comme dans l’affaire de Péor, d’un mépris des droits du Seigneur et de la sainteté de son Assemblée.
Phinées ajoute : « Si
vous vous rebellez aujourd’hui contre Dieu, c’est contre toute
l’assemblée qu’il sera demain courroucé » (Jos. 22:18). Ce serviteur est ferme
vis à vis du mal mais il a aussi un coeur généreux. Il propose aux deux tribus
et demie de passer dans le pays, pour y recevoir une possession au milieu
de leurs frères et être tout près
du tabernacle ! (Jos. 22:19). Son
exemple nous engage à rester fidèle et zélé pour Christ, sans négliger de
manifester la grâce,
seule susceptible de toucher les coeurs.
Les guerriers de ces deux
tribus et demi ont partagé avec leurs frères, durant de longues années, les
combats de l’Éternel. Pourtant ils ne semblent pas réaliser combien la place
qu’ils prennent à l’écart
du reste du peuple de Dieu est dangereuse.
L’offre généreuse de Phinées reste sans écho.
Mais le style brusque de leur
réponse trahit leur émotion
. Combien de titres divins sont rappelés. Ils
se récrient au sujet des intentions qu’on leur prête : « L’Éternel, lui le
sait, et Israël, lui le saura, si c’est par rébellion, et si c’est par iniquité
contre l’Éternel, que nous nous sommes bâti un autel, pour nous détourner de
l’Éternel
» (Jos. 22:22-23). Ils ajoutent : si c’est le cas, que Dieu
ne nous sauve pas en ce jour ! (Jos. 22:21-23).
Malgré les apparences, et
leur ignorance des conséquences pratiques de l’unité du peuple de Dieu, ils
désirent rester fidèles à l’Éternel. Ils n’ont pas l’intention d’offrir des
holocaustes, des offrandes de gâteau ou des sacrifices de prospérité sur cet
autel de Hed (témoin). Ils affirment l’avoir édifié, par crainte
que
plus tard, les fils des autres
tribus d’Israël ( !) ne disent à leurs
propres enfants : « Qu’y a t-il de commun entre vous et l’Éternel » — se
fondant justement sur cette frontière du Jourdain, qui, désormais, les sépare.
Ils redoutent que leurs fils ne soient entraînés, par les autres fils
d’Israël
, à cesser de craindre l’Éternel ! (Jos. 22:25), La forme
même de leur monument est la preuve, qu’ils n’ont pas l’intention d’offrir des
sacrifices ailleurs que sur l’autel de l’Éternel, devant son tabernacle (Jos.
22:29).
On peut trouver cette
explication plutôt confuse, mais leur réponse est bonne
aux yeux de
Phinées et des autres princes. La confiance mutuelle
est rétablie (Jos.
22:30). Avec reconnaissance, Phinées et ses compagnons constatent qu’il n’y a
pas de crime
ni d’infidélité contre Dieu, que ses droits sont
reconnus : « Maintenant, vous avez sauvé les fils d’Israël de la main de l’Éternel »
(Jos. 22:31) déclare le sacrificateur. Et Phinées se hâte, avec les princes, de
rapporter cette bonne nouvelle à ses frères, restés dans le pays. Jusqu’ici,
ils étaient presque
convaincus de la culpabilité de leurs frères, de
l’autre côté du Jourdain.
Gardons-nous de porter des
jugements hâtifs, l’amour ne suppose pas le mal, mais il se réjouit avec la
vérité (1 Cor. 13:5-6) ! Une guerre civile a été évitée, la paix
entre frères est retrouvée et vers Dieu monte la reconnaissance (Jos. 22:33).
À la fin de ce livre de
Josué, Éléazar, le Prince des Lévites, entre dans le repos. Il a été un
conducteur et un sacrificateur fidèle. Il est enterré dans « le coteau » de
Phinées, son fils — un héritage précieux
qui se trouve dans la montagne
d’Éphraïm (Jos. 24:33). Selon la succession sacerdotale sous la loi, c’est
Phinées qui, à son tour, devient Souverain Sacrificateur, avec les Urim et les
Thummim (Exode 28 :30 ; lumières et perfections), et se tenant devant
l’arche de Dieu : comme tous les souverains sacrificateurs, il a à
chercher à discerner la volonté de Dieu, pour guider Son peuple dans le bon
chemin. Les fils d’Israël sont tout à fait libres de venir interroger
l’Éternel : le font-ils ? le faisons-nous avec notre Souverain
Sacrificateur qui a la sacrificature qui ne se transmet pas (Héb.
7:23-24) ?
Nous n’entendons plus parler
de Phinées jusqu’à la fin du livre des Juges (20:28). La corruption morale est
à son comble. Un grand mal est commis à Guibha (Jug. 19 à 20). Aussitôt, tout
le peuple, hormis Benjamin qui refuse de se désolidariser des coupables, se
rassemble comme un seul homme
à Mitspa.
Mais l’état de tout Israël
est si mauvais
que Dieu décide de lui faire d’abord connaître son juste
jugement, avant de s’occuper de Benjamin, qui s’est identifié avec Guibha, au
lieu de s’en séparer
.
