JOB

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Chapitre 1

1 Il y avait dans le pays d’Uts un homme dont le nom était Job ; et cet homme était parfait* et droit, craignant Dieu et se retirant du mal.

2 Et il lui naquit sept fils et trois filles ;

3 et il possédait sept mille brebis*, et trois mille chameaux, et cinq cents paires de bœufs, et cinq cents ânesses ; et [il avait] un très-grand nombre de serviteurs ; et cet homme était plus grand que tous les fils de l’orient.

— v. 1 : complet, à qui rien ne manque ; comparer 2 Sam. 22:24. — v. 3 : et chèvres.

4 Et ses fils allaient et faisaient un festin, chacun dans [sa] maison, à son jour ; et ils envoyaient appeler leurs trois sœurs pour manger et pour boire avec eux.

5 Et il arrivait que, quand les jours de festin étaient terminés, Job envoyait [vers eux] et les sanctifiait : il se levait de bonne heure le matin et offrait des holocaustes selon leur nombre à tous, car Job disait : Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils maudit Dieu dans leurs cœurs. Job faisait toujours ainsi.


6 Or, un* jour, il arriva que les fils de Dieu vinrent se présenter devant l’Éternel, et Satan** aussi vint au milieu d’eux.

7 Et l’Éternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Éternel et dit : De courir çà et là sur la terre et de m’y promener.

8 Et l’Éternel dit à Satan : As-tu considéré mon serviteur Job, qu’il n’y a sur la terre aucun homme comme lui, parfait et droit, craignant Dieu, et se retirant du mal ?

9 Et Satan répondit à l’Éternel et dit : Est-ce pour rien que Job craint Dieu ?

10 Ne l’as-tu pas, toi, entouré de toutes parts d’une haie de protection, lui, et sa maison, et tout ce qui lui appartient ? Tu as béni le travail de ses mains, et tu as fait abonder son avoir sur la terre.

11 Mais étends ta main et touche à tout ce qu’il a : [tu verras] s’il ne te maudit pas en face.

12 Et l’Éternel dit à Satan : Voici, tout ce qu’il a est en ta main, seulement tu n’étendras pas ta main sur lui. Et Satan sortit de la présence de l’Éternel.

— v. 6* : litt. : le ; comparer 2 Rois 4:18. — v. 6** : litt. : le Satan, c’est-à-dire l’adversaire.

13 Et, un jour, il arriva que ses fils et ses filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère premier-né ;

14 et un messager vint à Job et dit : Les bœufs labouraient et les ânesses paissaient auprès d’eux,

15 et ceux de Sheba sont tombés [sur eux] et les ont pris, et ils ont frappé les jeunes hommes par le tranchant de l’épée ; et j’ai échappé, moi seul, pour te l’annoncer.

16 Celui-ci parlait encore, qu’un autre vint et dit : Le feu de Dieu est tombé du ciel et a brûlé les brebis et les jeunes hommes, et les a consumés ; et j’ai échappé, moi seul, pour te l’annoncer.

17 Celui-ci parlait encore, qu’un autre vint et dit : Les Chaldéens ont formé trois bandes, et se sont jetés sur les chameaux et les ont pris, et ils ont frappé les jeunes hommes par le tranchant de l’épée ; et j’ai échappé, moi seul, pour te l’annoncer.

18 Celui-ci parlait encore, qu’un autre vint et dit : Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère premier-né,

19 et voici, un grand vent est venu de delà le désert et a donné contre les quatre coins de la maison, et elle est tombée sur les jeunes gens et ils sont morts ; et j’ai échappé, moi seul, pour te l’annoncer.

20 Et Job se leva, et déchira sa robe, et rasa sa tête, et se jeta à terre et se prosterna.

21 Et il dit : Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu j’y retournerai ; l’Éternel a donné, et l’Éternel a pris ; que le nom de l’Éternel soit béni !

22 En tout cela Job ne pécha pas, et n’attribua rien à Dieu qui fût inconvenable*.

— v. 22 : ou : et ne proféra rien d’inconvenant contre Dieu.

Chapitre 2

1 Or, un jour, il arriva que les fils de Dieu vinrent se présenter devant l’Éternel, et Satan aussi vint au milieu d’eux se présenter devant l’Éternel.

2 Et l’Éternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Éternel et dit : De courir çà et là sur la terre et de m’y promener.

3 Et l’Éternel dit à Satan : As-tu considéré mon serviteur Job, qu’il n’y a sur la terre aucun homme comme lui, parfait et droit, craignant Dieu, et se retirant du mal ? Et encore il reste ferme dans sa perfection, alors que tu m’as incité contre lui pour l’engloutir sans cause.

4 Et Satan répondit à l’Éternel et dit : Peau pour peau, et tout ce qu’un homme a, il le donnera pour sa vie ;

5 mais étends ta main et touche à ses os et à sa chair : [tu verras] s’il ne te maudit pas en face.

6 Et l’Éternel dit à Satan : Le voilà entre tes mains, seulement épargne sa vie.

7 Et Satan sortit de la présence de l’Éternel ; et il frappa Job d’un ulcère malin, depuis la plante de ses pieds jusqu’au sommet de sa tête.

8 Et il prit un tesson pour s’en gratter, et il était assis dans la cendre.

9 Et sa femme lui dit : Restes-tu encore ferme dans ta perfection ? Maudis Dieu et meurs.

10 Et il lui dit : Tu parles comme parlerait l’une des insensées ; nous avons reçu le bien aussi de la part de Dieu, et nous ne recevrions pas le mal ? En tout cela Job ne pécha point de ses lèvres.


11 Et trois amis de Job apprirent tout ce mal qui lui était arrivé et vinrent chacun de son lieu, Éliphaz, le Thémanite, et Bildad, le Shukhite, et Tsophar, le Naamathite ; et ils s’entendirent ensemble pour venir le plaindre et le consoler.

12 Et ils levèrent les yeux de loin, et ils ne le reconnurent pas ; et ils élevèrent leur voix et pleurèrent, et ils déchirèrent chacun sa robe et répandirent de la poussière sur leurs têtes [en la jetant] vers les cieux.

13 Et ils s’assirent avec lui à terre sept jours et sept nuits, et nul ne lui dit une parole, car ils voyaient que sa douleur était très-grande.

*

Chapitre 3

1 Après cela, Job ouvrit sa bouche et maudit son jour.

2 Et Job prit la parole et dit :

3 Périsse le jour auquel je naquis, et la nuit qui dit : Un homme a été conçu !

4 Ce jour-là, qu’il soit ténèbres ; que #Dieu* ne s’en enquière pas d’en haut, et que la lumière ne resplendisse pas sur lui !

5 Que les ténèbres et l’ombre de la mort le réclament ; que les nuées demeurent sur lui ; que ce qui assombrit les jours le terrifie !

6 Cette nuit-là, que l’obscurité s’en empare ; qu’elle ne se réjouisse point parmi les jours de l’année, qu’elle n’entre pas dans le nombre des mois !

7 Voici, que cette nuit-là soit stérile ; que les cris de joie n’y entrent pas !

8 Que ceux qui maudissent le jour la maudissent, ceux qui sont prêts à réveiller Léviathan !

9 Que les étoiles de son crépuscule soient obscurcies ; qu’elle attende la lumière, et qu’il n’y en ait point, et qu’elle ne voie pas les cils de l’aurore !

10 Parce qu’elle n’a pas fermé les portes du sein qui m’a porté*, et n’a pas caché la misère de devant mes yeux.

— v. 4 : hébreu : Éloah ; voir note à Deut. 32:15. — v. 10 : litt. : de mon sein.

*

11 Pourquoi ne suis-je pas mort dès la matrice, n’ai-je pas expiré quand je sortis du ventre ?

12 Pourquoi les genoux m’ont-ils rencontré, et pourquoi les mamelles, pour les téter ?

13 Car maintenant je serais couché et je serais tranquille, je dormirais : alors j’aurais du repos,

14 Avec les rois et les conseillers de la terre qui se bâtissent des solitudes*,

15 Ou avec les princes qui ont de l’or, qui ont rempli d’argent leurs maisons ;

16 Ou, comme un avorton caché, je n’aurais pas été, — comme les petits enfants qui n’ont pas vu la lumière.

17 Là, les méchants ont cessé leur tumulte, et là ceux dont les forces sont épuisées par la fatigue sont en repos ;

18 Les prisonniers demeurent ensemble tranquilles, ils n’entendent pas la voix de l’exacteur ;

19 Là sont le petit et le grand, et le serviteur libéré de son maître.

— v. 14 : ou : qui rebâtissent des édifices ruinés.

*

20 Pourquoi la lumière est-elle donnée au misérable, et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme,

21 À ceux qui attendent la mort, et elle n’est pas là, — qui la cherchent plus que des trésors cachés,

22 Qui se réjouissent jusqu’aux transports [et] sont dans l’allégresse, parce qu’ils* ont trouvé le sépulcre, —

23 À l’homme de qui le chemin est caché et que #Dieu a enfermé de toutes parts ?

24 Car mon gémissement vient avant mon pain, et mes rugissements débordent comme des eaux.

25 Car j’ai eu une crainte, et elle est venue sur moi, et ce que j’appréhendais m’est arrivé.

26 Je n’étais pas en sécurité, et je n’étais pas tranquille ni en repos, et le trouble est venu.

— v. 22 : ou : lorsqu’ils.

*

Chapitre 4

1 Et Éliphaz, le Thémanite, répondit et dit :

2 Si nous essayons de t’adresser une parole, en seras-tu irrité ? Mais qui pourrait se retenir de parler ?

3 Voici, tu en as enseigné beaucoup, et tu as fortifié les mains languissantes ;

4 Tes paroles ont tenu droit celui qui chancelait, et tu as affermi les genoux qui ployaient ;

5 Mais maintenant [le malheur] est venu sur toi, et tu es irrité ; il t’atteint, et tu es troublé.

6 Ta crainte [de Dieu] n’est-elle pas ta confiance, et l’intégrité* de tes voies, ton espérance ?

— v. 6 : litt. : perfection ; voir la note à 1:1.

*

7 Souviens-toi, je te prie, qui a péri étant innocent ? et où les hommes droits ont-ils été détruits ?

8 Selon ce que j’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment la misère, la moissonnent.

9 Ils périssent par le souffle de #Dieu, et sont consumés par le souffle de ses narines.

10 Le rugissement du lion et la voix du [lion] rugissant [sont étouffés], et les dents des jeunes lions sont brisées ;

11 Le fort lion périt faute de proie, et les petits de la lionne sont dispersés.

*

12 Une parole vint à moi secrètement, et mon oreille en saisit la susurration,

13 Au milieu des pensées que font naître les visions de la nuit, quand un sommeil profond tombe sur les hommes ;

14 La frayeur vint sur moi, et le frisson, et elle fit trembler la multitude de mes os ;

15 Et un esprit passa devant moi : les cheveux de ma chair se dressèrent.

16 Il se tint là ; je ne reconnus pas son apparence : une forme était devant mes yeux. J’entendis un léger murmure et une voix :

17 Un mortel sera-t-il plus juste que #Dieu, l’homme sera-t-il plus pur que celui qui l’a fait ?

18 Voici, il ne se fie pas à ses serviteurs, et ses anges il les charge de folie ;

19 Combien plus à ceux qui habitent dans des maisons d’argile dont le fondement est dans la poussière, qui sont écrasés comme la teigne !

20 Du matin au soir, ils sont frappés ; ils périssent pour toujours sans qu’on y fasse attention.

21 Leurs cordes* ne leur sont-elles pas arrachées ? Ils meurent, et sans sagesse.

— v. 21 : les cordes qui retiennent une tente ; comparer És. 33:20.

Chapitre 5

1 Crie donc ! Y a-t-il quelqu’un qui te réponde ? Et vers lequel des saints te tourneras-tu ?

2 Car le chagrin fait mourir le sot, et la jalousie* tue le simple.

3 J’ai vu le sot s’enraciner, et soudain j’ai maudit sa demeure ;

4 Ses fils sont loin de la sûreté, et sont écrasés dans la porte, et il n’y a personne pour délivrer ;

5 Sa moisson, l’affamé la mange, et jusque parmi les épines il la prend ; et le piège guette son bien.

6 Car l’affliction ne sort pas de la poussière, et la misère ne germe pas du sol ;

7 Car l’homme est né pour la misère, comme les étincelles* volent en haut.

8 Mais moi je rechercherai *Dieu*, et devant Dieu je placerai ma cause, —

9 Qui fait de grandes choses qu’on ne peut sonder, des merveilles à ne pouvoir les compter ;

10 Qui donne la pluie sur la face de la terre, et envoie des eaux sur la face des campagnes,

11 Plaçant en haut ceux qui sont abaissés ; et ceux qui sont en deuil sont élevés au bonheur.

12 Il dissipe les projets des hommes rusés, et leurs mains n’accomplissent pas leurs conseils.

13 Il prend les sages* dans leur ruse, et le conseil des astucieux est précipité** :

14 De jour, ils rencontrent les ténèbres, et en plein midi ils marchent à tâtons, comme de nuit.

15 Et il sauve le pauvre de l’épée, de leur bouche, et de la main du fort ;

16 Et il arrive au chétif ce qu’il espère, et l’iniquité a la bouche fermée.

— v. 2 : ou : la colère. — v. 7 : litt. : les fils de la flamme. — v. 8 : hébreu : El ; voir la note à Genèse 14:18. — v. 13* : ou : habiles. — v. 13** : ou : renversé.

*

17 Voici, bienheureux l’homme que #Dieu reprend ! Ne méprise donc pas le châtiment du Tout-puissant.

18 Car c’est lui qui fait la plaie et qui la bande ; il frappe, et ses mains guérissent.

19 En six détresses il te délivrera, et, dans sept, le mal ne t’atteindra pas.

20 Dans la famine il te délivrera de la mort, et, dans la guerre, de la puissance* de l’épée.

21 Tu seras à couvert du fouet de la langue, et tu ne craindras pas le désastre quand il viendra.

22 Tu te riras du désastre et de la faim, et tu n’auras pas peur des bêtes de la terre ;

23 Car tu auras une alliance avec les pierres des champs, et les bêtes des champs seront en paix avec toi.

24 Tu sauras que ta tente est prospère, tu visiteras ta demeure* et tu n’y trouveras rien de manque,

25 Et tu sauras que ta postérité est nombreuse, et tes rejetons, comme l’herbe de la terre.

26 Tu entreras au sépulcre en bonne vieillesse, comme on enlève le tas de gerbes en sa saison.

27 Voici, nous avons examiné cela ; il en est ainsi. Écoute-le, et sache-le pour toi-même.

— v. 20 : litt. : des mains. — v. 24 : ou : tes parcs.

Chapitre 6

1 Et Job répondit et dit : Oh ! si mon chagrin était bien pesé,

2 et si on mettait toute* ma calamité dans la balance !

3 Car maintenant elle pèserait plus que le sable des mers ; c’est pourquoi mes paroles sont outrées ;

4 Car les flèches du Tout-puissant sont en moi, leur venin boit mon esprit ; les frayeurs de #Dieu se rangent en bataille contre moi.

5 L’âne sauvage brait-il auprès de l’herbe ? Le bœuf mugit-il auprès de son fourrage ?

6 Ce qui est insipide, le mange-t-on sans sel ? Y a-t-il de la saveur dans le blanc d’un œuf ?

7 Ce que mon âme refusait de toucher est comme* ma dégoûtante nourriture.

— v. 2 : litt. : ensemble. — v. 7 : ou : est devenu comme.

*

8 Oh ! si ma demande s’accomplissait, et si #Dieu m’accordait mon désir,

9 S’il plaisait à #Dieu de m’écraser, de lâcher sa main et de me retrancher !

10 Alors il y aurait encore pour moi une consolation, et, dans la douleur qui ne m’épargne pas, je me réjouirais de ce que je* n’ai pas renié les paroles du Saint.