Hélas, il n’y a pas de vraie
humiliation collective au milieu du peuple. On se montre prompt à dénoncer la
culpabilité de son frère, de Benjamin, mais l’on ne sent pas sa
propre
responsabilité devant Dieu. Comme dans tant d’autres cas, les consciences et
les coeurs ont besoin d’être labourés
! Dans son amour, Dieu fait passer les
siens
par une grande épreuve, pour les amener à s’humilier
devant
Lui.
Israël connaît deux défaites
successives dans son combat contre Benjamin. Elles vont peu à peu transformer
l’indignation et la prétention en vraie repentance
devant Dieu. Elle se
traduit par une volonté brisée et une grande tristesse. La légèreté a disparu.
Le peuple monte à Béthel, demeure
devant l’Éternel. Ils pleurent et
jeûnent ce jour-là. Ensuite seulement, ils offrent des sacrifices.
Dans l’assemblée aussi, il
faut réaliser que tout péché est vraiment à la honte de l’ensemble. Se tenir
humblement devant Dieu, produit un indispensable jugement de nous-mêmes
.
Ce travail de confession et ce désir de purification se produisent enfin ici
dans le coeur du peuple.
Comprenons la portée actuelle
de cette scène. Dieu veut nous faire toucher du doigt que dans une telle extrémité
,
il convient de pleurer et de s’humilier devant Lui. Brisés, il faut s’asseoir
au lieu de s’agiter, et attendre
avec patience Sa
réponse.
Dans cette douloureuse
circonstance que Phinées est enfin appelé à interroger l’Éternel. Il est
jusqu’ici, semble-t-il, resté silencieux, près de l’arche. Mais maintenant, à
la requête d’Israël, il demande à l’Éternel : « Sortirai-je encore de
nouveau pour livrer bataille aux fils de Benjamin, mon frère
, ou
cesserai-je ? David affirme, par expérience personnelle : « Ô
Dieu ! tu ne mépriseras pas un coeur brisé et humilié » (Ps. 51:17). Or la
façon dont Phinées formule la prière du peuple, montre qu’Israël est enfin prêt
à s’abandonner
à la volonté de Dieu. Alors l’Éternel répond :
« Montez, car demain je les livrerai en ta main » (Jug. 20:28).
Mais si la tribu de Benjamin,
battue
par l’Éternel
, perd vingt-cinq mille hommes dans la
bataille, les autres tribus en ont déjà perdu quarante mille. Il n’y a pas, il
ne peut pas
y avoir, de vainqueurs et de vaincus, dans cette terrible
affaire. Dès le commencement de cette épreuve, la volonté de Dieu n’a pas été
humblement recherchée : les conséquences sont très amères.
Comme David, au désert d’abord, dans le pays ensuite, Phinées éprouve donc, qu’au service de Dieu, les combats ne manquent pas. Mais le Seigneur s’est tenu près de lui et l’a fortifié. Il est resté fidèle dans l’adversité (2 Tim. 4:17). Il est parmi ces serviteurs de Dieu dont la Parole déclare : « Considérant l’issue de leur conduite, imitez leur foi » (Héb. 13:7).
Au début du premier livre des
Chroniques, à propos de Phinées, on trouve encore cette appréciation
divine : « Phinées, fils d’Éléazar, fut autrefois prince sur eux :
L’Éternel était avec lui » (1 Chr. 9:20). Peut-il y avoir plus précieux résumé
d’une vie ? Il était prince sur les Corites, objets d’une grâce insigne de
la part de Dieu. Ils gardaient maintenant, comme portiers, les seuils de la
tente d’assignation (1 Chr. 9:19).
Un Psaume rappelle que dans
l’affaire de Baal-Péor, Phinées se leva et exécuta le jugement, et la peste fut
arrêtée. Dieu le lui compta à justice, de génération en génération, à
toujours
(Ps. 106:30-31). En effet sa postérité
exerça la souveraine
sacrificature. Outre des figures comme Akhitub ou Akhimaats, il faut parler de
Tsadok, dont les fils seront sacrificateurs dans le temple nouveau, pendant la
période milléniale (Ézé. 40:46 ; 43:19 ; 44:15).
Rappelons durant la
captivité, au temps d’Artaxerxès, roi de Perse, le rôle remarquable d’Esdras,
lui aussi descendant de Phinées. Ce sacrificateur et scribe « avait disposé son
coeur à rechercher
la loi de l’Éternel, et à la faire
, et à enseigner
en Israël les statuts et les ordonnances » (Esd. 7:10).
Puisse-t-il y avoir davantage de frères en Christ ayant, comme Phinées, à coeur la gloire de Dieu, qui se lèvent dans l’Assemblée pour servir les intérêts du Seigneur. Une précieuse récompense leur est promise : entrer dans la joie de leur Maître (Matt. 25:21, 23).
Veuille, ô Jésus, mon Rédempteur,
M’animer d’un saint zèle !
Fais qu’à jamais ton serviteur
Te demeure fidèle.