11 Quelle est ma force pour que j’attende, et quelle est ma fin pour que je patiente ?

12 Ma force est-elle la force des pierres ? Ma chair est-elle d’airain ?

13 N’est-ce pas qu’il n’y a point de secours en moi, et que toute capacité est chassée loin de moi ?

— v. 10 : ou : car je.

*

14 À celui qui est défaillant est due la miséricorde de la part de son ami, sinon il abandonnera la crainte du Tout-Puissant.

15 Mes frères m’ont trahi comme un torrent, comme le lit des torrents qui passent,

16 Qui sont troubles à cause des glaces, dans lesquels la neige se cache ;

17 Au temps où ils se resserrent* ils tarissent, quand la chaleur les frappe ils disparaissent de leur lieu :

18 Ils serpentent dans les sentiers de leur cours, ils s’en vont dans le désert, et périssent.

19 Les caravanes de Théma les cherchaient du regard, les voyageurs de Sheba s’attendaient à eux ;

20 Ils ont été honteux de leur confiance ; ils sont venus là, et ont été confondus.

21 De même maintenant vous n’êtes rien ; vous avez vu un objet de terreur, et vous vous êtes effrayés.

22 Ai-je dit : Donnez-moi, et de votre richesse faites-moi des présents,

23 Et délivrez-moi de la main de l’oppresseur, et rachetez-moi de la main des terribles ?

— v. 17 : c’est-à-dire  à l’époque de leur baisse

*

24 Enseignez-moi, et je me tairai ; et faites-moi comprendre en quoi je me trompe.

25 Combien sont puissantes les paroles justes ! Mais la censure de votre part que reprend-elle ?

26 Songez-vous à censurer des discours ? Mais les paroles d’un désespéré ne sont faites que pour le vent.

27 Certes, vous tombez sur l’orphelin, et vous creusez [une fosse] pour votre ami.

28 Et maintenant, si vous voulez, regardez-moi ; vous mentirais-je donc en face ?

29 Revenez, je vous prie ; qu’il n’y ait pas d’injustice ; oui, revenez encore : ma justice sera là.

30 Y a-t-il de l’iniquité en ma langue ? Mon palais ne discernerait-il pas la méchanceté ?

Chapitre 7

1 L’homme n’a-t-il pas une vie de labeur sur la terre ? Et ses jours ne sont-ils pas comme les jours d’un mercenaire ?

2 Comme l’esclave* soupire après l’ombre, et comme le mercenaire attend son salaire,

3 Ainsi j’ai eu pour partage des mois de déception, et des nuits de misère me sont assignées.

4 Si je me couche, alors je dis : Quand me lèverai-je et quand l’obscurité prendra-t-elle fin ? et je suis excédé d’agitations jusqu’au point du jour.

5 Ma chair est couverte de vers et de croûtes de terre, ma peau se retire et suppure.

6 Mes jours s’en vont plus vite qu’une navette, et finissent sans espérance.

7 Souviens-toi que ma vie n’est qu’un souffle : mon œil ne reverra pas le bien ;

8 L’œil qui me regarde ne me reverra plus ; tes yeux sont sur moi, et je ne suis plus.

9 La nuée disparaît et s’en va ; ainsi celui qui descend au shéol* n’en remonte pas,

10 Il ne revient plus dans sa maison, et son lieu ne le reconnaît plus.

— v. 2 : ailleurs : serviteur. — v. 9 : voir Genèse 37:35.

*

11 Aussi je ne retiendrai pas ma bouche ; je parlerai dans la détresse de mon esprit, je discourrai dans l’amertume de mon âme.

12 Suis-je une mer, suis-je un monstre marin, que tu établisses des gardes autour de moi ?

13 Quand je dis : Mon lit me consolera, ma couche allégera ma détresse,

14 Alors tu m’effrayes par des songes, tu me terrifies par des visions,

15 Et mon âme choisit la suffocation, — plutôt la mort que mes os :

16 J’en suis dégoûté ; je ne vivrai pas à toujours. Laisse-moi, car mes jours sont vanité*.

— v. 16 : ici, plutôt : souffle, vapeur.

*

17 Qu’est-ce que l’homme que tu fasses grand cas de lui, et que ton cœur s’occupe de lui,

18 Et que tu le visites chaque matin, que tu l’éprouves à tout moment ?

19 Pourquoi ne détournes-tu pas les yeux de moi, et ne me laisses-tu pas tranquille jusqu’à ce que j’aie avalé ma salive ?

20 J’ai péché ; — que t’ai-je fait ? Toi qui observes l’homme, pourquoi m’as-tu placé pour être l’objet de tes coups, de sorte que je suis un fardeau à moi-même ?

21 Et pourquoi ne pardonnes-tu pas ma transgression*, et ne fais-tu point passer mon iniquité ? Car maintenant je me coucherai dans la poussière, et tu me chercheras, et je ne serai plus.

— v. 21 : proprement : péché audacieux, rébellion [contre Dieu] ; voir 34:37.

*

Chapitre 8

1 Et Bildad, le Shukhite, répondit et dit :

2 Jusques à quand diras-tu ces choses, et les paroles de ta bouche seront-elles un vent impétueux ?

3 Est-ce que *Dieu pervertit le droit ? Le Tout-Puissant pervertira-t-il la justice ?

4 Si tes fils ont péché contre lui, il les a aussi livrés en la main de leur transgression*.

5 Si tu recherches *Dieu et que tu supplies le Tout-puissant,

6 Si tu es pur et droit, certainement il se réveillera maintenant en ta faveur, et rendra prospère la demeure de ta justice ;

7 Et ton commencement aura été petit, mais ta fin sera très-grande.

— v. 4 : proprement : péché audacieux, rébellion [contre Dieu] ; voir 34:37.

*

8 Car interroge, je te prie, la génération précédente, et sois attentif aux recherches de leurs pères ;

9 Car nous sommes d’hier et nous n’avons pas de connaissance, car nos jours sont une ombre sur la terre.

10 Ceux-là ne t’enseigneront-ils pas, ne te parleront-ils pas, et de leurs cœurs ne tireront-ils pas des paroles ?

11 Le papyrus s’élève-t-il où il n’y a pas de marais ? Le roseau croît-il sans eau ?

12 Encore dans sa verdeur, sans qu’on l’ait arraché, avant toute herbe il sèche.

13 Tels sont les sentiers de tous ceux qui oublient *Dieu ; et l’attente de l’impie périra ;

14 Son assurance sera retranchée, et sa confiance sera une toile* d’araignée :

15 Il s’appuiera sur sa maison, et elle ne tiendra pas ; il s’y cramponnera, et elle ne restera pas debout.

16 Il est verdoyant devant le soleil, et son rameau s’étend sur son jardin ;

17 Ses racines s’entrelacent dans un tas de rocaille*, il voit la demeure des pierres ;

18 S’Il l’ôte de sa place, celle-ci le désavouera : Je ne t’ai pas vu !

19 Telles sont les délices de ses voies ; et de la poussière, d’autres germeront.

20 Voici, *Dieu ne méprisera pas l’homme parfait*, et ne soutiendra pas les mains des méchants :

21 Tandis* qu’il remplira ta bouche de rire et tes lèvres de chants de joie,

22 Ceux qui te haïssent seront revêtus de honte, et la tente des méchants ne sera plus.

— v. 14 : litt. : maison. — v. 17 : ou : une fontaine. — v. 20 : ici et 9:20-22 comme 1:1, 8 ; 2:3. — v. 21 : ou : Jusqu’à ce.

*

Chapitre 9

1 Et Job répondit et dit :

2 En vérité, je sais qu’il en est ainsi. Mais comment l’homme sera-t-il juste devant *Dieu ?

3 S’il se plaît à contester avec lui, il ne lui répondra pas sur un point entre mille.

4 Il est sage de cœur et puissant en force : qui s’est endurci contre lui et a prospéré ?

5 Il transporte les montagnes, et elles ne savent pas qu’il* les renverse dans sa colère ;

6 Il remue la terre de sa place, et ses colonnes tremblent ;

7 Il parle au soleil, et [le soleil] ne se lève pas ; et sur les étoiles il met son sceau ;

8 Seul il étend les cieux et marche sur les hauteurs* de la mer ;

9 il fait la grande Ourse, Orion, et les Pléiades, et les chambres* du midi ;

10 Il fait de grandes choses qu’on ne saurait sonder, et des merveilles à ne pouvoir les compter,

— v. 5 : ou : ne le savent pas, quand il. — v. 8 : ou : l’étendue. — v. 9 : c’est-à-dire les régions étoilées.

*

11 Voici, il passe près de moi, et je ne [le] vois pas ; et il passe à côté [de moi], et je ne l’aperçois pas.

12 Voici, il ravit ; qui l’en détournera ? Qui lui dira : Que fais-tu ?

13 #Dieu ne retire pas sa colère ; sous lui fléchissent les orgueilleux qui prêtent secours*.

14 Combien moins lui répondrais-je, moi, [et] choisirais-je mes paroles avec lui !

15 Si j’étais juste, je ne lui répondrais pas, je demanderais grâce à mon juge.

16 Si je criais, et qu’il me répondît, je ne croirais pas qu’il eût prêté l’oreille à ma voix, —

17 Lui qui m’écrase dans une tempête, et qui multiplie mes blessures sans cause.

18 Il ne me permet pas de reprendre haleine ; car il me rassasie d’amertumes.

19 S’agit-il de force, voici, il est fort ; s’agit-il de jugement : Qui m’assignera ?

20 Si je me justifiais, ma bouche me condamnerait ; si j’étais parfait, il me montrerait pervers.

21 Si j’étais parfait, je méconnaîtrais mon âme, je mépriserais ma vie.

— v. 13 : litt. : ceux qui secourent Rahab.

*

22 Tout revient au même ; c’est pourquoi j’ai dit : Il consume le parfait et le méchant.

23 Si le fléau donne subitement la mort, il se rit de l’épreuve de l’innocent.

24 La terre est livrée en la main du méchant : il couvre la face de ses* juges. S’il n’en est pas ainsi, qui est-ce donc ?

25 Mes jours s’en vont plus vite qu’un coureur ; ils fuient, ils ne voient pas ce qui est bon ;

26 Ils passent rapides comme les barques de jonc, comme un aigle qui fond sur sa proie.

— v. 24 : c’est-à-dire de la terre.

*

27 Si je dis : J’oublierai ma plainte, je renoncerai à mon visage [morne] et je serai joyeux,

28 Je suis épouvanté de tous mes tourments ; je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent.

29 Soit, je suis méchant : pourquoi me fatigué-je ainsi en vain ?

30 Si je me lave avec de l’eau de neige, et que je nettoie mes mains dans la pureté*,

31 Alors tu me plongeras dans un fossé, et mes vêtements m’auront en horreur.

32 Car il n’est pas homme, comme moi, pour que je lui réponde, pour que nous allions ensemble en jugement.

33 Il n’y a pas entre nous un arbitre* qui mettrait sa main sur nous deux.

34 Qu’il retire sa verge de dessus moi, et que sa terreur ne me trouble pas ;

35 Alors je parlerai et je ne le craindrai pas ; mais il n’en est pas ainsi de moi.

— v. 30 : litt. : avec du savon. — v. 33 : ou : médiateur.

Chapitre 10

1 Mon âme est dégoûtée de ma vie ; je laisserai libre cours à ma plainte, je parlerai dans l’amertume de mon âme,

2 Je dirai à #Dieu : Ne me condamne pas ; fais-moi savoir pourquoi tu contestes avec moi.

3 Prends-tu plaisir à opprimer, que tu méprises le travail de tes mains, et que tu fasses briller ta lumière sur le conseil des méchants ?

4 As-tu des yeux de chair ? Vois-tu comme voit l’homme mortel ?

5 Tes jours sont-ils comme les jours d’un mortel, ou tes années, comme les jours de l’homme,

6 Que tu recherches mon iniquité et que tu scrutes mon péché ;

7 Puisque tu sais que je ne suis pas un méchant, et que nul ne délivre de ta main ?

8 Tes mains m’ont formé et m’ont façonné tout à l’entour en un tout, et tu m’engloutis !

9 Souviens-toi, je te prie, que tu m’as façonné comme de l’argile, et que tu me feras retourner à la poussière.

10 Ne m’as-tu pas coulé comme du lait, et fait cailler comme du fromage ?

11 Tu m’as revêtu de peau et de chair, tu m’as tissé d’os et de nerfs ;

12 Tu m’as donné la vie, et tu as usé de bonté envers moi, et tes soins ont gardé mon esprit ;

13 Et tu cachais ces choses dans ton cœur : je sais que cela était par devers toi.

*

14 Si j’ai péché, tu m’as aussi observé, et tu ne me tiendras pas pour innocent de mon iniquité.

15 Si j’ai agi méchamment, malheur à moi ! Si j’ai marché justement, je ne lèverai pas ma tête, rassasié que je suis de mépris et voyant ma misère.

16 Et elle augmente : tu me fais la chasse comme un lion*, et en moi tu répètes tes merveilles ;

17 Tu renouvelles tes témoins contre moi, et tu multiplies ton indignation contre moi. Une succession [de maux] et un temps de misère sont avec moi.

— v. 16 : litt. : un rugissant ; voir 4:10.

*

18 Et pourquoi m’as-tu fait sortir du sein [de ma mère] ? J’aurais expiré, et aucun œil ne m’eût vu !

19 J’aurais été comme si je n’eusse pas été ; de la matrice on m’eût porté au sépulcre !

20 Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre ? Qu’il cesse [donc], qu’il se retire* de moi, et je me remonterai un peu,

21 Avant que je m’en aille, pour ne plus revenir, dans le pays de l’obscurité et de l’ombre de la mort,

22 Terre sombre comme les ténèbres de l’ombre de la mort, et où il n’y a que confusion, et où la clarté est comme des ténèbres profondes.

— v. 20 : d’autres lisent : Cesse donc, et retire-toi.

*

Chapitre 11

1 Et Tsophar, le Naamathite, répondit et dit :

2 La multitude des paroles ne recevrait-elle pas de réponse, et un grand parleur* serait-il justifié ?

3 Tes mensonges* doivent-ils faire taire les gens ? Te moqueras-tu, sans que personne te fasse honte ?

4 Car tu as dit : Ma doctrine est pure, et je suis sans tache à tes yeux !

5 Oh ! qu’il plût à #Dieu de parler et d’ouvrir ses lèvres contre toi,

6 Et de te raconter les secrets de la sagesse, comment ils sont le double de ce qu’on réalise ! Et sache que #Dieu laisse dans l’oubli [beaucoup] de ton iniquité.

7 Peux-tu, en sondant, découvrir ce qui est en #Dieu, ou découvriras-tu parfaitement le Tout-puissant ?

8 Ce sont les hauteurs des cieux, — que feras-tu ? C’est plus profond que le shéol, qu’en sauras-tu ?

9 Plus longue que la terre est sa mesure, plus large que la mer.

10 S’il passe et enferme et fait comparaître*, qui donc le détournera ?

11 Car il connaît, lui, les hommes vains, et il voit l’iniquité sans que [l’homme] s’en aperçoive ;

12 Et l’homme stupide* s’enhardit, quoique l’homme naisse** comme le poulain de l’âne sauvage.

— v. 2 : litt. : homme de lèvres. — v. 3 : ou : contes. — v. 10 : c’est-à-dire  pour le jugement ; litt. : rassembler. — v. 12* : litt. : creux, vide. — v. 12** : selon d’autres : l’homme est stupide, il est privé de sens, l’homme nait.

*

13 Si tu prépares ton cœur et que tu étendes tes mains vers lui,

14 Si tu éloignes l’iniquité qui est dans ta main, et que tu ne laisses pas l’injustice demeurer dans tes tentes,

15 Alors tu lèveras ta face sans tache, tu seras ferme et tu ne craindras pas ;

16 Car tu oublieras ta misère, tu t’en souviendras comme des eaux écoulées ;

17 [Ta] vie se lèvera plus claire que le plein midi ; si tu étais couvert de ténèbres, tu seras comme le matin ;

18 Et tu auras de la confiance, parce qu’il y aura de l’espoir ; tu examineras [tout], et tu dormiras en sûreté ;

19 Tu te coucheras, et il n’y aura personne pour te faire peur, et beaucoup rechercheront ta faveur.

20 Mais les yeux des méchants seront consumés, et [tout] refuge périra pour eux, et leur espoir sera d’expirer.

*

Chapitre 12

1 Et Job répondit et dit :

2 Vraiment vous êtes les [seuls] hommes, et avec vous mourra la sagesse !

3 Moi aussi j’ai du sens comme vous, je ne vous suis pas inférieur ; et de qui de telles choses ne sont-elles pas [connues] ?

4 Je suis un [homme] qui est la risée de ses amis, criant à #Dieu, et à qui il répondra ; — le juste parfait est un objet de risée !

5 celui qui est prêt à broncher de ses pieds est une lampe méprisée pour les pensées de celui qui est à son aise*.

— v. 5 : selon d’autres : Mépris au malheur ! selon les pensées de celui qui est à son aise, [le mépris] est prêt pour celui dont le pied bronche.

*

6 Les tentes des dévastateurs prospèrent, et la confiance est pour ceux qui provoquent *Dieu, pour celui dans la main duquel #Dieu a fait venir [l’abondance] *.

7 Mais, je te prie, interroge donc les bêtes, et elles t’enseigneront, et les oiseaux des cieux, et ils te l’annonceront ;

8 Ou parle à la terre, et elle t’enseignera, et les poissons de la mer te le raconteront.

9 Qui d’entre tous ceux-ci ne sait pas que la main de l’Éternel a fait cela,

10 Lui, dans la main duquel est l’âme de tout être vivant et l’esprit de toute chair d’homme ?

11 L’oreille n’éprouve-t-elle pas les discours, comme le palais goûte les aliments ?

12 Chez les vieillards est la sagesse, et dans beaucoup de jours l’intelligence.

13 Avec lui est la sagesse et la force, à lui sont le conseil et l’intelligence.

14 Voici, il démolit, et on ne rebâtit pas ; il enferme un homme, et on ne lui ouvre pas.

15 Voici, il retient les eaux, et elles tarissent ; puis il les envoie, et elles bouleversent la terre.

16 Avec lui est la force et la parfaite connaissance ; à lui sont celui qui erre et celui qui fait errer.

17 Il emmène captifs les conseillers, et rend fous les juges ;

18 Il rend impuissant le gouvernement des rois, et lie de chaînes leurs reins ;

19 Il emmène captifs les sacrificateurs*, et renverse les puissants ;

20 Il ôte la parole* à ceux dont la parole est sûre**, et enlève le discernement aux anciens ;

21 Il verse le mépris sur les nobles, et relâche la ceinture des forts ;

22 Il révèle du sein des ténèbres les choses profondes, et fait sortir à la lumière l’ombre de la mort ;

23 Il agrandit les nations, et les détruit ; il étend les limites des nations, et les ramène.

24 Il ôte le sens aux chefs du peuple de la terre, et les fait errer dans un désert où il n’y a pas de chemin ;

25 Ils tâtonnent dans les ténèbres où il n’y a point de lumière ; il les fait errer comme un homme ivre.

— v. 6 : ou : pour celui qui tient #Dieu dans sa main ; voir Hab. 1 ;11. — v. 19 : ou : les principaux. — v. 20* : litt. : lèvre. — v. 20** : selon d’autres : facile.

Chapitre 13

1 Voici, tout cela, mon œil l’a vu, mon oreille l’a entendu et l’a compris.

2 Ce que vous connaissez, moi aussi je le connais ; je ne vous suis pas inférieur.

3 Mais je parlerai au Tout-puissant, et mon plaisir sera de raisonner avec *Dieu ;

4 Mais pour vous, vous êtes des forgeurs de mensonges, des médecins de néant, vous tous !

5 Oh ! si seulement vous demeuriez dans le silence ! et ce serait votre sagesse.

*

6 Écoutez donc mon plaidoyer, et prêtez attention aux arguments de mes lèvres.

7 Est-ce pour *Dieu que vous direz des choses iniques ? Et pour lui, direz-vous ce qui est faux ?

8 Ferez-vous acception de sa personne ? Plaiderez-vous pour *Dieu ?

9 Vous est-il agréable qu’il vous sonde ? Vous moquerez-vous de lui comme on se moque d’un mortel ?

10 Certainement il vous reprendra, si en secret vous faites acception de personnes.

11 Sa majesté ne vous troublera-t-elle pas ? Et sa frayeur ne tombera-t-elle pas sur vous ?

12 Vos discours sentencieux sont des proverbes de cendre, vos retranchements sont des défenses de boue.

13 Gardez le silence, laissez-moi, et moi je parlerai, quoi qu’il m’arrive.

*

14 Pourquoi prendrais-je ma chair entre mes dents, et mettrais-je ma vie dans ma main ?

15 Voici, qu’il me tue, j’espérerai en lui ; seulement, je défendrai mes voies devant lui.

16 Ce sera même ma délivrance, qu’un* impie n’entre pas devant sa face.

17 Écoutez, écoutez mon discours, et que ma déclaration [pénètre] dans vos oreilles !

18 Voyez, j’exposerai [ma] juste cause : je sais que je serai justifié.

19 Qui est celui qui contestera avec moi ? Car maintenant, si je me taisais, j’expirerais.

— v. 16 : quelques-uns : Lui-même sera ma délivrance, car un.

*

20 Seulement ne fais pas deux choses à mon égard ; alors je ne me cacherai pas loin de ta face :

21 Éloigne ta main de dessus moi, et que ta terreur ne me trouble pas.

22 Et appelle, et moi je répondrai, ou bien je parlerai et toi, réponds-moi !

23 Quel est le nombre de mes iniquités et de mes péchés ? Fais-moi connaître ma transgression et mon péché !

24 Pourquoi caches-tu ta face, et me tiens-tu pour ton ennemi ?

25 Veux-tu épouvanter une feuille chassée [par le vent], et poursuivre du chaume sec ?

26 Car tu écris des choses amères contre moi, et tu me fais hériter des iniquités de ma jeunesse ;

27 Et tu mets mes pieds dans les ceps, et tu observes tous mes sentiers ; tu as tracé une ligne autour des plantes de mes pieds ;

28 Et celui [que tu poursuis] dépérit comme une chose pourrie, comme un vêtement que la teigne a rongé.

Chapitre 14

1 L’homme né de femme est de peu de jours et rassasié de trouble ;

2 Il sort comme une fleur, et il est fauché ; il s’enfuit comme une ombre, et il ne dure pas.

3 Pourtant, sur lui tu ouvres tes yeux, et tu me fais venir en jugement avec toi !

4 Qui est-ce qui tirera de l’impur un [homme] pur ? Pas un !

5 Si ses jours sont déterminés, si le nombre de ses mois est par devers toi, si tu lui as posé ses limites, qu’il ne doit pas dépasser,

6 Détourne de lui ton regard, et il aura du repos, jusqu’à ce que, comme un mercenaire, il achève sa journée ;

7 Car il y a de l’espoir pour un arbre : s’il est coupé, il repoussera encore, et ses rejetons ne cesseront pas.

8 Si sa racine vieillit dans la terre, et si son tronc meurt dans la poussière,

9 À l’odeur de l’eau il poussera, et il fera des branches comme un jeune plant ;

10 Mais l’homme meurt et gît là ; l’homme expire, et où est-il ?

11 Les eaux s’en vont du lac ; et la rivière tarit et sèche :

12 Ainsi l’homme se couche et ne se relève pas : jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cieux, ils ne s’éveillent pas, et ils ne se réveillent pas de leur sommeil.

*

13 Oh ! si tu voulais me cacher dans le shéol, me tenir caché jusqu’à ce que ta colère se détourne, me fixer un temps arrêté, et puis te souvenir de moi, —

14 (Si un homme meurt, revivra-t-il ?) tous les jours de ma détresse, j’attendrais jusqu’à ce que mon état vînt à changer :

15 Tu appellerais, et moi je te répondrais ; ton désir serait tourné vers l’œuvre de tes mains ;

16 Car maintenant tu comptes mes pas : ne veilles-tu pas sur mon péché ?

17 Ma transgression est scellée dans un sac, et [dans tes pensées] tu ajoutes à mon iniquité.

18 Mais une montagne qui s’éboule est réduite en poussière, et le rocher est transporté de son lieu ;

19 Les eaux usent les pierres, leur débordement emporte la poussière de la terre : ainsi tu fais périr l’espoir de l’homme.

20 Tu le domines pour toujours, et il s’en va ; tu changes sa face, et tu le renvoies.

21 Ses fils sont honorés, et il ne le sait pas ; ils sont abaissés, et il ne s’en aperçoit pas.

22 Sa chair ne souffre que pour lui-même, et son âme ne mène deuil que sur lui-même.

*

Chapitre 15

1 Et Éliphaz, le Thémanite, répondit et dit :

2 Le sage répondra-t-il avec une connaissance [qui n’est que] du vent, et gonflera-t-il sa poitrine* du vent d’Orient,

3 Contestant en paroles qui ne profitent pas et en discours qui ne servent à rien ?

4 Certes tu détruis la crainte [de Dieu], et tu restreins la méditation devant *Dieu.

5 Car ta bouche fait connaître ton iniquité*, et tu as choisi le langage des [hommes] rusés.

6 Ta bouche te condamnera, et non pas moi, et tes lèvres déposent contre toi.

— v. 2 : hébreu : ventre. — v. 5 : quelques-uns : ton iniquité enseigne ta bouche.

*

7 Es-tu né le premier des hommes, et as-tu été enfanté avant les collines ?

8 As-tu entendu [ce qui se dit] dans le conseil secret de #Dieu, et as-tu accaparé pour toi la sagesse ?

9 Que sais-tu que nous ne sachions ? que comprends-tu qui ne soit également avec nous ?

10 Parmi nous il y a aussi des hommes à cheveux blancs et des vieillards plus âgés que ton père.

11 Est-ce trop peu pour toi que les consolations de *Dieu et la parole douce qui se fait entendre à toi ?

12 Comment ton cœur t’emporte-t-il, et comment tes yeux clignent-ils,

13 Que tu tournes contre *Dieu ton esprit et que tu fasses sortir de ta bouche des discours ?

14 Qu’est-ce que l’homme mortel, pour qu’il soit pur, et celui qui est né d’une femme, pour qu’il soit juste ?

15 Voici, il ne se fie pas à ses saints, et les cieux ne sont pas purs à ses yeux :

16 Combien plus l’homme, qui boit l’iniquité comme l’eau, est-il abominable et corrompu !

*

17 Je t’enseignerai, écoute-moi ; et ce que j’ai vu je te le raconterai,

18 Ce que les sages ont déclaré d’après leurs pères et n’ont pas caché ; —

19 À eux seuls la terre fut donnée, et aucun étranger ne passa au milieu d’eux : —

20 Tous ses jours, le méchant est tourmenté, et peu d’années sont réservées à l’homme violent ;

21 La voix des choses effrayantes est dans ses oreilles ; au milieu de la prospérité, le dévastateur arrive sur lui ;

22 Il ne croit pas revenir des ténèbres, et l’épée l’attend ;

23 Il erre çà et là pour du pain : — où en trouver ? Il sait qu’à son côté un jour de ténèbres est préparé ;

24 La détresse et l’angoisse le jettent dans l’alarme, elles l’assaillent comme un roi prêt pour la mêlée.

25 Car il a étendu sa main contre *Dieu, et il s’élève contre le Tout-puissant ;

26 Il court contre lui, le cou [tendu], sous les bosses épaisses de ses boucliers.

27 Car il a couvert sa face de sa graisse, et a rendu gras ses flancs.

28 Et il habitera des villes ruinées, des maisons que personne n’habite, qui vont devenir des monceaux de pierres.

29 Il ne deviendra pas riche, et son bien ne subsistera pas, et ses possessions ne s’étendront pas* sur la terre.

30 Il ne sortira pas des ténèbres ; la flamme séchera ses rejetons, et il s’en ira par le souffle de sa bouche*.

31 Qu’il ne compte pas sur la vanité : il sera déçu, car la vanité sera sa récompense ;

32 Avant son jour*, elle sera complète, et son rameau ne verdira pas.

33 Il se défait, comme une vigne, de ses grappes vertes, et, comme un olivier, il rejette ses fleurs.

34 Car la famille* des impies sera stérile, et le feu dévorera les tentes [où entrent] les présents.

35 Il conçoit la misère et enfante le malheur, et son sein prépare la tromperie.

— v. 29 : selon d’autres : et il ne ploiera pas par son abondance. — v. 30 : c’est-à-dire la bouche du Tout-Puissant, verset 25. — v. 32 : le jour de sa mort. — v. 34 : litt. : assemblée.

*

Chapitre 16

1 Et Job répondit et dit :

2 J’ai entendu bien des choses comme celles-là ; vous êtes tous des consolateurs fâcheux.

3 Y aura-t-il une fin à [ces] paroles de vent ? Qu’est-ce qui t’irrite, que tu répondes ?

4 Moi aussi, je pourrais parler comme vous ; si votre âme était à la place de mon âme, je pourrais entasser des paroles contre vous et secouer ma tête contre vous !

5 [Mais] je vous fortifierais de ma bouche, et la consolation* de mes lèvres allégerait [vos douleurs].

— v. 5 : ou : le mouvement.

*

6 Si je parle, ma douleur n’est pas allégée ; et si je me tais, s’éloignera-t-elle de moi ?

7 Mais maintenant, il m’a fatigué… : tu as dévasté toute ma famille * ;

8 Tu m’as étreint*, c’est un témoignage, et ma maigreur se lève contre moi, elle dépose, à ma face, contre moi.

9 Sa colère me déchire et me poursuit ; il grince des dents contre moi ; [comme] mon adversaire, il aiguise contre moi ses yeux.

10 Ils ouvrent contre moi leur bouche, ils me frappent les joues avec mépris ; ils s’attroupent contre moi.

11 *Dieu m’a livré à l’inique, et m’a jeté entre les mains des méchants.

12 J’étais en paix, et il m’a brisé ; il m’a saisi par la nuque et m’a broyé, et m’a dressé pour lui servir de but.

13 Ses archers* m’ont environné ; il me perce les reins et ne m’épargne pas ; il répand mon fiel sur la terre.

14 Il fait brèche en moi, brèche sur brèche ; il court sur moi comme un homme fort.

15 J’ai cousu un sac sur ma peau, et j’ai dégradé ma corne dans la poussière.

16 Mon visage est enflammé à force de pleurer, et sur mes paupières est l’ombre de la mort,

17 Quoiqu’il n’y ait pas de violence dans mes mains, et que ma prière soit pure.

18 Ô terre, ne recouvre pas mon sang, et qu’il n’y ait pas de place pour mon cri !

19 Maintenant aussi, voici, mon témoin est dans les cieux, et celui qui témoigne pour moi est dans les lieux élevés.

20 Mes amis se moquent de moi … vers #Dieu pleurent mes yeux.

21 Que n’y a-t-il un arbitre* pour l’homme auprès de #Dieu, et pour un fils d’homme vis-à-vis de son ami !

22 Car les années s’écoulent dont on peut compter le nombre, et je m’en vais dans le chemin [d’où] je ne reviendrai pas.

— v. 7 : litt. : assemblée. — v. 8 : ou : froissé, couvert de rides. — v. 13 : ou : traits. — v. 21 : voir 9:33.

Chapitre 17

1 Mon souffle est corrompu, mes jours s’éteignent : pour moi sont les sépulcres !

2 Les moqueurs ne sont-ils pas autour de moi, et mes yeux ne demeurent-ils pas au milieu de leurs insultes ?

3 Dépose, je te prie, [un gage] ; cautionne-moi auprès de toi-même : qui donc frappera dans ma main* ?

4 Car tu as fermé leur cœur à l’intelligence ; c’est pourquoi tu ne les élèveras pas.

5 Celui qui trahit ses amis pour qu’ils soient pillés, les yeux de ses fils seront consumés.

— v. 3 : voir Prov. 6:1 ; 17:18.

*

6 Et il a fait de moi un proverbe des peuples, et je suis devenu un homme auquel on crache au visage.

7 Mon œil est terni par le chagrin, et mes membres sont tous comme une ombre.

8 Les hommes droits en seront étonnés, et l’innocent s’élèvera contre l’impie ;

9 Mais le juste tiendra ferme dans sa voie, et celui qui a les mains pures croîtra en force.

10 Mais quant à vous tous, revenez encore, je vous prie ; mais je ne trouverai pas un sage parmi vous.

*

11 Mes jours sont passés, mes desseins sont frustrés, — les plans chéris de mon cœur.

12 Ils* font de la nuit le jour, la lumière proche en présence des ténèbres.

13 Si j’espère, le shéol est ma maison, j’étends mon lit dans les ténèbres ;

14 Je crie à la fosse* : Tu es mon père ! aux vers : Ma mère et ma sœur !

15 Où donc est mon espoir ? Et mon espoir, qui le verra ?

16 Il descendra vers les barres* du shéol, lorsque ensemble nous aurons du repos dans la poussière.

— v. 12 : sans doute les amis de Job. — v. 14 : d’autres : corruption. — v. 16 : ou : solitudes.

*

Chapitre 18

1 Et Bildad, le Shukhite, répondit et dit :

2 Jusques à quand tendrez-vous des pièges avec* vos paroles ? Soyez intelligents, et puis nous parlerons.

3 Pourquoi sommes-nous considérés comme des bêtes, et sommes-nous stupides* à vos yeux ?

4 Toi qui déchires ton âme dans ta colère, la terre sera-t-elle abandonnée à cause de toi, et le rocher sera-t-il transporté de sa place ?

5 Or la lumière des méchants sera éteinte, et la flamme de son feu ne luira point ;

6 La lumière sera ténèbres dans sa tente, et sa lampe sera éteinte au-dessus de lui.

7 Les pas de sa force seront resserrés, et son propre conseil le renversera :

8 Car il est poussé dans le filet par ses propres pieds ; et il marche sur les mailles du filet ;

9 Le piège le prend par le talon, le lacet le saisit ;

10 Sa corde est cachée dans la terre, et sa trappe sur le sentier.

11 De toutes parts des terreurs l’alarment et le poussent çà et là, s’attachant à ses pas.

12 Sa force est affaiblie par la faim*, et la calamité est prête à son côté.

13 Le premier-né de la mort dévore les membres de son corps*, il dévore ses membres.

14 Ce qui faisait sa confiance est arraché de sa tente, et il est forcé de marcher vers le roi des terreurs.

15 Ce qui n’est pas à lui habite dans sa tente, le soufre est répandu sur son habitation.

16 En bas ses racines sèchent, et en haut ses branches sont coupées.

17 Sa mémoire périt de dessus la terre, et il n’a pas de nom sur la face du pays.

18 Il est repoussé de la lumière dans les ténèbres ; on le bannit du monde.

19 Il n’a pas d’enfants ni de postérité parmi son peuple, personne qui lui survive dans les lieux de son séjour.

20 Ceux qui viennent après seront étonnés de son jour, comme l’horreur s’est emparée de ceux qui [les] ont précédés*.

21 Certainement, telles sont les demeures de l’inique, et tel est le lieu de celui qui ne connaît pas *Dieu.

— v. 2 : ou : Quand mettrez-vous fin à. — v. 3 : ou : souillés. — v. 12 : d’autres : Sa misère est affamée de lui. — v. 13 : litt. : de sa peau. — v. 20 : selon d’autres : Ceux de l’occident … ceux de l’orient.

*

Chapitre 19

1 Et Job répondit et dit :

2 Jusques à quand affligerez-vous mon âme, et m’accablerez-vous de paroles ?

3 Voilà dix fois que vous m’avez outragé, vous n’avez pas honte de m’étourdir*.

4 Mais si vraiment j’ai erré, mon erreur demeure avec moi.

5 Si réellement vous voulez vous élever contre moi et faire valoir mon opprobre contre moi,

6 Sachez donc que c’est #Dieu qui me renverse* et qui m’entoure de son filet.

7 Voici, je crie à la violence, et je ne suis pas exaucé ; je pousse des cris, et il n’y a pas de jugement.

8 Il a fermé mon chemin et je ne puis passer, et il a mis des ténèbres sur mes sentiers ;

9 Il m’a dépouillé de ma gloire et a ôté la couronne de dessus ma tête ;

10 Il m’a détruit de tous côtés, et je m’en vais ; il a arraché mon espérance comme un arbre.

11 Il a allumé contre moi sa colère, et il m’a tenu pour l’un de ses ennemis.

12 Ses troupes sont venues ensemble, et elles ont dressé en chaussée leur chemin contre moi et se sont campées autour de ma tente.

13 Il a éloigné de moi mes frères, et ceux de ma connaissance me sont devenus entièrement étrangers ;

14 Mes proches m’ont délaissé, et ceux que je connaissais m’ont oublié.

15 Ceux qui séjournent dans ma maison et mes servantes me tiennent pour un étranger ; je suis à leurs yeux comme un homme du dehors.

16 J’ai appelé mon serviteur, et il n’a pas répondu ; de ma bouche je l’ai supplié.

17 Mon haleine est étrangère* à ma femme, et ma supplication**, aux fils du sein de ma mère***.

18 Même les petits enfants me méprisent ; je me lève, et ils parlent contre moi.

19 Tous les hommes de mon intimité m’ont en horreur, et ceux que j’aimais se sont tournés contre moi.

20 Mes os s’attachent à ma peau et à ma chair, et j’ai échappé avec la peau de mes dents !

— v. 3 : quelques-uns : me traiter comme dur et stupide. — v. 6 : ou : me fait un chemin tortueux. — v. 17* : ou : odieuse. — v. 17** : ou : ma mauvaise odeur. — v. 17*** : selon d’autres : à mes propres enfants ; litt. : aux fils de mon sein.

*

21 Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous mes amis ! car la main de #Dieu m’a atteint.

22 Pourquoi, comme *Dieu, me poursuivez-vous et n’êtes-vous pas rassasiés de ma chair ?

23 Oh ! si seulement mes paroles étaient écrites ! si seulement elles étaient inscrites dans un livre,

24 Avec un style de fer et du plomb, et gravées dans le roc pour toujours !

25 Et moi, je sais que mon rédempteur est vivant, et que, le dernier*, il sera debout sur la terre ;

26 Et après ma peau, ceci sera détruit, et de ma chair je verrai #Dieu,

27 Que je verrai, moi, pour moi-même ; et mes yeux [le] verront, et non un autre : — mes reins se consument dans mon sein.

28 Si vous dites : Comment le poursuivrons-nous ? et que la racine de la chose se trouve en moi,

29 Tremblez pour vous-mêmes devant l’épée ! car l’épée est l’instrument de la fureur contre les iniquités ; afin que vous sachiez qu’il y a un jugement !

— v. 25 : comparer Ésaïe 48:12.

*

Chapitre 20

1 Et Tsophar, le Naamathite, répondit et dit :

2 C’est pourquoi mes pensées m’inspirent une réponse, et à cause de ceci l’ardeur de mon esprit [agit] en moi :

3 J’entends une réprimande qui me couvre de honte, et mon esprit me répond par mon intelligence.

4 Sais-tu bien que, de tout temps, depuis que l’homme a été mis sur la terre,

5 L’exultation des méchants est courte, et la joie de l’impie n’est que pour un moment ?

6 Si sa hauteur s’élève jusqu’aux cieux, et que sa tête touche les nuées,

7 Il périra pour toujours comme ses ordures ; ceux qui l’ont vu diront : Où est-il ?

8 Il s’envole comme un songe, et on ne le trouve pas ; il s’enfuit comme une vision de la nuit.

9 L’œil l’a regardé et ne l’aperçoit plus, et son lieu ne le revoit plus.

10 Ses fils rechercheront la faveur des pauvres, et ses mains restitueront [ce que] sa violence [a ravi] *.

11 Ses os étaient pleins de sa jeunesse* : elle se couchera avec lui sur la poussière.

12 Si le mal est doux dans sa bouche, [et] qu’il le cache sous sa langue,

13 S’il l’épargne et ne l’abandonne pas, mais qu’il le retienne dans sa bouche*,

14 Son pain sera changé dans ses entrailles en un fiel d’aspic au dedans de lui.

15 Il a avalé les richesses, et il les vomira ; *Dieu les chassera de son ventre.

16 Il sucera le venin des aspics, la langue de la vipère le tuera.

17 Il ne verra pas des ruisseaux, des rivières, des torrents de miel et de beurre.

18 Il rendra le fruit de son travail, et ne l’avalera pas ; il le restituera selon sa valeur, et ne s’en réjouira pas.

19 Car il a opprimé, délaissé les pauvres ; il a pillé une maison* qu’il n’avait pas bâtie.

20 Parce qu’il n’a pas connu de repos dans son désir*, il ne sauvera rien de ce qu’il a de plus cher.

21 Rien n’a échappéà sa voracité : c’est pourquoi son bien-être ne durera pas.

22 Dans la plénitude de son abondance, il sera dans la détresse ; toutes les mains des malheureux viendront sur lui.

23 Il arrivera que, pour remplir son ventre, [Dieu] enverra sur lui l’ardeur de sa colère, et la fera pleuvoir sur lui dans sa chair*.

24 S’il fuit devant les armes de fer, un arc d’airain le transpercera.

25 Il arrache [la flèche] et elle sort de son corps, et le fer étincelant de son fiel : les terreurs sont sur lui.

26 Toutes les ténèbres sont réservées pour ses trésors ; un feu qu’on ne souffle pas le dévorera, [et] se repaîtra de ce qui reste dans sa tente.

27 Les cieux révéleront son iniquité, et la terre s’élèvera contre lui.

28 Le revenu de sa maison sera emporté ; il s’écoulera au jour de Sa colère.

29 Telle est, de la part de Dieu, la portion de l’homme méchant, et l’héritage qui lui est assigné par *Dieu.

— v. 10 : ou : restitueront son bien. — v. 11 : peut-être : péchés de sa jeunesse ; comparer Psaume 90:8. — v. 13 : litt. : sous son palais. — v. 19 : ou : il s’est emparé d’une maison. — v. 20 : hébreu : ventre. — v. 23 : ou : comme sa nourriture.

*

Chapitre 21

1 Et Job répondit et dit :

2 Écoutez, écoutez* mon discours, et cela tiendra lieu de vos consolations.

3 Supportez-moi, et moi je parlerai, et après mes paroles, moque-toi !

4 Ma plainte s’adresse-t-elle à un homme ? Et pourquoi mon esprit ne serait-il pas à bout de patience ?

5 Tournez-vous vers moi, et soyez étonnés, et mettez la main sur la bouche.

6 Quand je m’en souviens, je suis terrifié, et le frisson saisit ma chair :

7 Pourquoi les méchants vivent-ils, deviennent-ils âgés, et croissent-ils même en force ?

8 Leur postérité s’établit devant eux, auprès d’eux, et leurs descendants devant leurs yeux.

9 Leurs maisons sont en paix, loin de la frayeur, et la verge de #Dieu n’est pas sur eux.

10 Leur taureau engendre sans manquer, leur vache vêle et n’avorte pas.

11 Ils font sortir leurs jeunes enfants comme un troupeau, et leurs enfants s’ébattent.

12 Ils chantent au son du tambourin et de la harpe, et se réjouissent au son du chalumeau.

13 Ils passent leurs jours dans le bonheur, et en un moment descendent dans le shéol.

14 Et ils disent à *Dieu : Retire-toi de nous, nous ne prenons pas plaisir à la connaissance de tes voies.

15 Qu’est-ce que le Tout-puissant pour que nous le servions, et que nous profitera-t-il de nous adresser à lui ?

16 Voici, leur bonheur n’est pas dans leur main. Loin de moi le conseil des méchants !

— v. 2 : ou : Écoutez attentivement.

*

17 Combien de fois la lampe des méchants s’éteint-elle, et leur calamité vient-elle sur eux, [et] leur distribue-t-Il des douleurs* dans sa colère,

18 [Et] sont-ils comme la paille devant le vent, et comme la balle chassée par la tempête ?

19 #Dieu réserve à ses* fils [la punition de] sa méchanceté : il la lui rend, et il le saura ;

20 Ses yeux verront sa calamité, et il boira de la fureur du Tout-puissant.

21 Car quel plaisir [a-t-il] à sa maison après lui, quand le nombre de ses mois est tranché ?

22 Est-ce à *Dieu qu’on enseignera la connaissance, quand c’est lui qui juge ceux qui sont haut élevés ?

23 L’un meurt en pleine vigueur, entièrement tranquille et à l’aise ;

24 Ses flancs sont garnis de graisse*, et la moelle de ses os est abreuvée.

25 Et l’autre meurt dans l’amertume de son âme et n’a jamais goûté* le bonheur.

26 Ils gisent ensemble sur la poussière, et les vers les couvrent.

— v. 17 : quelques-uns : leur [lot]. — v. 19 : ses, c’est-à-dire  [les fils] du méchant. — v. 24 : ou : Ses vases sont remplis de lait. — v. 25 : litt. : mangé.

*

27 Voici, je connais vos pensées, et vos plans contre moi pour me faire violence.

28 Car vous dites : Où est la maison du noble, et où la tente des demeures des méchants ?

29 Ne l’avez-vous pas demandé à ceux qui passent par le chemin ? Et n’avez-vous pas reconnu ce qui les distingue :

30 Que le méchant est épargné pour le jour de la calamité, qu’ils sont emmenés au jour de la fureur ?

31 Qui lui dira en face sa voie ? et ce qu’il a fait, qui le lui rendra ?

32 Il sera conduit dans un sépulcre, et sur le tertre il veillera.

33 Les mottes de la vallée lui sont douces ; et après lui tout homme suit à la file, et ceux qui l’ont précédé sont sans nombre.

34 Et comment me consolez-vous avec de vaines [consolations] ? Vos réponses restent perfides.

*

Chapitre 22

1 Et Éliphaz, le Thémanite, répondit et dit :

2 L’homme peut-il être de quelque profit à *Dieu ? C’est bien à lui-même que l’homme intelligent profitera.

3 Est-ce un plaisir pour le Tout-puissant que tu sois juste, et un gain [pour lui] que tu sois parfait dans tes voies ?

4 Contestera-t-il avec toi parce qu’il te craint, [et] ira-t-il avec toi en jugement ?

5 Ta méchanceté n’est-elle pas grande, et tes iniquités ne sont-elles pas sans fin ?

6 Car sans cause tu as pris un gage de ton frère, et tu as dépouillé de leurs vêtements ceux qui étaient nus.

7 Tu n’as pas donné d’eau à boire à celui qui se pâmait de soif, et tu as refusé du pain à celui qui avait faim ;

8 Et l’homme fort,… à lui était la terre, et celui qui était considéré y habitait.

9 Tu as renvoyé les veuves à vide, et les bras des orphelins ont été écrasés.

10 C’est pourquoi il y a des pièges autour de toi, et une terreur subite t’effraie ;

11 Ou bien, ce sont des ténèbres, de sorte que tu ne vois pas, et le débordement des eaux te couvre*.

12 #Dieu n’est-il pas aussi haut que les cieux ? Regarde le faîte des étoiles, combien elles sont élevées !

13 Et tu as dit : Qu’est-ce que *Dieu sait ? Jugera-t-il à travers l’obscurité des nuées ?

14 Les nuages l’enveloppent, et il ne voit pas ; il se promène dans la voûte des cieux.

15 Observes-tu* le sentier ancien où ont marché les hommes vains,

16 Qui ont été emportés avant le temps, [et] dont les fondements se sont écoulés comme un fleuve ;

17 Qui disaient à *Dieu : Retire-toi de nous ! Et que nous* ferait le Tout-puissant ? —

18 Quoiqu’il eût rempli de biens leurs maisons. Mais que le conseil des méchants soit loin de moi !

19 Les justes le verront et se réjouiront, et l’innocent se moquera d’eux :

20 Celui qui s’élevait contre nous n’a-t-il pas été retranché, et le feu n’a-t-il pas dévoré leur abondance ?

— v. 11 : quelques-uns : ne verras-tu (ou ne vois-tu) pas les ténèbres, et le débordement des eaux qui te couvre ? — v. 15 : quelques-uns : Suis-tu. — v. 17 : litt. : leur.

*

21 Réconcilie-toi avec Lui, je te prie, et sois en paix : ainsi le bonheur t’arrivera.

22 Reçois l’instruction de sa bouche, et mets ses paroles dans ton cœur.

23 Si tu retournes vers le Tout-puissant, tu seras rétabli*. Si tu éloignes l’iniquité de ta tente,

24 Et que tu mettes l’or avec la poussière, et [l’or d’]Ophir parmi les cailloux des torrents,

25 Le Tout-puissant sera ton or, et il sera pour toi de l’argent amassé.

26 Car alors tu trouveras tes délices dans le Tout-puissant, et vers #Dieu tu élèveras ta face ;

27 Tu le supplieras et il t’entendra, et tu acquitteras tes vœux.

28 Tu décideras une chose, et elle te réussira, et la lumière resplendira sur tes voies.

29 Quand elles seront abaissées, alors tu diras : Lève-toi ! et celui qui a les yeux baissés, Il le sauvera ;

30 Même Il délivrera celui qui n’est pas innocent : il sera délivré par la pureté de tes mains.

— v. 23 : litt. : bâti.

*

Chapitre 23

1 Et Job répondit et dit :

2 Encore aujourd’hui ma plainte est amère, la main qui s’appesantit sur moi* est plus pesante que mon gémissement !

3 Oh ! si je savais le trouver, et parvenir* là où il est assis !

4 J’exposerais [ma] juste cause devant lui, et je remplirais ma bouche d’arguments ;

5 Je saurais les paroles qu’il me répondrait, et je comprendrais ce qu’il me dirait.

6 Contesterait-il avec moi dans la grandeur de sa force ? Non, mais il ferait attention à moi.

7 Là, un homme droit raisonnerait avec lui, et je serais délivré pour toujours de mon juge.

8 Voici, je vais en avant, mais il n’y est pas ; et en arrière, mais je ne l’aperçois pas ;

9 À gauche, quand il y opère, mais je ne le discerne pas ; il se cache à droite*, et je ne le vois pas.

10 Mais il connaît la voie que je suis ; il m’éprouve, je sortirai comme de l’or.

— v. 2 : litt. : ma main. — v. 3 : ou : je viendrais. — v. 9 : ou : vers l’orient,… l’occident,… le nord,… le midi.

*

11 Mon pied s’attache à ses pas ; j’ai gardé sa voie, et je n’en ai point dévié.

12 Je ne me suis pas retiré du commandement de ses lèvres ; j’ai serré [par devers moi] les paroles de sa bouche plus que le propos de mon propre cœur*.

13 Mais lui, il a une [pensée], et qui l’en fera revenir ? Ce que son âme désire, il le fait.

14 Car il achèvera ce qui est déterminé pour moi ; et bien des choses semblables sont auprès de lui.

15 C’est pourquoi je suis terrifié devant sa face ; je considère, et je suis effrayé devant lui.

16 Et *Dieu a fait défaillir mon cœur, et le Tout-puissant m’a frappé de terreur ;

17 Parce que je n’ai pas été anéanti devant les ténèbres, et qu’il ne m’a pas caché l’obscurité.

Chapitre 24

1 Pourquoi des temps ne sont-ils pas réservés par devers le Tout-puissant, et ceux qui le connaissent ne voient-ils pas ses jours ?

— v. 12 : ou : plus que ce qui m’était donné pour ma propre portion.

*

2 Ils reculent les bornes, ils pillent le troupeau et le paissent ;

3 Ils emmènent l’âne des orphelins et prennent en gage le bœuf de la veuve ;

4 Ils détournent du chemin les pauvres ; les malheureux* de la terre se cachent ensemble :

5 Voici, ânes sauvages dans le désert, ils sortent pour leur besogne dès le matin, pour chercher leur proie ; le désert leur [fournit] le pain pour leurs* enfants ;

6 Ils moissonnent le* fourrage dans les champs, ils grappillent la vigne du méchant ;

7 Ils passent la nuit tout nus, sans vêtement, et n’ont pas de couverture par le froid ;

8 Ils sont trempés par les averses des montagnes, et, sans refuge, ils se serrent contre le rocher….

9 Ils arrachent de la mamelle l’orphelin, et [de la main] des pauvres ils prennent des gages* :

10 Ceux-ci vont nus, sans vêtement, et, affamés, ils portent la gerbe ;

11 Entre leurs murailles ils font de l’huile, ils foulent le pressoir, et ont soif.

12 Des villes sortent les soupirs des mourants, et l’âme des blessés à mort crie, et #Dieu n’impute pas l’indignité [qui se commet].

13 D’autres sont ennemis de la lumière, ils ne connaissent pas ses voies et ne demeurent pas dans ses sentiers.

14 Le meurtrier se lève avec la lumière, il tue le malheureux et le pauvre, et la nuit il est comme le voleur.

15 L’œil aussi de l’adultère guette le crépuscule, en disant : Aucun œil ne m’apercevra ; et il met un voile sur son visage.

16 Dans les ténèbres ils percent les maisons, de jour ils s’enferment* ; ils ne connaissent pas la lumière ;

17 Car le matin est pour eux tous l’ombre de la mort, car ils connaissent les terreurs de l’ombre de la mort.

18 Ils sont rapides sur la face des eaux*, leur part est maudite sur la terre ; ils ne se tournent pas vers les vignes.

19 La sécheresse et la chaleur emportent l’eau de neige ; ainsi le shéol fait-il de ceux qui ont péché.

20 Le sein maternel les oublie ; les vers se repaissent d’eux ; on ne se souvient plus d’eux : l’iniquité sera brisée comme du bois !

21 Ils dépouillent la femme stérile qui n’enfante pas, et ils ne font pas de bien à la veuve.

22 Et par leur force ils traînent* les puissants ; ils se lèvent et on n’est plus sûr de sa vie.

23 [Dieu] leur donne la sécurité, et ils s’appuient sur elle ; mais il a ses yeux sur leurs voies.

24 Ils sont élevés : dans peu, ils ne sont plus ; ils défaillent, et sont recueillis comme tous ; ils sont coupés comme la tête d’un épi.

25 Et si cela n’est pas, qui me fera menteur et réduira mon discours à néant ?

— v. 4 : ailleurs souvent : affligés. — v. 5 : litt. : [et] aux. — v. 6 : litt. : leur, celui des champs. — v. 9 : quelques-uns : et ils prennent en gage ce qui est sur les pauvres ; voir Exode 22:26-27. — v. 16 : quelques-uns : qu’ils ont marquées de jour. — v. 18 : c’est-à-dire emportés comme l’est par les vagues un objet qui surnage. — v. 22 : ou : par sa force, il traîne ; quelques-uns l’appliquent à Dieu.

*

Chapitre 25

1 Et Bildad, le Shukhite, répondit et dit :

2 La domination et la terreur sont avec lui ; il fait la paix dans ses hauts lieux.

3 Peut-on dénombrer ses troupes ? et sur qui sa lumière ne se lève-t-elle pas ?

4 Et comment l’homme sera-t-il juste devant *Dieu, et comment serait pur celui qui est né de femme ?

5 Voici, la lune même ne brille pas, et les étoiles ne sont pas pures à ses yeux :

6 Combien moins l’homme, un ver, et le fils de l’homme, un vermisseau !

*

Chapitre 26

1 Et Job répondit et dit :

2 Comme tu as aidé celui qui n’avait pas de puissance ! Comme tu as délivré le bras qui était sans force !

3 Quel conseil tu as donné à celui qui n’avait pas de sagesse ! et quelle abondance d’intelligence tu as montrée !

4 Pour qui as-tu prononcé des paroles, et de qui est le souffle qui est sorti de toi ?

5 Les trépassés tremblent au-dessous des eaux et de ceux qui les habitent.

6 Le shéol est à nu devant lui, et l’abîme* n’a pas de voile.

7 Il étend le nord sur le vide, il suspend la terre sur le néant.

8 Il serre les eaux dans ses nuages, et la nuée ne se fend pas sous elles ;

9 Il couvre la face de son trône et étend ses nuées par-dessus.

10 Il a tracé un cercle fixe sur la face des eaux, jusqu’à la limite extrême où la lumière confine aux ténèbres.

11 Les colonnes des cieux branlent et s’étonnent à sa menace.

12 Il soulève* la mer par sa puissance, et, par son intelligence, il brise Rahab**.

13 Par son Esprit le ciel est beau ; sa main a formé* le serpent fuyard.

14 Voici, ces choses sont les bords de ses voies, et combien faible est le murmure que nous en avons entendu* ! Et le tonnerre de sa force, qui peut le comprendre ?

— v. 6 : proprement : destruction ; hébreu : abaddon ; comparer 28:22. — v. 12* : quelques-uns : apaise. — v. 12** : ici : monstre marin ; ou : son insolence. — v. 13 : ou : transpercé. — v. 14 : ou : nous avons entendu de lui.

Chapitre 27

1 Et Job reprit son discours sentencieux et dit :

2 *Dieu qui a écarté mon droit, le Tout-puissant qui met l’amertume dans mon âme, est vivant :

3 Tant que mon souffle est en moi et l’esprit de #Dieu dans mes narines,

4 Mes lèvres ne diront pas d’iniquité, et ma langue ne prononcera pas de fausseté.

5 Loin de moi que je vous justifie ! Jusqu’à ce que j’expire, je ne lâcherai pas ma perfection* ;

6 Je tiendrai ferme ma justice et je n’en ferai pas abandon ; mon cœur ne me reproche aucun de mes jours.

7 Que mon ennemi soit comme le méchant, et celui qui s’élève contre moi comme l’inique !

8 Car quelle est l’espérance de l’impie quand [Dieu le] retranche*, quand #Dieu retire** son âme ?

9 *Dieu entendra-t-il son cri quand la détresse viendra sur lui ?

10 Trouvera-t-il ses délices dans le Tout-puissant ? Invoquera-t-il #Dieu en tout temps ?

— v. 5 : plutôt : irréprochabilité. — v. 8* : ou : quand il se sera enrichi par la rapine. — v. 8** : ou : met à l’aise.

*

11 Je vous enseignerai comment *Dieu agit*, je ne cacherai pas ce qui est par devers le Tout-puissant.

12 Voici, vous-mêmes, vous l’avez tous vu : et pourquoi entretenez-vous ces vaines pensées ?

13 Voici quelle est, par devers *Dieu, la part de l’homme méchant et l’héritage que les violents reçoivent du Tout-puissant :

14 Si ses fils se multiplient, c’est pour l’épée, et ses descendants ne sont pas rassasiés de pain.

15 Ceux qui restent après lui seront enterrés dans* la mort, et ses veuves ne pleureront pas.

16 S’il entasse l’argent comme la poussière et se prépare des vêtements comme de la boue,

17 Il se les prépare, mais le juste s’en vêtira ; et l’argent, c’est l’innocent qui se le partagera.

18 Il a bâti sa maison comme la teigne, comme une cabane que fait celui qui garde [les vignes].

19 Il se couche riche, et il ne le refera pas* ; il ouvre ses yeux, et il n’est plus.

20 Les frayeurs le surprennent comme des eaux ; l’ouragan l’emporte de nuit ;

21 Le vent d’orient l’enlève, et il s’en va, et dans un tourbillon il l’emporte de son lieu.

22 [Dieu] lance [ses dards] sur lui et ne l’épargne pas ; il voudrait fuir loin de sa main.

23 On battra des mains sur lui, et on le chassera de son lieu avec des sifflements.

— v. 11 : litt. : quant à la main de *Dieu. — v. 15 : ou : par. — v. 19 : selon d’autres : il n’est pas recueilli.

Chapitre 28

1 Oui*, il y a pour l’argent [un endroit] d’où on le tire, et un lieu pour l’or qu’on affine ;

2 Le fer se tire de la poussière, et la pierre fondue donne le cuivre.

3 [L’homme] met fin aux ténèbres et explore jusqu’à l’extrémité de tout, la pierre d’obscurité et de l’ombre de la mort.

4 On creuse un puits loin de ceux qui séjournent [sur la terre] ; oubliés du pied [de l’homme], ils sont suspendus, balancés loin des humains.

5 La terre,… d’elle sort le pain ; et au-dessous, elle est bouleversée comme par le feu.

6 Ses pierres sont le lieu du saphir, et la poussière d’or s’y trouve.

7 C’est un sentier que l’oiseau de proie ne connaît pas, et que l’œil du vautour n’a pas aperçu ;

8 La bête fauve* ne l’a pas foulé, le lion** ne l’a pas traversé.

9 [L’homme] porte sa main sur le roc dur, il renverse les montagnes depuis la racine ;

10 Il creuse des canaux dans les rochers ; et son œil voit tout ce qui est précieux ;

11 Il enserre les fleuves pour qu’ils ne suintent pas ; et il produit à la lumière les choses cachées.

— v. 1 : ou : Car. — v. 8* : litt. : Les fils de l’orgueil. — v. 8** : litt. : comme d’autres passages : le rugissant.

*

12 Mais la sagesse, où la trouvera-t-on ? et où est le lieu de l’intelligence ?

13 Aucun mortel n’en connaît le prix, et elle ne se trouve pas sur la terre des vivants.

14 L’abîme dit : Elle n’est pas en moi ; et la mer dit : Elle n’est pas chez moi.

15 Elle ne s’échange pas contre de l’or pur, et l’argent ne se pèse pas pour l’acheter.

16 On ne la met pas dans la balance avec l’or d’Ophir, avec l’onyx précieux et le saphir.

17 On ne peut lui comparer ni l’or ni le verre*, ni l’échanger contre un vase d’or fin.

18 [À côté d’elle] le corail et le cristal ne viennent pas dans la mémoire ; et la possession de la sagesse vaut mieux que les perles*.

19 La topaze d’Éthiopie ne lui est pas comparée, on ne la met pas dans la balance avec l’or pur.

20 Mais la sagesse, d’où vient-elle ? et où est le lieu de l’intelligence ?

21 Elle est voilée aux yeux de tous les vivants, et elle est cachée aux oiseaux des cieux.

22 La destruction et la mort disent : De nos oreilles nous en avons entendu la rumeur.

23 Dieu comprend son chemin, et lui, il connaît son lieu.

24 Car lui, voit jusqu’aux bouts de la terre : sa vue s’étend sous tous les cieux.

25 Quand il fixait au vent sa pesanteur, et qu’il établissait les eaux selon leur mesure ;

26 Quand il faisait une loi pour la pluie, et un chemin pour le sillon de la foudre :

27 Alors il la vit et la manifesta ; il l’établit, et il la sonda aussi ;

28 Et il dit à l’homme : Voici, la crainte du Seigneur, c’est là la sagesse, et se retirer du mal est l’intelligence.

— v. 17 : ou : cristal. — v. 18 : un autre : corail ( ?), ou : rubis.

Chapitre 29

1 Et Job reprit son discours sentencieux et dit :

2 Oh ! que ne suis-je comme aux mois d’autrefois, comme aux jours où #Dieu me gardait ;

3 Quand sa clarté* luisait sur ma tête, et que dans les ténèbres je marchais à sa lumière ;

4 Comme j’étais aux jours de mon automne*, quand le conseil secret de #Dieu présidait sur ma tente ;

5 Quand le Tout-puissant était encore avec moi, [et] que mes jeunes gens m’entouraient ;

6 Quand je lavais mes pas dans le caillé*, et que le rocher versait auprès de moi des ruisseaux d’huile ! —

7 Quand je sortais [pour aller] à la porte par la ville, quand je préparais mon siège sur la place :

8 Les jeunes gens me voyaient et se cachaient, et les vieillards se levaient [et] se tenaient debout ;

9 Les princes s’abstenaient de parler et mettaient la main sur leur bouche,

10 La voix des nobles s’éteignait*, et leur langue se collait à leur palais.

11 Quand l’oreille m’entendait, elle m’appelait bienheureux ; quand l’œil me voyait, il me rendait témoignage ;

12 Car je délivrais le malheureux qui implorait du secours, et l’orphelin qui était sans aide.

13 La bénédiction de celui qui périssait venait sur moi, et je faisais chanter de joie le cœur de la veuve.

14 Je me vêtais de la justice, et elle me revêtait* ; ma droiture m’était comme un manteau** et un turban.

15 J’étais, moi, les yeux de l’aveugle et les pieds du boiteux ;

16 J’étais un père pour les pauvres, et j’examinais la cause de celui qui m’était inconnu ;

17 Et je brisais la mâchoire de l’inique, et d’entre ses dents j’arrachais la proie.

18 Et je disais : J’expirerai dans mon nid, et mes jours seront nombreux comme le sable ;

19 Ma racine sera ouverte aux eaux, et la rosée séjournera sur ma branche ;

20 Ma gloire [restera] toujours nouvelle avec moi, et mon arc rajeunira dans ma main.

21 On m’écoutait et on attendait, et on se taisait pour [avoir] mon conseil ;

22 Après que j’avais parlé on ne répliquait pas, et mon discours distillait sur eux ;

23 Et on m’attendait comme la pluie, et on ouvrait la bouche [comme] pour la pluie de la dernière saison.

24 Si je leur souriais, ils ne le croyaient pas*, et ils ne troublaient pas la sérénité de ma face.

25 Je choisissais pour eux le chemin et je m’asseyais à leur tête, et je demeurais comme un roi au milieu d’une troupe, comme quelqu’un qui console les affligés.

— v. 3 : litt. : lampe. — v. 4 : peut-être : ma jeunesse ; c’était le commencement de l’année civile. — v. 6 : ou : beurre. — v. 10 : litt. : se cachait. — v. 14* : c’est-à-dire me couvrait comme un [vêtement]. — v. 14** : ailleurs : robe ; c’est le large vêtement extérieur des orientaux. — v. 24 : quelques-uns : Je leur souriais quand ils étaient sans courage.

Chapitre 30

1 Et maintenant, ceux qui sont plus jeunes que moi se moquent de moi, ceux dont j’aurais dédaigné de mettre les pères avec les chiens de mon troupeau.

2 Même à quoi m’aurait servi la force de leurs mains ? La vigueur est périe pour eux.

3 Desséchés par la disette et la faim, ils s’enfuient dans* les lieux arides, dès longtemps désolés et déserts ;

4 Ils cueillent le pourpier de mer parmi les broussailles, et, pour leur pain, la racine des genêts.

5 Ils sont chassés du milieu [des hommes], (on crie après eux comme après un voleur,)

6 Pour demeurer dans des gorges affreuses, dans les trous de la terre et des rochers* ;

7 Ils hurlent parmi les broussailles, ils se rassemblent sous les ronces :

8 Fils d’insensés, et fils de gens sans nom, ils sont chassés du pays.

9 Et maintenant, je suis leur chanson et je suis le sujet de leur entretien.

10 Ils m’ont en horreur, ils se tiennent loin de moi, et n’épargnent pas à ma face les crachats ;

11 Car Il a délié ma corde et m’a affligé : ils ont jeté loin [tout] frein devant moi.

12 Cette jeune engeance se lève à ma droite ; ils poussent mes pieds et préparent contre moi leur chemin pernicieux ;

13 Ils détruisent mon sentier, ils contribuent à ma calamité, sans que personne leur vienne en aide ;

14 Ils viennent comme par une large brèche, ils se précipitent* au milieu du fracas.

15 Des terreurs m’assaillent, elles poursuivent ma gloire comme le vent, et mon état de sûreté est passé comme une nuée.

16 Et maintenant, mon âme se répand en moi : les jours d’affliction m’ont saisi.

17 La nuit perce mes os [et les détache] de dessus moi, et ceux qui me rongent* ne dorment pas ;

18 Par leur grande force ils deviennent mon vêtement ; ils me serrent comme le collet de ma tunique.

19 Il m’a jeté dans la boue, et je suis devenu comme la poussière et la cendre.

— v. 3 : d’autres : broutent. — v. 6 : ou : dans les rochers. — v. 14 : litt. : se roulent. — v. 17 : c’est-à-dire mes maux (douleurs).

*

20 Je crie à toi, et tu ne me réponds pas ; je me tiens là, et tu me regardes !

21 Tu t’es changé pour moi en [ennemi] cruel ; tu me poursuis avec la force de ta main.

22 Tu m’enlèves sur le vent, tu fais qu’il m’emporte, et tu dissous ma substance*.

23 Car je sais que tu m’amènes à la mort, la maison de rassemblement de tous les vivants.

24 Toutefois, dans sa ruine, n’étend-il pas la main, et, dans sa calamité, ne jette-t-il pas un cri [de détresse] * ?

25 N’ai-je pas pleuré sur celui pour qui les temps étaient durs, et mon âme n’a-t-elle pas été attristée pour le pauvre ?

26 Car j’attendais le bien, et le mal est arrivé ; je comptais sur la lumière, et l’obscurité est venue.

27 Mes entrailles bouillonnent et ne cessent pas ; les jours d’affliction sont venus sur moi.

28 Je marche tout noirci, mais non par le soleil ; je me lève dans l’assemblée, je crie ;

29 Je suis devenu le frère des chacals et le compagnon des autruches.

30 Ma peau devient noire [et se détache] de dessus moi, et mes os sont brûlés par la sécheresse ;

31 Et ma harpe est changée en deuil, et mon chalumeau est devenu la voix des pleureurs.

— v. 22 : ou : la tempête me dissout. — v. 24 : ou : Lorsque [Dieu] étend sa main, la prière n’est rien, quoiqu’ils crient dans la destruction qu’Il leur envoie.

Chapitre 31

1 J’ai fait alliance avec mes yeux : et comment eussé-je arrêté mes regards sur une vierge ?

2 Et quelle eût été d’en haut [ma] portion de la part de #Dieu, et, des hauts lieux, [mon] héritage de la part du Tout-puissant ?

3 La calamité n’est-elle pas pour l’inique, et le malheur pour ceux qui pratiquent le mal ?

4 Lui, ne voit-il pas mon chemin, et ne compte-t-il point tous mes pas ?

5 Si j’ai marché avec fausseté, si mes pieds se sont hâtés vers la fraude,

6 Qu’il me pèse dans la balance de justice, et #Dieu reconnaîtra ma perfection*.

7 Si mon pas s’est détourné du chemin, et si mon cœur a suivi mes yeux, et si quelque souillure s’est attachée à ma main,

8 Que je sème et qu’un autre mange, et que mes rejetons soient déracinés !…

9 Si mon cœur s’est laissé attirer vers une femme et que j’aie fait le guet à la porte de mon prochain,

10 Que ma femme tourne la meule pour un autre, et que d’autres se penchent sur elle ;

11 Car c’est là une infamie, et une iniquité punissable par les juges :

12 Car c’est un feu qui dévore jusque dans l’abîme* et qui détruirait par la racine tout mon revenu,…

13 Si j’ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante quand ils contestaient avec moi,

14 Que ferais-je quand *Dieu se lèverait ? et s’il me visitait, que lui répondrais-je ?

15 Celui qui m’a fait dans le sein de ma mère, ne les a-t-il pas faits [eux aussi], et un seul et même [Dieu] ne nous a-t-il pas formés dans la matrice ? …

16 Si j’ai refusé aux misérables leur désir, si j’ai fait défaillir les yeux de la veuve ;

17 Si j’ai mangé seul mon morceau, et que l’orphelin n’en ait pas mangé ; —

18 Car dès ma jeunesse il m’a honoré comme un père, et dès le ventre de ma mère j’ai soutenu la [veuve] ; …

19 Si j’ai vu quelqu’un périr faute de vêtement, et le pauvre manquer de couverture ;

20 Si ses reins ne m’ont pas béni, et qu’il ne se soit pas réchauffé avec la toison de mes agneaux ;

21 Si j’ai secoué ma main contre un orphelin, parce que je voyais mon appui dans la porte* :

22 Que mon épaule se démette de sa jointure, et que mon bras cassé se détache de l’os !

23 Car la calamité de la part de *Dieu m’était une frayeur, et devant sa grandeur* je ne pouvais rien….

24 Si j’ai mis ma confiance dans l’or, si j’ai dit à l’or fin : C’est à toi que je me fie ;

25 Si je me suis réjoui de ce que mes biens étaient grands, et de ce que ma main avait beaucoup acquis ;

26 Si j’ai vu le soleil* quand il brillait, et la lune quand elle marchait dans sa splendeur,

27 Et que mon cœur ait été séduit en secret, et que ma bouche ait baisé ma main, —

28 Cela aussi serait une iniquité punissable par le juge, car j’aurais renié le *Dieu qui est en haut ; …

29 Si je me suis réjoui dans la calamité de celui qui me haïssait, si j’ai été ému de joie lorsque* le malheur l’a trouvé ; —

30 Même je n’ai pas permis à ma bouche* de pécher, de demander sa vie par une exécration ; …

31 Si les gens de ma tente n’ont pas dit : Qui trouvera quelqu’un qui n’ait pas été rassasié de la chair de ses bêtes* ? —

32 L’étranger ne passait pas la nuit dehors, j’ouvrais ma porte sur le chemin ; …

33 Si j’ai couvert ma transgression comme Adam, en cachant mon iniquité dans mon sein,

34 Parce que je craignais la grande multitude, et que le mépris des familles me faisait peur, et que je sois resté dans le silence et ne sois pas sorti de ma porte….

35 Oh ! si j’avais quelqu’un pour m’écouter ! Voici ma signature. Que le Tout-puissant me réponde, et que ma partie adverse fasse un écrit !

36 Ne le porterais-je pas sur mon épaule ? Ne le lierais-je pas sur moi comme une couronne ?

37 Je lui déclarerais le nombre de mes pas ; comme un prince je m’approcherais de lui….

38 Si ma terre crie contre moi, et que ses sillons pleurent ensemble,

39 Si j’en ai mangé le revenu sans argent, et que j’aie tourmenté à mort* l’âme de ses possesseurs,

40 Que les épines croissent au lieu de froment, et l’ivraie au lieu d’orge !

— v. 6 : comme 27:5. — v. 12 : comme 26:6. — v. 21 : la porte de la ville. — v. 23 : litt. : hauteur. — v. 26 : litt. : la lumière. — v. 29 : ou : de ce que. — v. 30 : litt. : mon palais. — v. 31 : hébreu : rassasié de sa chair. — v. 39 : ou : méprisé.

Les paroles de Job sont finies.

*

Chapitre 32

1 Et ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il était juste à ses propres yeux.

2 Alors s’enflamma la colère d’Élihu, fils de Barakeël, le Buzite, de la famille de Ram : sa colère s’enflamma contre Job, parce qu’il se justifiait lui-même plutôt que Dieu ;

3 et sa colère s’enflamma contre ses trois amis, parce qu’ils ne trouvaient pas de réponse et qu’ils condamnaient Job.

4 Et Élihu avait attendu que Job eût cessé de parler*, parce qu’ils étaient plus avancés en jours que lui.

5 Et Élihu vit qu’il n’y avait point de réponse dans la bouche des trois hommes, et sa colère s’enflamma.

6 Et Élihu, fils de Barakeël, le Buzite, répondit et dit :

Moi, je suis jeune, et vous êtes des vieillards ; c’est pourquoi je redoutais et je craignais de vous faire connaître ce que je sais.

7 Je disais : Les jours parleront, et le grand nombre des années donnera à connaître la sagesse.

8 Toutefois il y a un esprit qui est dans les hommes*, et le souffle du Tout-puissant leur donne de l’intelligence :

9 Ce ne sont pas les grands qui sont sages, ni les anciens qui discernent ce qui est juste.

10 C’est pourquoi je dis : Écoute-moi ; moi aussi je ferai connaître ce que je sais.

11 Voici, j’ai attendu vos paroles, j’ai écouté vos raisonnements, jusqu’à ce que vous eussiez examiné le sujet ;

12 Je vous ai donné toute mon attention : et voici, il n’y a eu personne d’entre vous qui convainquît Job, qui répondît à ses paroles, —

13 Afin que vous ne disiez pas : Nous avons trouvé la sagesse. *Dieu le fera céder, et non pas l’homme.

14 Or il ne m’a pas adressé de discours, et je ne lui répondrai pas avec vos paroles.

— v. 4 : litt. : attendu Job pendant les paroles. — v. 8 : hommes, mortels.

*

15 Ils ont été confondus*, ils ne répondent plus ; les paroles leur sont ôtées.

16 J’ai attendu, car ils ne parlaient plus, car ils se tenaient là, ils ne répondaient plus ;

17 Je répondrai, moi aussi, à mon tour ; je ferai connaître, moi aussi, ce que je sais ;

18 Car je suis plein de paroles, l’esprit qui est au dedans de moi* me presse.

19 Voici, mon ventre est comme un vin qui n’a pas été ouvert ; il éclate comme des outres neuves.

20 Je parlerai et je respirerai ; j’ouvrirai mes lèvres et je répondrai ;

21 Je ne ferai pas acception de personnes, et je ne flatterai aucun homme ;

22 Car je ne sais pas flatter : celui qui m’a fait m’emporterait bientôt.

— v. 15 : ou : ont eu peur. — v. 18 : litt. : dans mon ventre.

Chapitre 33

1 Mais toutefois, Job, je te prie, écoute ce que je dis, et prête l’oreille à toutes mes paroles.

2 Voici, j’ai ouvert ma bouche, ma langue parle dans mon palais.

3 Mes paroles seront selon la droiture de mon cœur, et ce que je sais mes lèvres le diront avec pureté.

4 L’Esprit de *Dieu m’a fait, et le souffle du Tout-puissant m’a donné la vie.

5 Si tu le peux, réponds-moi ; arrange [des paroles] devant moi, tiens-toi là !

6 Voici, je suis comme toi quant à *Dieu*, je suis fait** d’argile, moi aussi.

7 Voici, ma terreur ne te troublera pas, et mon poids ne t’accablera pas.

— v. 6* : selon d’autres : je suis de Dieu [ou : pour Dieu] selon ce que tu as dit. — v. 6** : litt. : pris.

*

8 Certainement tu as dit à mes propres oreilles, et j’ai entendu le son de [tes] discours :

9 Moi, je suis net, sans transgression ; je suis pur, et il n’y a pas d’iniquité en moi ;

10 Voici, il trouve des occasions d’inimitié contre moi, il me considère comme son ennemi ;

11 Il a mis mes pieds dans les ceps, il observe toutes mes voies.

*

12 Voici, je te répondrai qu’en cela tu n’as pas été juste, car #Dieu est plus grand que l’homme.

13 Pourquoi contestes-tu avec lui ? car d’aucune de ses actions il ne rend compte.

14 Car *Dieu parle une fois, et deux fois — [et] l’on n’y prend pas garde —

15 Dans un songe, dans une vision de nuit, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, quand ils dorment sur leurs lits :

16 Alors il ouvre l’oreille aux hommes et scelle l’instruction qu’il leur donne*,

17 Pour détourner l’homme de ce qu’il fait ; et il cache l’orgueil à l’homme ;

18 Il préserve son âme de la fosse, et sa vie de se jeter sur l’épée.

19 Il est châtié aussi sur son lit par la douleur, et la lutte de ses os est continuelle,

20 Et sa vie prend en dégoût le pain, et son âme l’aliment qu’il aimait ;

21 Sa chair est consumée et ne se voit plus, et ses os, qu’on ne voyait pas, sont mis à nu ;

22 Et son âme s’approche de la fosse, et sa vie, de ceux qui font mourir.

23 S’il y a pour lui un messager, un interprète, un entre mille, pour montrer à l’homme ce qui, pour lui, est la droiture*,

24 Il lui fera grâce, et il dira : Délivre-le* pour qu’il ne descende pas dans la fosse : j’ai trouvé une propitiation**.

25 [Alors] sa chair aura plus de fraîcheur que dans l’enfance ; il reviendra aux jours de sa jeunesse ;

26 Il suppliera #Dieu, et [Dieu] l’aura pour agréable ; et il verra sa face avec des chants de triomphe, et [Dieu] rendra à l’homme sa justice.

27 Il chantera devant* les hommes, et dira : J’ai péché et j’ai perverti la droiture, et il ne me l’a pas rendu ;

28 Il a délivré mon âme pour qu’elle n’allât pas dans la fosse, et ma vie verra la lumière.

29 Voilà, *Dieu opère toutes ces choses deux fois, trois fois, avec l’homme,

30 Pour détourner son âme de la fosse, pour qu’il soit illuminé de la lumière des vivants.

— v. 16 : litt. : leur instruction. — v. 23 : c’est-à-dire la droiture en se jugeant lui-même. — v. 24* : délivrer, ailleurs : racheter. — v. 24** : ou : rançon. — v. 27 : ou : Il (homme repentant) regardera vers ; ou : Il (Dieu) regardera vers les hommes, et [l’homme] dira….

*

31 Sois attentif, Job, écoute-moi ; tais-toi, et moi je parlerai.

32 S’il y a quelque chose à dire, réponds-moi ; parle, car je désire que tu sois trouvé juste ;

33 Sinon, écoute-moi ; tais-toi, et je t’enseignerai la sagesse.

Chapitre 34

1 Et Élihu reprit la parole et dit :

2 Sages, écoutez mes paroles, et vous qui avez de la connaissance, prêtez-moi l’oreille ;

3 Car l’oreille éprouve les discours, comme le palais goûte les aliments.

4 Choisissons pour nous ce qui est juste, et reconnaissons entre nous ce qui est bon.

5 Car Job a dit : Je suis juste, et *Dieu a écarté mon droit ;

6 Mentirai-je contre* ma droiture ? ma blessure est incurable, sans qu’il y ait de transgression.

7 Qui est l’homme qui soit comme Job ? Il boit la moquerie comme l’eau ;

8 Il marche dans la compagnie des ouvriers d’iniquité, et il chemine avec les hommes méchants.

9 Car il a dit : Il ne profite de rien à l’homme de trouver son plaisir en Dieu.

10 C’est pourquoi, hommes de sens, écoutez-moi : Loin de *Dieu la méchanceté, et loin du Tout-puissant l’iniquité !

11 Car il rendra à l’homme ce qu’il aura fait, et il fera trouver à chacun selon sa voie.

12 Certainement *Dieu n’agit pas injustement, et le Tout-puissant ne pervertit pas le droit.

13 Qui a confié la terre à ses soins, et qui a placé le monde entier [sous lui] ?

14 S’il ne pensait qu’à lui-même et retirait à lui son esprit et son souffle,

15 Toute chair expirerait ensemble et l’homme retournerait à la poussière.

— v. 6 : ou : malgré.

*

16 Si [tu as] de l’intelligence, écoute ceci ; prête l’oreille à la voix de mes paroles.

17 Celui qui hait la justice gouvernera-t-il donc ? Et condamneras-tu le juste par excellence* ?

18 Dira-t-on Bélial, au roi ? — Méchants, aux nobles ?

19 [Combien moins] à celui qui ne fait pas acception de la personne des princes, et qui n’a pas égard au riche plutôt qu’au pauvre ; car ils sont tous l’œuvre de ses mains.

20 Ils mourront en un moment ; au milieu de la nuit les peuples chancellent et s’en vont, et les puissants sont retirés sans main.

21 Car ses yeux sont sur les voies de l’homme, et il voit tous ses pas.

22 Il n’y a pas de ténèbres, il n’y a pas d’ombre de la mort, où se puissent cacher les ouvriers d’iniquité.

23 Car il ne pense pas* longtemps à un homme pour le faire venir devant *Dieu en jugement.

24 Il brise les puissants, sans examen, et il fait que d’autres se tiennent à leur place ;

25 En effet il connaît leurs œuvres : il les renverse de nuit, et ils sont écrasés.

26 Il les frappe comme des méchants dans le lieu où ils sont en vue,

27 Parce qu’ils se sont retirés de* lui, et qu’ils n’ont pas considéré toutes ses voies,

28 Pour faire monter vers lui le cri du pauvre, en sorte qu’il entende le cri des malheureux.

— v. 17 : litt. : le Tout-juste. — v. 23 : ou : il ne fait pas attendre. — v. 27 : litt. : détournés d’après.

*

29 Quand il donne la tranquillité, qui troublera ? Il cache sa face, et qui le verra ? [Il fait] ainsi, soit à une nation, soit à un homme,

30 Pour empêcher l’homme impie de régner, pour écarter du peuple les pièges.

31 Car a-t-il* [jamais] dit à *Dieu : Je porte ma peine, je ne ferai plus de mal ;

32 Ce que je ne vois pas, montre-le-moi ; si j’ai commis l’iniquité, je ne le referai pas ?

— v. 31 : c’est-à-dire  Job

*

33 Rétribuera-t-il selon tes pensées ? car tu as rejeté [son jugement], car toi, tu as choisi, et non pas moi ; ce que tu sais, dis-le donc.

34 Les hommes de sens me diront, et un homme sage qui m’écoute :

35 Job n’a pas parlé avec connaissance, et ses paroles ne sont pas intelligentes ;

36 Je voudrais que Job fût éprouvé jusqu’au bout, parce qu’il a répondu à la manière des hommes iniques ;

37 Car il a ajouté à son péché la transgression* ; il bat des mains parmi nous, et multiplie ses paroles contre *Dieu.

— v. 37 : distinct de transgression, 1 Sam. 2:24, (et transgresser, Deut. 17:2 ; 26:13, etc., etc.) ; plutôt : rébellion, ici et dans tout l’Ancien Testament ; voir la note à 7:21.

Chapitre 35

1 Et Élihu reprit la parole et dit :

2 Penses-tu que ceci soit fondé, que tu aies dit : Je suis plus juste que *Dieu ?

3 Car tu as demandé quel profit tu en as : Quel avantage en ai-je de plus que si j’avais péché ?

4 Je te répliquerai, moi, par des paroles, et à tes amis avec toi :

5 Regarde les cieux et vois, et contemple les nuées : elles sont plus hautes que toi.

6 Si tu pèches, quel tort lui causes-tu ? et si tes transgressions se multiplient, que lui as-tu fait ?

7 Si tu es juste, que lui donnes-tu, ou que reçoit-il de ta main ?

8 Pour un homme comme toi ta méchanceté [peut être quelque chose], et pour un fils d’homme, ta justice.

9 On crie à cause de la multitude des oppressions, et on appelle au secours à cause du bras des grands ;

10 Et on ne dit pas : Où est #Dieu, mon créateur, qui donne des chants de joie dans la nuit,

11 Qui nous rend plus instruits que les bêtes de la terre, et plus sages que les oiseaux des cieux ?

12 Alors on crie, et il ne répond pas, à cause de l’orgueil des méchants.

13 Certainement ce qui est vanité *Dieu ne l’écoute pas, et le Tout-puissant ne le regarde pas.

14 Quoique tu dises que tu ne le* vois pas, le jugement est devant lui ; attends-le donc.

15 Et maintenant, si sa colère n’a pas encore visité, [Job] ne* connaît-il pas [sa] grande arrogance ?

16 Et Job ouvre sa bouche vainement ; il entasse des paroles sans science.

— v. 14 : c’est-à-dire  Dieu. — v. 15 : selon d’autres : parce qu’il n’en est pas ainsi, sa colère punit, et [Job] ne.

Chapitre 36

1 Et Élihu continua et dit :

2 Attends-moi un peu, et je te montrerai que j’ai encore des paroles pour #Dieu.

3 J’apporterai de loin ce que je sais, et je donnerai justice à mon créateur.

4 Car certainement mes discours ne sont pas des mensonges ; celui qui est parfait* en connaissances est avec toi.

— v. 4 : ailleurs aussi : intègre.

*

5 Voici, *Dieu est puissant et ne méprise personne ; il est puissant en force d’intelligence*.

6 Il ne fait pas vivre le méchant, mais il fait droit aux malheureux.

7 Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste, et [celui-ci] est avec les rois sur le trône, et il les fait asseoir à toujours, et ils sont élevés.

8 Et si, liés dans les chaînes, ils sont pris dans les cordeaux du malheur,

9 Il leur montre ce qu’ils ont fait, et leurs transgressions, parce qu’elles sont devenues grandes* ;

10 Et il ouvre leurs oreilles à la discipline, et leur dit de revenir de l’iniquité.

11 S’ils écoutent et le servent, ils accompliront leurs jours dans la prospérité et leurs années dans les choses agréables [de la vie] ;

12 Mais s’ils n’écoutent pas, ils s’en iront par l’épée, et expireront sans connaissance.

13 Les hypocrites* de cœur amassent la colère ; ils ne crient pas quand [Dieu] les lie.

14 Ils mourront dans la jeunesse, et leur vie est parmi les hommes voués à l’infamie.

15 Il délivre le malheureux dans son malheur, et lui ouvre l’oreille dans l’oppression.

16 Il t’aurait aussi tiré de la gueule de la détresse [et mis] au large, là où il n’y a point de gêne, et la graisse abonderait dans les mets de ta table*.

17 Mais tu es plein des jugements* des méchants ; le jugement et la justice [te] saisiront.

18 Puisqu’il y a de la colère, prends garde qu’elle ne t’enlève par le châtiment ; et une grande rançon ne te le fera pas éviter.

19 Tiendra-t-il compte de tes richesses ? Non ; — ni de l’or, ni de toutes les ressources de la puissance.

20 Ne soupire pas après la nuit qui enlèvera les peuples de leur place.

21 Prends garde à toi ! Ne te tourne pas vers l’iniquité, car c’est ce que tu as choisi plutôt que l’affliction*.

— v. 5 : litt. : de cœur. — v. 9 : ou : parce qu’ils sont devenus orgueilleux. — v. 13 : ou : impies. — v. 16 : quelques-uns : ta table serait tranquille [et] pleine de graisse. — v. 17 : litt. : du jugement. — v. 21 : plus haut : malheur.

*

22 Voici, *Dieu se montre élevé dans sa puissance : qui enseigne comme lui ?

23 Qui lui a prescrit son chemin, et qui a dit : Tu as mal agi ?

24 Souviens-toi de glorifier son œuvre, que les hommes célèbrent :

25 Tout homme la contemple, le mortel la regarde de loin.

26 Voici, *Dieu est grand, et nous ne le connaissons pas ; le nombre de ses années, nul ne le sonde.

27 Car il attire les gouttes d’eau : des vapeurs qu’il forme elles distillent la pluie,

28 Que les nuages font couler ; ils tombent en gouttes sur les hommes, abondamment*.

29 Mais qui peut comprendre le déploiement de la nuée, le fracas de son tabernacle ?

30 Voici, il étend sa lumière autour de lui, et couvre le fond* de la mer.

31 Car par ces choses il juge les peuples, il donne la nourriture en abondance.

32 Il couvre ses mains de l’éclair*, et lui commande où il doit frapper** ;

33 Son bruit l’annonce, le bétail même en présage la venue !

— v. 28 : quelques-uns : sur une multitude d’hommes. — v. 30 : litt. : les racines. — v. 32* : litt. : lumière. — v. 32** : ou : donne ses ordres contre l’ennemi.

Chapitre 37

1 À cause de cela aussi mon cœur tremble, et tressaille comme s’il sortait de sa place.

2 Écoutez donc le bruit éclatant de sa voix et le grondement qui sort de sa bouche !

3 Il le dirige sous tous les cieux, et son éclair*, jusqu’aux extrémités de la terre :

4 Après lui une voix rugit. Il tonne de sa voix majestueuse, et il ne retient pas ses* éclairs quand il fait entendre sa voix.

5 *Dieu tonne merveilleusement de sa voix, faisant de grandes choses que nous ne comprenons pas.

6 Car il dit à la neige : Tombe sur la terre ! et aussi aux averses de pluie, et aux averses des pluies de sa force.

7 Il met un sceau sur la main de tout homme, afin que tous les hommes connaissent son œuvre*.

8 Les bêtes sauvages rentrent dans leurs gîtes, et demeurent dans leurs repaires.

9 Des chambres [du midi] vient le tourbillon, et des vents du nord, le froid.

10 Au souffle de *Dieu se forme la glace, et la largeur des eaux se resserre.

11 Il charge d’eau le nuage ; sa lumière dissipe les nuées ;

12 Et sous sa conduite elles tournoient en tout sens, pour accomplir leur œuvre, tout ce qu’il leur commande sur la face du cercle* de la terre,

13 Soit qu’il les fasse venir comme verge, ou pour sa terre, ou en bonté.

— v. 3 : litt. : lumière. — v. 4 : litt. : les. — v. 7 : ou : que tous les hommes qu’il a faits le connaissent. — v. 12 : litt. : monde.

*

14 Écoute ceci, Job ; tiens-toi là, et discerne les œuvres merveilleuses de *Dieu.

15 Sais-tu comment #Dieu les a disposées et comment il fait briller l’éclair* de sa nue ?

16 Comprends-tu le balancement des nuages, les œuvres merveilleuses de celui qui est parfait en connaissance, —

17 Pourquoi tes vêtements sont chauds quand il donne du repos à la terre par le vent du midi ?

18 As-tu étendu avec lui la voûte céleste, aussi ferme qu’un miroir de fonte ?

19 Fais-nous savoir ce que nous lui dirons ! Nous ne savons préparer [des paroles], à cause de [nos] ténèbres.

20 Lui racontera-t-on que je parle ? Si quelqu’un lui parle, il sera sûrement englouti.

21 Et maintenant on ne voit pas la lumière brillante, elle est [cachée] dans les nues ; mais le vent passe et les [chasse, et] produit un ciel clair*.

22 L’or* vient du nord ; — par devers #Dieu est la majesté terrible.

23 Le Tout-puissant, nous ne le trouvons pas ; grand en force, en jugement* et en beaucoup de justice, il n’opprime pas**.

24 C’est pourquoi les hommes le craindront ; aucun des sages de cœur ne le contemplera*.

— v. 15 : litt. : lumière. — v. 21 : litt. : et les purifie, c’est-à-dire rend le ciel pur ; le mot traduit par « nues » est employé pour le ciel, la voûte céleste, verset 18. — v. 22 : d’autres : La lueur d’or. — v. 23* : ailleurs : droit. — v. 23** : ou : ne répond pas. — v. 24 : ou : il ne regarde aucun des sages de cœur.

*

Chapitre 38

1 Et l’Éternel répondit à Job du milieu du tourbillon, et dit :

2 Qui est celui-ci qui obscurcit le conseil par des discours sans connaissance ?

3 Ceins tes reins comme un homme, et je t’interrogerai et tu m’instruiras !

4 Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ? Déclare-le-moi, si tu as de l’intelligence.

5 Qui lui a établi sa mesure, — si tu le sais ? Ou qui a étendu le cordeau sur elle ?

6 Sur quoi ses bases sont-elles assises*, ou qui a placé sa pierre angulaire,

7 Quand les étoiles du matin chantaient ensemble, et que tous les fils de Dieu éclataient de joie ?

8 Et qui a renfermé la mer dans des portes, quand elle rompit [les bornes] et sortit de la matrice,

9 Quand je fis de la nuée son vêtement, et de l’obscurité ses langes ;

10 Quand je lui découpai ses limites et lui mis des barres et des portes,

11 Et que je dis : Tu viendras jusqu’ici et tu n’iras pas plus loin, et ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ?

— v. 6 : proprement : plongées.

*

12 As-tu, de ta vie*, commandé au matin ? As-tu montré à l’aube du jour sa place,

13 Pour qu’elle saisisse les bords de la terre, et que les méchants en soient secoués ?

14 Elle* se change comme l’argile d’un sceau, et [toutes choses] se présentent parées comme d’un vêtement ;

15 Et leur lumière* est ôtée aux méchants, et le bras levé est cassé.

— v. 12 : litt. : tes jours. — v. 14 : c’est-à-dire la terre. — v. 15 : la nuit était pour eux la lumière.

*

16 Es-tu allé aux sources de la mer, et t’es-tu promené dans les profondeurs de l’abîme ?

17 Les portes de la mort se sont-elles découvertes à toi ? Et as-tu vu les portes de l’ombre de la mort ?

18 Ton regard a-t-il pénétré jusque dans les vastes espaces de la terre ? Dis-le, si tu connais tout cela.

*

19 Où est le chemin vers le séjour de la lumière ? et les ténèbres, où est leur place ?

20 Pour que tu les prennes à leur limite, et que tu connaisses les sentiers de leur maison ?

21 Tu le sais, car tu étais né alors, et le nombre de tes jours est grand !

*

22 Es-tu allé aux trésors de la neige, et as-tu vu les trésors de la grêle,

23 Que j’ai mis en réserve pour le temps de la détresse, pour le jour du combat et de la guerre ?

24 Par quel chemin se distribue la lumière, et le vent d’orient se répand-il sur la terre ?

25 Qui a découpé des canaux aux torrents de pluie, et un chemin à l’éclair des tonnerres,

26 Pour faire pleuvoir sur une terre où il n’y a personne, sur le désert où il n’y a pas d’hommes ;

27 Pour rassasier les lieux désolés et déserts, pour faire germer les pousses de l’herbe ?

28 La pluie a-t-elle un père ? ou qui engendre les gouttes de la rosée ?

29 Du sein de qui sort la glace ? et le frimas des cieux, qui l’enfante ?

30 Devenues pierre, les eaux se cachent, et la surface de l’abîme se prend.

*

31 Peux-tu serrer les liens des Pléiades, ou détacher les cordes d’Orion ?

32 Fais-tu sortir les signes du zodiaque en leurs saisons, et mènes-tu la grande Ourse avec ses filles* ?

33 Connais-tu les lois des cieux, ou établis-tu leur empire sur la terre ?

34 Peux-tu élever ta voix vers les nuages, en sorte que des torrents d’eau te couvrent ?

35 As-tu lancé la foudre, en sorte qu’elle soit allée et t’ait dit : Me voici ?

36 Qui a mis la sagesse dans les reins, ou qui donna l’intelligence à l’esprit ?

37 Qui a compté les nuages dans [sa] sagesse ? et qui verse les outres des cieux,

38 Quand la poussière coule comme du métal en fusion et que les mottes se soudent entre elles ?

— v. 32 : litt. : fils.

Chapitre 39

1 Est-ce toi qui chasses la proie pour la lionne, et qui rassasies l’appétit des lionceaux,

2 Quand ils sont couchés dans leurs tanières [et] se tiennent aux aguets dans leur fourré ?

3 Qui prépare au corbeau sa pâture quand ses petits crient à *Dieu [et] qu’ils errent sans nourriture ?

*

4 Sais-tu le temps où mettent bas les bouquetins* des rochers ? As-tu observé les douleurs des biches ?

5 As-tu compté les mois qu’elles accomplissent, et connais-tu le temps où elles mettent bas ?

6 Elles se courbent, elles enfantent leur portée, elles se délivrent de leurs douleurs.

7 Leurs petits deviennent forts, ils grandissent dans les champs*, ils s’en vont et ne reviennent pas à elles.

— v. 4 : ou : chamois. — v. 7 : ou : la plaine.

*

8 Qui a lâché* l’âne sauvage ? qui a délié les liens de l’onagre,

9 Auquel j’ai donné le désert pour maison, et la terre salée pour demeure ?

10 Il se rit du tumulte de la ville, il n’entend pas le cri du conducteur.

11 Il parcourt les montagnes pour trouver sa pâture, et il est en quête de tout ce qui est vert.

— v. 8 : litt. : envoyé libre.

*

12 Le buffle* voudra-t-il être à ton service ? passera-t-il la nuit auprès de ta crèche ?

13 Attacheras-tu le buffle par sa corde dans le sillon ? Hersera-t-il les vallées après toi ?

14 Auras-tu confiance en lui, parce que sa force est grande, et lui abandonneras-tu ton labeur ?

15 Te fieras-tu à lui pour rentrer ce que tu as semé, et rassemblera-t-il [le blé] dans ton aire ?

— v. 12 : ou : la grande gazelle.

*

16 L’aile de l’autruche bat joyeusement : ce sont les plumes et le plumage de la cigogne ;

17 Toutefois elle abandonne ses œufs à la terre et les chauffe sur la poussière,

18 Et elle oublie que le pied peut les écraser et la bête des champs les fouler ;

19 Elle est dure avec ses petits comme s’ils n’étaient pas à elle ; son labeur est vain, sans qu’elle s’en émeuve.

20 Car #Dieu l’a privée de* sagesse, et ne lui a pas départi l’intelligence.

21 Quand elle s’enlève, elle se moque du cheval et de celui qui le monte.

— v. 20 : litt. : Car #Dieu lui a fait oublier la.

*

22 Est-ce toi qui as donné au cheval sa force ? Est-ce toi qui as revêtu son cou d’une crinière flottante* ?

23 Est-ce toi qui le fais bondir comme la sauterelle ? Son ronflement magnifique est terrible.

24 Il creuse [le sol] dans la plaine et se réjouit de sa force ; il sort à la rencontre des armes ;

25 Il se rit de la frayeur et ne s’épouvante pas, et il ne se tourne pas devant l’épée.

26 Sur lui retentit le carquois, brillent la lance et le javelot.

27 Frémissant et agité, il dévore le sol, et ne peut se contenir quand sonne la trompette.

28 Au bruit de la trompette, il dit : Ha ! ha ! et de loin il flaire la bataille, le tonnerre des chefs et le tumulte.

— v. 22 : selon quelques-uns : de tonnerre.

*

29 Est-ce par ton intelligence que l’épervier prend son essor et qu’il étend ses ailes vers le midi ?

30 Est-ce à ta parole* que l’aigle s’élève et qu’il bâtit haut son aire ?

31 Il demeure dans les rochers et y fait son habitation, sur la dent du rocher et sur les hautes cimes.

32 De là il épie sa nourriture, ses yeux regardent dans le lointain.

33 Ses petits sucent le sang, et là où sont les tués, là il est.

— v. 30 : litt. : bouche.

*

34 Et l’Éternel répondit à Job et dit :

35 Celui qui conteste avec le Tout-puissant l’instruira-t-il ? Celui qui reprend Dieu, qu’il réponde à cela !

*

36 Et Job répondit à l’Éternel, et dit :

37 Voici, je suis une créature de rien, que te répliquerai-je ? Je mettrai ma main sur ma bouche.

38 J’ai parlé une fois, et je ne répondrai plus ; et deux fois, et je n’ajouterai rien.

*

Chapitre 40

1 Et l’Éternel répondit à Job du milieu du tourbillon et dit :

2 Ceins tes reins comme un homme ; je t’interrogerai, et tu m’instruiras !

3 Veux-tu donc anéantir mon jugement ? Me démontreras-tu inique afin de te justifier ?

4 As-tu un bras comme *Dieu et tonneras-tu de ta voix comme lui ?

5 Pare-toi, je te prie, de grandeur et de magnificence ; revêts-toi de majesté et de gloire !

6 Répands les fureurs de ta colère, et regarde tout ce qui* s’élève et abaisse-le ;

7 Regarde tout ce qui* s’élève [et] humilie-le, et écrase sur place les méchants ;

8 Cache-les ensemble dans la poussière, lie leurs faces dans un lieu caché :

9 Alors moi aussi je te célébrerai, parce que ta droite te sauve !

— v. 6, 7 : ou : quiconque.

*

10 Vois le béhémoth*, que j’ai fait avec toi : il mange l’herbe comme le bœuf.

11 Regarde donc : sa force est dans ses reins, et sa puissance dans les muscles de son ventre.

12 Il courbe sa queue comme un cèdre ; les nerfs de sa cuisse sont entrelacés ;

13 Ses os sont des tubes d’airain, ses membres sont des barres de fer !

14 Il est la première des voies de *Dieu : celui qui l’a fait lui a fourni son épée.

15 Car les montagnes lui apportent [sa] pâture, là où se jouent toutes les bêtes des champs.

16 Il se couche sous les lotus dans une retraite de roseaux et de marécages ;

17 Les lotus le couvrent de leur ombre, les saules de la rivière l’environnent.

18 Voici, que le fleuve déborde avec violence, il ne se précipite pas ; il est plein d’assurance si un Jourdain se jette contre sa gueule.

19 Le prendra-t-on en face ? Lui percera-t-on le nez dans une trappe ?

— v. 10 : peut-être : l’hippopotame.


*

20 Tireras-tu le léviathan* avec un hameçon, et avec une corde lui feras-tu y enfoncer sa langue** ?

21 Lui mettras-tu un jonc dans le nez, et lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet ?

22 Te fera-t-il beaucoup de supplications, ou te dira-t-il des choses douces ?

23 Fera-t-il une alliance avec toi ? Le prendras-tu comme serviteur à toujours ?

24 Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau, et l’attacheras-tu pour tes jeunes filles ?

25 Des associés* feront-ils trafic de lui ? Le partageront-ils entre des marchands ?

26 Rempliras-tu sa peau de dards, et sa tête de harpons à poissons ?

27 Mets ta main sur lui : souviens-toi de la bataille, — n’y reviens pas !

— v. 20* : probablement : le crocodile. — v. 20** : ou : et sa langue, avec une corde que tu plongeras. — v. 25 : c’est-à-dire les pêcheurs.

Chapitre 41

1 Voici, on est déçu dans son attente ; même à sa vue, n’est-on pas terrassé ? Nul n’est assez hardi pour le réveiller ; et qui est celui qui se présentera devant moi ?

2 Qui m’a prévenu, et je lui rendrai ? Tout ce qui est sous les cieux est à moi.

3 Je ne me tairai pas sur ses membres, sur ce qui concerne ses forces et sur la beauté de sa structure.

4 Qui a mis à découvert le dessus de son vêtement ? Qui pénétrera dans sa double mâchoire* ?

5 Qui ouvrira les portes de son museau ? Autour de ses dents est la terreur !

6 Il est magnifique par la force* de ses boucliers étroitement unis comme par un sceau,

7 L’un touche à l’autre, et le vent ne pénétrerait pas entre eux ;

8 L’un est attaché à l’autre, ils se tiennent et ne se séparent pas.

9 Ses éternuements font jaillir la lumière, et ses yeux sont comme les paupières de l’aurore.

10 Des flammes sortent de sa gueule ; des étincelles de feu s’en échappent ;

11 Une fumée sort de ses narines comme d’un pot qui bouillonne, comme d’une chaudière ardente ;

12 Son souffle allumerait des charbons, et une flamme sort de sa gueule.

13 Dans son cou loge la force, et la frayeur danse devant lui.

14 Les plis de sa chair adhèrent ensemble : coulés sur lui, ils ne bougent pas ;

15 Son cœur est dur* comme une pierre, dur* comme la meule inférieure.

16 Quand il se lève, les forts ont peur, ils s’enfuient saisis d’épouvante.

17 Quand on l’atteint de l’épée, elle n’a aucun effet, ni la lance, ni le dard, ni la cuirasse*.

18 Il estime le fer comme de la paille, l’airain comme du bois vermoulu.

19 La flèche* ne le met pas en fuite ; les pierres de fronde se changent pour lui en du chaume.

20 Il estime la massue comme du chaume, et il se rit du bruit du javelot.

21 Sous lui sont des tessons pointus ; il étend une herse sur la vase.

22 Il fait bouillonner l’eau profonde comme une marmite, il fait de la mer comme un pot d’onguent ;

23 Il fait briller après lui [son] sillage ; on prendrait l’abîme pour des cheveux gris.

24 Il n’a pas son semblable sur la terre : il a été fait pour être sans peur.

25 Il regarde tout ce qui est élevé ; il est roi sur tous les fiers animaux*.

— v. 4 : litt. : frein. — v. 6 : ou : les sillons. — v. 15 : litt. : coulé [comme du métal]. — v. 17 : selon quelques-uns : le harpon. — v. 19 : litt. : Le fils de l’arc. — v. 25 : litt. : les fils de l’orgueil.

*

Chapitre 42

1 Et Job répondit à l’Éternel et dit :

2 Je sais que tu peux tout, et qu’aucun dessein n’est trop difficile pour toi.

3 Qui est celui-ci qui, sans connaissance, voile le conseil ? J’ai donc parlé, et sans comprendre, de choses trop merveilleuses pour moi, que je ne connaissais pas.

4 Écoute, je te prie, et je parlerai ; je t’interrogerai, et toi, instruis-moi.

5 Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu :

6 C’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre.


*

7 Et il arriva, après que l’Éternel eut dit ces paroles à Job, que l’Éternel dit à Éliphaz, le Thémanite : Ma colère s’est enflammée contre toi et contre tes deux compagnons, car vous n’avez pas parlé de moi comme il convient, comme mon serviteur Job.

8 Et maintenant, prenez pour vous sept taureaux et sept béliers, et allez vers mon serviteur Job, et offrez un holocauste pour vous ; et mon serviteur Job priera pour vous : car, lui, je l’aurai pour agréable, afin que je n’agisse pas avec vous selon votre folie ; car vous n’avez pas parlé de moi comme il convient, comme mon serviteur Job.

9 Et Éliphaz le Thémanite, et Bildad le Shukhite, et Tsophar le Naamathite, allèrent et firent comme l’Éternel leur avait dit ; et l’Éternel eut Job pour agréable.


10 Et l’Éternel rétablit l’ancien état* de Job, quand il eut prié pour ses amis ; et l’Éternel donna à Job le double de tout ce qu’il avait eu.

11 Et tous ses frères, et toutes ses sœurs, et tous ceux qui l’avaient connu auparavant vinrent à lui, et mangèrent le pain avec lui dans sa maison ; et ils sympathisèrent avec lui et le consolèrent de tout le mal que l’Éternel avait fait venir sur lui, et lui donnèrent chacun un késita*, et chacun un anneau d’or.

— v. 10 : litt. : ramena la captivité. — v. 11 : morceau d’or ou d’argent, servant de monnaie.

12 Et l’Éternel bénit la fin de Job plus que son commencement : et il eut quatorze mille brebis, et six mille chameaux, et mille paires de bœufs, et mille ânesses ;

13 et il eut sept fils et trois filles ;

14 et il appela le nom de la première Jémima*, et le nom de la seconde Ketsia**, et le nom de la troisième Kéren-Happuc***.

15 Et, dans tout le pays, il ne se trouvait point de femmes belles comme les filles de Job ; et leur père leur donna un héritage parmi leurs frères.

— v. 14* : belle comme le jour. — v. 14** : casse. — v. 14*** : flacon de fard.

16 Et, après cela, Job vécut cent quarante ans, et il vit ses fils, et les fils de ses fils, quatre générations.

17 Et Job mourut vieux et rassasié de jours.